Grèce

Incendies : le bilan s'alourdit, les recherches continuent

  • Publié le 25 juillet 2018 à 13:55
  • Actualisé le 25 juillet 2018 à 14:19

Les pompiers poursuivent mercredi les opérations de recherches à Mati, à l'est d'Athènes, après l'incendie qui a fait des dizaines de morts, le plus meurtrier en Grèce ces dernières années, tandis que des critiques montent sur la gestion de cette crise par les autorités.

Cinq nouveaux corps ont été découverts dans la nuit de mardi à mercredi, tandis que 71 personnes restaient hospitalisées, a annoncé mercredi matin la porte-parole des pompiers Stavroula Maliri.
"Nous avons reçu de nombreux appels signalant des personnes portées disparues", a-t-elle souligné, sans exclure que, vu l'état des corps, "des disparus figurent parmi les 79 victimes découvertes". "Les recherches continuent mercredi à Mati, Voutzas et (dans le faubourg de Kokkino Limanaki) à Rafina", a-t-elle ajouté.
La mairie de Rafina craint que le nombre des victimes puisse atteindre une centaine, beaucoup plus que les derniers feux meurtriers dans le Péloponnèse (sud) et en Eubée (est) en 2007, qui avaient fait 77 morts.

Climat lourd

L'incendie a pris lundi après-midi sur le mont Penteli, puis a été attisé par des vents de 100 km/heure, les flammes se sont alors propagées en moins d'une heure aux habitations, dont beaucoup de résidences secondaires.
Certains ont été brûlés vifs dans leurs voitures en tentant de fuir, d'autant qu'un embouteillage de dizaines de véhicules s'était formé sur la petite route côtière, d'autres ont cherché à gagner la mer mais ont été arrêtés par la falaise qui borde les lieux à certains endroits et pas à d'autres. Les plus chanceux ont réussi à se mettre à l'abri dans la mer, comme Andréas Matsios, qui loue à des touristes le premier étage de sa maison de Mati, désormais carbonisée.

"En 40 ans ici (...) nous avons vu de nombreux feux sur Penteli tous les ans, mais nous n'avons jamais imaginé qu'ils descendraient jusqu'à Mati", poursuit cet homme.
"La saison touristique est terminée, comment peut-on réparer tous ces dégâts? Heureusement nous sommes vivants", assène Mahi Kourassi, 45 ans, qui loue également des appartements à Mati.

Mais dans ce climat extrêmement lourd, une polémique sur la gestion de cette catastrophe commence à émerger. Le gouvernement, outre qu'il a déclaré un deuil de trois jours, avec mise en berne des drapeaux, a rapidement assuré que toutes les familles seraient indemnisées, qu'il prendrait en charge les obsèques, et exonérerait les rescapés de la taxe foncière et du paiement de l'électricité pour 2018.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a souligné à quel point le phénomène était "extrême", tandis que son porte-parole Dimitris Tzanakopoulos mettait l'accent sur la simultanéité dans cette affaire de "15 départs de feu sur trois fronts différents" en Attique.

Titrant "le pays est nu", le grand quotidien d'opposition Ta Nea critiquait néanmoins "l'incapacité (?) et l'échec du gouvernement à protéger ses citoyens à quelques kms d'Athènes" et appelait à rechercher des responsabilités.

Le site internet BankingNews dénonçait aussi "un mécanisme gouvernemental inexistant, à la fois au niveau de la coordination et de l'action pour échapper le drame".
"On n'a pas eu le temps" de mettre en marche le plan d'évacuation, à cause de la vitesse du vente, a plaidé cependant un haut responsable de la Protection civile auprès du quotidien Kathimerini.

Mais le deuil restait principalement de rigueur, avec plusieurs journaux affichant des unes noires mercredi, avec des titres comme "Armageddon" (Ethnos), "Deuil, angoisse, solidarité" (Journal des rédacteurs).

"Changement climatique"

Le spectacle macabre de 26 personnes carbonisées et découvertes enlacées par groupes dans un terrain près de la falaise a notamment fortement choqué le pays et ailleurs.
"La Grèce est en deuil et l'Europe aussi", a déclaré le commissaire européen Chrístos Stylianídes, responsable de l'aide humanitaire, qui s'est rendu en Grèce mardi soir et s'est entretenu avec le ministre adjoint de la Protection civile, Nikos Toskas.
Il a assuré de "la solidarité européenne" à la Grèce, qui a activé le mécanisme européen de protection civile et s'est vu offrir de l'aide, surtout en moyens aériens par l'Espagne, la France, Israël, la Bulgarie, la Turquie, l'Italie, la Macédoine et le Portugal.
Le commissaire a déploré "la vague de feux en Europe actuellement, également en Suède" dont les raisons, selon lui, ont trait au "changement climatique".
Par ailleurs, à Kineta, à 50 km dans l'ouest d'Athènes, un feu de forêt sur les hauteurs du mont Gerania, continuait de brûler pour la troisième journée consécutive sans menacer encore les habitations, mais certains quartiers ont été évacués par précaution, selon les pompiers.
 

AFP

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