Arménie

la contestation ne faiblit pas malgré l'interpellation du principal opposant

  • Publié le 23 avril 2018 à 12:45
  • Actualisé le 23 avril 2018 à 12:51

La contestation antigouvernementale ne faiblissait pas lundi en Arménie, ex-république soviétique du Caucase, où des centaines de manifestants, dont de nombreux étudiants, ont défilé dans la capitale Erevan, malgré l'interpellation la veille du principal opposant, Nikol Pachinian.


Les protestations secouent l'Arménie pour le onzième jour consécutif, les manifestants exigeant la démission de l'ancien président Serge Sarkissian, accusé de s'accrocher au pouvoir après avoir été nommé Premier ministre avec des pouvoirs renforcés alors qu'il vient de passer dix ans à la tête de l'Etat. "Rejoignez-nous!", "Victoire!", scandaient lundi les jeunes présents dans le défilé, qui ont bloqué brièvement les routes, alors que les automobilistes klaxonnaient pour exprimer leur soutien aux protestataires, selon une journaliste de l'AFP.

"On ne peut pas nous intimider (...). Serge Sarkissian est un dirigeant qui a une mentalité soviétique. Et le monde aujourd'hui demande qu'on manifeste une approche tout à fait nouvelle face aux problèmes", a déclaré à l'AFP un manifestant, Karen Khatchatrian, étudiant de 23 ans. Le député et leader de l'opposition Nikol Pachinian a été interpellé dimanche pour "avoir violé de manière répétitive et grossière la loi sur les manifestations", au moment où il commettait "des actes dangereux pour la société", selon le Parquet général arménien.

Le parquet n'a toutefois pas précisé où se trouvait actuellement Nikol Pachinian qui bénéficie d'une immunité parlementaire et ne peut être arrêté qu'avec l'accord du Parlement. Selon la loi, les forces de l'ordre ont cependant le droit de le garder en détention pendant 72 heures au cas où il a été interpellé au moment de commettre un délit.

L'avocat de M. Pachinian, Roustam Badassian, a affirmé sur sa page Facebook qu'il n'arrivait pas à savoir où se trouvait son client: "Il n'y a pas de réponse à la question de savoir où il est". Le président du Parlement arménien, Ara Babloïan, a rencontré dans la nuit Nikol Pachinian et deux autres députés d'opposition interpellés avec lui pour les appeler à "participer à de vraies négociations", a indiqué à l'AFP son porte-parole, Arsen Babaïan, sans plus de précisions.

De son côté, le ministre de la Défense, Viguen Sarkissian, a appelé les manifestants et les autorités au "dialogue". "Je ne veux pas qu'un Arménien se batte contre un autre Arménien", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

- 'Ils se trompent' -

L'interpellation de M. Pachinian, 42 ans, a été suivie d'une grande manifestation de protestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes sur la place de la République, au centre de la capitale, où se trouve le siège du gouvernement et où d'importants effectifs de la police avaient été déployés. Cette première manifestation organisée en l'absence de M. Pachinian s'est terminée dans le calme dimanche soir. Les manifestants ont cependant réitéré leur volonté de poursuivre les rassemblements jusqu'à ce que Serge Sarkissian accepte leur demande de démissionner.

"S'ils pensent qu'ils nous feront peur en nous privant de Nikol, ils se trompent fortement", a assuré à l'AFP Hasmik Pogossian, étudiant de 20 ans, lors du défilé lundi à Erevan où les participants scandaient "Liberté à Nikol Pachinian!". Les manifestants reprochent aussi à M. Sarkissian, 63 ans, un ancien militaire, de n'avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l'économie du pays.

Dimanche, la police arménienne a annoncé avoir "évacué de force" Nikol Pachinian, lors d'une manifestation de l'opposition, dispersée à Erevan par les forces de l'ordre qui ont procédé à des centaines d'interpellations. Cette annonce est intervenue après l'échec d'une tentative de négociations entre M. Pachinian, ancien journaliste et opposant de longue date, et le Premier ministre Serge Sarkissian, réunis dimanche matin devant les caméras de télévision dans un grand hôtel de la capitale arménienne.

AFP

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