Verbalisation

Routes à 80 km/h: deux fois plus de véhicules flashés en juillet

  • Publié le 31 juillet 2018 à 23:06
  • Actualisé le 31 juillet 2018 à 23:25

Le nombre d'automobilistes flashés sur les routes où la vitesse a été abaissée à 80 km/h a doublé en un an, au risque de raviver les critiques contre cette mesure gouvernementale entrée en vigueur il y a tout juste un mois.

Au total, plus de 500.000 véhicules ont été flashés sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central (muret, glissière) concernées par cette réglementation entrée en vigueur le 1er juillet, soit 251.893 de plus par rapport à juillet 2017, a indiqué le délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel Barbe à l'AFP, confirmant une information d'Europe 1.

"On peut sans beaucoup d'hésitation attribuer cette hausse au passage au 80 km/h" qui concerne 40% du réseau routier français, a-t-il poursuivi, précisant toutefois que seuls 62% des flashs avaient généré une contravention.

Dans le détail, a-t-il expliqué, le nombre de véhicules immatriculés à l'étranger ayant été flashés a été multiplié de juillet 2017 à juillet 2018 par 2,4, contre seulement 2 pour les véhicules avec une plaque française. "Changer les habitudes en voiture, c'est très long", a résumé Emmanuel Barbe.
Mais ces chiffres pourraient attiser la colère des opposants aux 80 km/h, qui se sont mobilisés depuis l'annonce de cette mesure en janvier et ont reçu l'appui d'élus de tous bords.

"On continue à se demander si le gouvernement a pris cette mesure pour faire baisser le nombre de morts ou pour augmenter les recettes des radars", a déclaré à l'AFP Valérie Louyot, coordinatrice du secrétariat national de la Fédération des motards en colère. "Même si ça ne donne pas lieu à une amende, ça reste de la répression et pas de la formation".

Au cours des récentes semaines, plusieurs recours et pétitions ont été lancés, sans toutefois faire plier le gouvernement. La semaine dernière, le juge des référés du Conseil d'Etat a rejeté la suspension du décret instaurant les 80 km/h, réclamée par une cinquantaine de députés, au motif que les conditions d'urgence n'étaient pas établies.

- "Problème de communication" -

Favorable à cette mesure, la présidente de la Ligue contre la violence routière Chantal Perrichon déplore toutefois cette forte hausse du nombre de véhicules flashés qu'elle attribue à "un problème de communication" au sein du gouvernement. A l'initiative de cette mesure, le Premier ministre Edouard Philippe a ainsi dû faire face aux réserves du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui avait sorti son "joker" pour refuser de dire s'il y était ou non favorable.

"Il y a un problème de communication avec le ministère de l'Intérieur (...), un ministre qui n'est pas très chaud pour le 80", a résumé Mme Perrichon sur Europe 1. "On se retrouve avec une communication où il était dit qu'il y aurait dans les premiers mois de la pédagogie, de la formation, de la sensibilisation sauf qu'à ma connaissance le radar ne fait pas dans la pédagogie", a-t-elle admis.

Selon le gouvernement, baisser la vitesse de 10 km/h permettra de sauver jusqu'à 400 vies par an, et ainsi d'inverser durablement la courbe de la mortalité routière qui, après avoir atteint un plus bas historique en 2013, avait connu un inquiétant rebond entre 2014 et 2016.
"L'objectif, ça n'est pas d'emmerder le monde. L'objectif, c'est de faire en sorte qu'il y ait moins de morts et moins de blessés graves", avait expliqué le Premier ministre avant le passage au 80 km/h.

L'an dernier, les accidents de la route ont fait 3.684 morts et 76.840 blessés en France. La France fait désormais partie des pays européens où les limitations de vitesse sur ce type de voie sont les plus strictes.

AFP

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