En développant sa production

Le Kenya veut profiter de la mode de l'avocat en Europe

  • Publié le 18 août 2018 à 13:00
  • Actualisé le 18 août 2018 à 13:13

Toasts à la mode, les tartines d'avocat font fureur parmi les jeunes Européens, prêts à débourser une dizaine d'euros pour en croquer.

Le Kenya compte bien surfer sur cette tendance en développant sa production d'avocats.Dans la terre ocre de leurs champs, de plus en plus d'agriculteurs kényans plantent désormais des avocatiers, quitte à délaisser les cultures traditionnelles du café ou du thé. Car la demande venue d'Europe est forte.

"Récemment, quand le marché des avocats a bondi, nous avons pensé qu'il était plus intéressant de planter des avocatiers. C'est ainsi que j'ai commencé", explique Simon Kimani, en montrant du doigt les premiers arbres qu'il a plantés il y a moins de dix ans. Il possède aujourd'hui deux hectares de ces arbres fruitiers.

Les toasts d'avocat ont fleuri sur de nombreuses cartes de restaurants européens. Laura Hannoun, qui tient un blog où elle a répertorié les dix meilleures adresses où déguster cette fameuse tartine verte à Paris, peut dépenser jusqu'à 14 euros pour ce mets. "Le juste prix est entre 10 et 11 euros", précise doctement la jeune femme de 25 ans.

Au Kenya, la production d'avocats est organisée en petites exploitations. Les paysans revendent ensuite leurs récoltes à des entreprises d'export.

A l'aide d'une échelle en bois, Simon Kimani, 73 ans, et ses deux jeunes employés récoltent à la machette les avocats encore verts. Les fruits arriveront à maturité pendant leur long trajet jusqu'en Europe.Simon fait partie d'un groupe d'agriculteurs qui vend ses avocats à la Fair Trade Company Limited.

Depuis son embauche dans cette entreprise en 2015, Bernard Kimutai a observé une forte hausse de la production d'avocats Hass, une variété très prisée en Europe. "En 2016, nous avons exporté 20 tonnes d'avocats et en 2017, 40 tonnes", explique le directeur des productions de cette entreprise.

- "Plus d'argent, moins de travail" -

Chaque année, Simon Kimani récolte jusqu'à sept tonnes de ce fruit à la mode, revendues 50 shillings le kilo (43 centimes) - ce qui correspond à environ quatre avocats - à la Fair Trade Company Limited, qui les exporte ensuite principalement vers l'Espagne et les Pays-Bas.Sur les étals des supermarchés européens, les avocats kényans, vendus autour d'un euro pièce, côtoient ceux du Mexique, d'Israël ou du Chili.

"100% des avocats sont destinés à l'export. Nous essayons d'améliorer la qualité pour que 90% de la production des agriculteurs soient exportables, les 10% restant sont destinés aux producteurs d'huile", explique Bernard Kimutai, qui projette d'ouvrir une usine de fabrication d'huile d'avocat.

La culture des avocatiers est particulièrement adaptée au climat kényan - deux saisons des pluies et un ensoleillement régulier - notamment autour de Thika, au nord de Nairobi, où se situe la plantation de Simon Kimani.

Dans son verger en terrasses, les avocatiers côtoient, sans ordre précis, des bananiers et des plants de café, un mélange de cultures qui rend le sol plus fertile."Avec le café, il y a beaucoup de travail de récolte et de préparation mais avec les avocats, c'est plus simple, c'est plus d'argent et moins de travail", se réjouit-il.

Il a acheté ses plants dans une coopérative gouvernementale avant de les greffer et de les planter sur son terrain. Deux ans et demi après, il récoltait ses premiers avocats, deux fois par an.

Le gouvernement kényan encourage les agriculteurs à produire ces fruits: le ministère de l'Agriculture et le Kephis (Kenya Plant Health Inspectorate Service) ont mis en place des cours à disposition des petits exploitants pour améliorer leurs connaissances sur la culture de l'avocat."Nous encourageons aussi les jeunes qui n'ont pas de travail", précise Esther Kimani, directrice du Kephis qui certifie les graines d'avocats.

- Le facteur santé -

Le gouvernement kényan estime que le marché de l'avocat est très porteur et pourrait bénéficier à de nombreux jeunes entrepreneurs. Le Kenya est le sixième exportateur mondial d'avocats, avec 3% du marché (63.000 tonnes en 2017 contre 15.000 tonnes en 2015), et le premier d'Afrique.

La demande augmente "notamment dans les pays riches où la santé est un facteur important", relève Bernard Kimutai, qui se félicite d'avoir ainsi des commandes pendant toute la saison et souligne que les avocats kényans sont "produits sans substances chimiques".
Réputé pour être un fruit très sain pour l'organisme, l'avocat contient beaucoup de vitamines, de fibres et d'oligo-éléments et figure à ce titre en bonne place dans nombre de régimes alimentaires en Europe.

Sur du pain grillé, accompagné d'un oeuf poché ou même de grenade, Laura Hannoun consomme cette tartine d'avocat au moins une fois par semaine. "J'y trouve mon compte en terme de gourmandise tout en ayant quelque chose de plus sain que des pancakes ou des burgers", résume-t-elle.

AFP

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