Japon

L'ex-gourou de la secte Aum, condamné à mort pour l'attaque au gaz sarin, a été exécuté

  • Publié le 6 juillet 2018 à 05:28
  • Actualisé le 6 juillet 2018 à 06:17

L'ex-gourou de la secte Aum, Shoko Asahara, condamné à mort pour sa responsabilité dans l'attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo en mars 1995, a été exécuté vendredi matin, a annoncé le porte-parole du gouvernement.

Plusieurs autres membres ont aussi été pendus vendredi matin ou vont l'être, selon les médias japonais. Le ministère de la Justice n'a pas immédiatement confirmé ces informations sur d'autres exécutions données par les télévisions et agences de presse nippones.

C'est la première fois qu'est annoncée l'exécution d'un ou plusieurs ex-membres de la secte Aum Vérité Suprême. La probabilité d'exécution des ex-membres de la secte Aum condamnés s'était renforcée ces derniers temps avec le déplacement de plusieurs d'entre eux. Shoko Asahara (de son vrai nom Chizuo Matsumoto) avait vu sa sentence de peine capitale confirmée il y a des années et attendait depuis dans les couloirs de la mort à l'instar de 12 complices impliqués dans cet attentat au sarin qui avait tué 13 personnes et causé des maux divers, parfois irréversibles, à 6.300 autres.

Quelque 190 autres membres de la secte avaient également été condamnés à diverses sentences dans cet attentat, le pire qu'ait connu le Japon.

Le 20 mars 1995, selon un procédé très réfléchi, plusieurs membres de l'organisation occulte Aum Vérité suprême, créée par Shoko Asahara, répandaient du gaz sarin dans des rames de métro convergeant vers le coeur administratif de la capitale. Ils avaient déposé des sacs en plastique emplis de gaz sarin dans cinq rames du métro de Tokyo. Percés par des pointes de parapluie, les sacs ont libéré le poison.

- 23 ans d'attentes -

Nul ne comprit immédiatement ce qui se passait à cette heure matinale, en pleine période de pointe, alors que de nombreux passagers sortaient suffoquant, sans plus rien voir, de diverses bouches de métro des lignes visées. Quelque temps auparavant, lors d'une sorte de répétition des effets de ce gaz, sept personnes avaient été tuées dans la ville centrale de Matsumoto, dans le centre du pays, et 600 autres avaient souffert de maux divers, parfois définitifs.
En décembre 1999, la secte Aum a reconnu pour la première fois officiellement sa responsabilité dans l'attentat contre le métro de Tokyo et celui de Matsumoto. Elle a alors présenté ses excuses.

La première peine capitale pour l'attentat de 1995 a été prononcée en septembre 1999.

Vendredi, des membres des familles des victimes ont réagi: "Il a fallu 23 ans depuis l'attentat pour que cette sanction soit exécutée, malheureusement, les parents de mon mari, tué dans l'attentat, sont décédés avant", a déploré pour la chaîne publique NHK Shizue Takahashi, l'épouse d'un employé de gare mort dans l'attentat et présidente d'une association de victimes.

La loi japonaise précise que les condamnés à la peine capitale doivent être exécutés dans les six mois suivant la confirmation de leur sentence, mais dans la pratique ils restent souvent des années dans les couloirs de la mort.

La secte était parvenue à fabriquer dans un laboratoire d'importantes quantités de gaz sarin, un produit mortel créé par des scientifiques sous le régime nazi en Allemagne à la fin des années 1930. Avant l'attentat du métro de Tokyo, qui a profondément choqué le pays et y a laissé des séquelles, le Japon avait regardé avec une fascination mêlée d'angoisse germer et grandir Aum dans les années 1980 et 1990. La secte attira jusqu'à 10.000 fidèles.

Le chef mystique Asahara allait alors d'émissions de télévision en podiums de campagne électorale pour capter l'attention des citoyens, parmi lesquels de jeunes scientifiques de haut vol, des médecins, des avocats et autres individus appartenant à l'élite.

AFP

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