Il revient

Michaël Blanc attendu à Paris après 19 ans en Indonésie pour trafic de drogue

  • Publié le 22 juillet 2018 à 07:11
  • Actualisé le 22 juillet 2018 à 07:44

Le Français Michaël Blanc est attendu dimanche matin à Paris après avoir perdu près de la moitié de sa vie pour une affaire de trafic de haschisch en Indonésie, géant d'Asie du Sud-Est aux lois antidrogues parmi les plus restrictives au monde.

Après 19 ans de prison ou sous contrôle judiciaire dans ce pays prisé des touristes, Michaël Blanc est arrivé samedi à l'aéroport Soekarno-Hatta de Jakarta escorté par des agents de l'immigration. Il s'est envolé ensuite sur un vol de la Turkish Airlines, accompagné par sa mère, Hélène Le Touzey, qui a oeuvré sans relâche pour sa libération.

Ils doivent arriver dimanche vers 11H00 à l'aéroport de Roissy, selon une source aéroportuaire. Arrêté en décembre 1999 à l'aéroport de l'île enchanteresse de Bali, Michaël Blanc a vu sa vie basculer brutalement. Agé de 26 ans, le cuisinier originaire de Haute-Savoie est arrêté avec 3,8 kilos de haschisch dissimulés dans des bouteilles de plongée. Il plaide en vain qu'un ami les lui avait confiées pour les transporter.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il a bénéficié d'une grâce présidentielle partielle en 2009 et vu sa peine commuée en 20 ans de prison. Après avoir obtenu une libération conditionnelle, il est sorti de prison en 2014 mais sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter l'Indonésie avant le 21 juillet.

Aujourd'hui de 45 ans, le Français a été expulsé du pays comme le prévoit la législation indonésienne pour tous les étrangers une fois qu'ils ont purgé leur peine.
La lourdeur de la condamnation du Français dans un pays parmi les plus répressifs du monde contre le trafic de drogue avait été vivement critiquée en France. La médiatisation de sa situation a déclenché une importante mobilisation dans le pays, avec des pétitions signées par des personnalités et de nombreux anonymes.

Mais c'est à sa mère, qui a tout abandonné --emploi, famille, pays-- dès l'an 2000 pour venir à son secours, que Michaël Blanc doit son salut. Hélène Le Touzey s'est beaucoup impliquée, d'abord pour lui obtenir une réduction de peine, et ensuite pour le faire libérer.
"Si je n'avais pas été là, il ne serait plus là. Un moment, il m'avait demandé de partir pour pouvoir en finir avec la vie. Il me disait que je n'arriverai jamais à avoir sa libération", avait-elle confié à la sortie de prison de son fils, en 2014.

- "Midnight Express" -

Dès le début de l'affaire, l'animateur de télévision français Thierry Ardisson avait pris la défense du détenu pendant ses émissions, allant jusqu'à organiser un "Michaëlthon" -- vente aux enchères d'objets de célébrités -- pour financer son comité de soutien. Impatient de rencontrer M. Blanc dès son retour en France, M. Ardisson a déclaré à l'AFP qu'il s'agissait d'un "héros moderne à la +Midnight Express+", une référence au film d'Alan Parker sur un Américain détenu en Turquie pour trafic de drogue.

L'animateur a dit qu'il allait inviter M. Blanc dans son émission, qui reprendra en septembre sur la chaîne C8. La famille du Français se réjouit de le voir revenir enfin au pays: "Nous sommes extrêmement heureux de le savoir aujourd'hui libre de tout contrôle judiciaire, nous l'attendons avec beaucoup d'émotions", a déclaré Alfredo Descalzi, oncle de Michaël Blanc et secrétaire de son association de soutien, à la chaîne CNews.

"Ça fait un mois qu'il est en France dans son esprit. Il souhaitait avec beaucoup de force rentrer dans son pays", a-t-il ajouté.

A l'heure où de plus en plus de législations à travers le monde autorisent la vente et la consommation de cannabis, deux autres Français purgent de longues peines pour trafic de drogue en Indonésie: Gérard Debetz, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2011, et Serge Atlaoui qui s'est vu infliger la peine de mort en 2007.
Et des dizaines d'autres condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue, parmi lesquels de nombreux étrangers, sont dans le couloir de la mort. Il n'y a eu toutefois aucune exécution depuis deux ans.

- © 2018 AFP

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