Après une nuit d'émeutes

Appels au calme à Nantes après la mort d'un jeune tué par la police

  • Publié le 4 juillet 2018 à 14:44
  • Actualisé le 4 juillet 2018 à 14:50

Les autorités ont appelé au calme mercredi et condamné les violences qui ont secoué des quartiers de Nantes après la mort mardi soir d'un homme de 22 ans tué par balle lors d'un contrôle de police, dans des circonstances qui ulcéraient des habitants.

Carcasses de voitures incendiées, trottoirs jonchés de cendres, vitrines de magasins brisées, centre commercial à demi calciné... les quartiers du Breil, Dervallières et Malakoff, qui jouxtent le centre-ville de Nantes, se sont réveillés sonnés et leurs habitants indignés, après qu'un jeune originaire de Garges-lès-Gonesse (Val d'Oise) est mort touché par un tir de police dans la nuit.

Le contrôle de police s'est déroulé vers 20H30 dans le quartier du Breil. "Le conducteur n'avait pas de ceinture ni de pièce d'identité et a donné un faux nom", indique-t-on de source proche du dossier. "Les policiers s'aperçoivent que le véhicule est surveillé par la police (...) dans le cadre d'un trafic de stupéfiants. Le conducteur tente de prendre la fuite en reculant sur un fonctionnaire de police. Son collègue tire", explique-t-on de même source.

Le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès a déclaré à l'AFP qu'un mandat d'arrêt avait été délivré contre ce jeune homme en juin 2017 par un juge d'instruction de Créteil des chefs de "vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs". Touché à la carotide, il est décédé à l'hôpital vers 22H30. Le SRPJ de Nantes et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été saisis de l'enquête. Le policier qui a tiré "est en suivi psychologique", selon la préfète de Loire-Atlantique Nicole Klein.

Mercredi matin, devant le 68 rue des Plantes, où s'est déroulé le contrôle, le muret d'une maison a été complètement défoncé tandis que des restes de grenades tirées par les forces de l'ordre jonchaient le sol. Interrogés par l'AFP, les habitants remettaient fortement en question la version de la police. Selon une femme ne souhaitant pas être nommée qui a filmé la scène, en bas de chez elle, il n'y avait "pas de CRS derrière la voiture, il n'a écrasé personne. Il y a eu un seul coup de feu". Une autre assure qu'il "était à l'arrêt" et "a donné ses papiers".

- "Inadmissible" -

"Dans tous les quartiers de France, c'est comme ça. La facilité pour la police, c'est tirer. C'est inadmissible", lâche une habitante, les larmes aux yeux, tirant une poussette. "Pourquoi ils n'ont pas tiré dans les roues ou dans le pied? Pourquoi à la tête ?", crie de son côté une autre femme pour qui les jeunes "ne vont pas rester tranquilles". Selon un autre habitant, Djamel, le jeune résidait chez son oncle et sa tante, tout près du lieu du coup de feu tiré.

Aussitôt après les faits, au Breil, les policiers ont essuyé des tirs de projectiles et de cocktails Molotov. Au total, une trentaine de voitures incendiées, ainsi que huit locaux et bâtiments, dont la mairie annexe des Dervallières et deux centres commerciaux, selon la préfecture. Le calme est revenu vers 3H00.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" ces violences en ajoutant qu'"il appartient à la justice, et à la justice seule, de faire toute la lumière sur les circonstances" du décès du jeune homme.

"J'appelle absolument au calme", a déclaré de son côté la ministre de la Justice Nicole Belloubet. La préfète de Loire-Atlantique a également lancé un appel au calme et précisé à l'AFP qu'un dispositif "conséquent" de forces de l'ordre était "mis en place 24H/24H". Lors de la présentation de son rapport 2017, l'IGPN avait la semaine dernière mis en lumière une plus grande utilisation de certaines armes par les policiers, comme le pistolet automatique, avançant pour la première fois le chiffre des personnes tuées ou blessées lors d'interventions policières, avec 14 tués recensés depuis juillet 2017.

Selon la cheffe de l'IGPN Marie-France Monéger-Guyomarc'h, cette augmentation des usages d'arme trouve son origine dans l'augmentation "préoccupante" du nombre de conducteurs refusant les contrôles, et non dans un assouplissement des règles encadrant la légitime défense.

AFP

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