Toujours pas de gouvernement

Les populistes s'accordent de nouveau pour prendre le pouvoir en Italie

  • Publié le 31 mai 2018 à 22:33
  • Actualisé le 1 juin 2018 à 06:16

L'Italie s'acheminait jeudi soir vers la formation d'un gouvernement populiste sous la direction de Giuseppe Conte après un nouvel accord conclu entre Luigi Di Maio et Matteo Salvini, les chefs de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et de la Ligue (extrême droite).


Après leur échec de dimanche, les deux partis sont à nouveau aux portes du pouvoir, mais cette fois apparemment sans bras de fer à venir avec le président Sergio Mattarella pour appliquer le programme anti-austérité et sécuritaire sur lequel ils s'étaient accordés il y a près de deux semaines.

"Toutes les conditions sont réunies pour un gouvernement politique M5S/Ligue", ont annoncé Luigi di Maio et Matteo Salvini dans un communiqué transmis par le M5S après plusieurs heures de tractations.

Dans la foulée, le président Sergio Mattarella a convoqué Carlo Cottarelli, qui lui a officiellement remis sa charge de former un gouvernement d'experts pour préparer le pays à de nouvelles élections. Il avait entre-temps gelé la formation de son équipe pour laisser le temps aux nouvelles discussions des deux partis populistes majoritaires au Parlement.

Après le départ de M. Cottarelli, la présidence a annoncé la convocation de M. Conte pour 21H00 (19H00 GMT). Ce juriste de 53 ans, novice en politique choisi par MM. Di Maio et Salvini, qui a assuré encore jeudi matin son cours de droit privé à Florence, devrait être à nouveau chargé de former le gouvernement, huit jours après avoir reçu son premier mandat.
Il avait jeté l'éponge dimanche après le veto du président sur un ministre des Finances anti-euro.

- "Peut-être qu'on y est enfin" -

Paolo Savona, l'économiste de 81 ans qui faisait peur à l'Union européenne parce qu'il prône un "plan B" contre l'euro, qu'il considère comme une "prison allemande", devrait obtenir le portefeuille des Affaires européennes, selon les médias italiens.
Pour le ministère de l'Economie et des Finances, les deux alliés se seraient accordés sur Giovanni Tria, un professeur d'économie politique proche des idées de la Ligue en particulier sur la baisse radicale et la simplification des impôts, mais résolument en faveur du maintien de l'Italie dans l'euro.

Selon des sources à la présidence, la prestation de serment du nouveau gouvernement pourrait avoir lieu dès vendredi main. Les médias évoquent un discours de politique générale et un vote de confiance lundi et mardi dans les deux chambres du Parlement.
"Engagement, cohérence, écoute, travail, patience, bon sens, tête et coeur pour le bien des Italiens. Peut-être qu'on y est enfin, après tant d'obstacles, d'attaques, de menaces et de mensonges", s'est réjoui M. Salvini sur Facebook.

Même si le chef de gouvernement sortant, Paolo Gentiloni, est toujours en place, le temps presse: l'Italie aurait besoin d'un Premier ministre pour la parade militaire de samedi, jour de fête nationale, et pour le G7 de La Malbaie la semaine prochaine au Canada.
Dans ce climat d'extrême incertitude, les marchés financiers ont maintenu leurs gains de mercredi.

La Bourse de Milan a clôturé à l'équilibre, avec une baisse de 0,06% au lendemain d'une hausse de 2%, et le "spread", l'écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans qui avait franchi la barre des 300 points mardi, a continué à baisser pour atteindre 238 points.Les Italiens semblaient nettement moins sereins: selon un sondage réalisé mardi et mercredi par l'institut Demopolis, 54% des personnes interrogées se déclaraient "inquiètes" de la situation politique, 30% "en colère", 11% "déçues" et seulement 5% "confiantes".

En revanche, selon deux sondages diffusés mercredi par les médias italiens, entre 60 et 72% des Italiens souhaitent un maintien de l'Italie dans l'euro. M. Di Maio répète que le M5S ne souhaite pas une sortie de l'euro. La position de la Ligue est moins claire: M. Salvini n'envisage pas une sortie unilatérale mais considère l'euro comme un échec que l'UE devra abandonner tôt ou tard.

 AFP

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