Il va être rejugé

L'islamiste algérien Djamel Beghal, renvoyé dans son pays natal

  • Publié le 17 juillet 2018 à 00:48
  • Actualisé le 17 juillet 2018 à 06:27

L'islamiste algérien Djamel Beghal, considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, a été expulsé lundi vers son pays natal à sa sortie d'une prison française.

Remis à son arrivée à Alger "par les autorités françaises aux autorités algériennes", il va être être rejugé par la justice algérienne qui l'a condamné par contumace en 2003 à 20 ans de prison pour "appartenance à un groupe terroriste", a annoncé lundi soir l'agence de presse d'Etat algérienne APS, citant une "source proche du dossier".

Son avocat français, Me Bérenger Tourné, avait récemment affirmé que son client n'avait jamais été condamné en Algérie. Libéré lundi à l'aube de sa prison française et pris en charge par la police aux frontières, cet Algérien de 52 ans, déchu de la nationalité française, a ensuite décollé peu après 10H30 (08H30 GMT) de l'aéroport parisien de Roissy en direction d'Alger, à environ deux heures de vol.

Dans le viseur des autorités françaises depuis le milieu des années 1990, Djamel Beghal a été déclaré expulsable en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. A Vezin-le-Coquet, en Bretagne (ouest), il terminait de purger sa seconde peine de dix ans de prison pour un projet d'évasion en 2010 de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l'attentat à la station RER Musée d'Orsay en 1995 à Paris.

Un avocat algérien ayant eu à traiter d'affaires similaires, a indiqué sous le couvert de l'anonymat à l'AFP qu'il était probable que Djamel Beghal ait, à son arrivée à Alger, placé en garde-à-vue, pour une durée initiale de 48 heures reconductible jusqu'à 12 jours en matière de terrorisme en Algérie.

Les autorités françaises, qui souhaitaient le voir retourner en Algérie, discutaient depuis plusieurs semaines avec Alger des conditions de son retour dans son pays natal qu'il avait quitté à l'âge de 21 ans pour venir en France.

"Solution adéquate"

Beghal était lui-même favorable à cette option. "Il y a 10 ans, nous avions bloqué son expulsion vers l'Algérie en raison du risque de torture encouru. Le climat lui apparaît désormais plus apaisé", a expliqué à l'AFP Me Bérenger Tourné. En juin 2017, il avait lui même déposé une demande de "libération conditionnelle-expulsion" vers l'Algérie, rejetée par la justice française en raison de doutes sur son "algérianité".

Cette fois, Djamel Beghal tenait surtout à ne pas se retrouver à nouveau assigné à résidence, ce qui revenait pour lui "à rester privé de liberté d'aller et venir", avait expliqué Me Bérenger Tourné. Mais son avocat avait aussi affirmé vendredi "qu'aucune condamnation, par défaut ou contumace ou autre, n'a jamais été signifiée à M. Beghal à ce jour".

Or l'APS affirme lundi soir que les autorités judiciaires algérienne ont informé leurs homologues françaises des faits pour lesquels Djamel Beghal a été condamné en Algérie, tentant en vain de le faire extrader de France, puis demandant à ce qu'il soit jugé pour ces faits sur le territoire français, conformément aux accords judiciaires entre les deux pays.

Une demande "restée sans suite de la part des autorités judiciaires françaises", a affirmé la source citée par l'APS. Djamel Beghal aura effectué au total près de 17 ans de détention dans les prisons françaises. Il est devenu une référence pour trois générations d'apprentis jihadistes. Condamné en 2005, il avait reconnu, avant de se rétracter en expliquant avoir été torturé par les enquêteurs émiratis, avoir été mandaté par un proche de Ben Laden pour préparer un attentat contre l'ambassade et un centre culturel américains.

C'est à la prison de Fleury-Mérogis, dans la banlieue parisienne, qu'il a fait la connaissance des futurs auteurs des tueries de janvier 2015 à Charlie Hebdo et au magasin Hyper Cacher. Selon les enquêteurs, il devient alors leur "mentor", respecté pour sa "science religieuse".

Libéré en 2009, il avait été assigné à résidence dans le Cantal (centre), en attendant une possible expulsion - à laquelle s'oppose alors la Cour européenne des droits de l'Homme. Des photos le montrent au côté d'Amédy Coulibaly, venu lui rendre visite. Il avait à nouveau été arrêté en 2010 et a passé au total une dizaine d'années à l'isolement.

- © 2018 AFP

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