Compagnie aérienne

Ryanair proche d'une sortie de crise avec ses pilotes irlandais

  • Publié le 23 août 2018 à 17:08
  • Actualisé le 23 août 2018 à 17:14

Ryanair et le syndicat de ses pilotes irlandais ont conclu un accord pour mettre fin à un conflit qui a entraîné des grèves en Irlande et la compagnie espère poursuivre sur cette lancée ailleurs en Europe.

La compagnie aérienne irlandaise et le syndicat Forsa ont annoncé chacun de leur côté être parvenus à un compromis jeudi matin, à l'issue d'une réunion marathon de 22 heures. Les pilotes irlandais réclamaient notamment un meilleur système de promotion et de congés annuels ainsi qu'une voix au chapitre quant à leur poste d'affectation. Ils ont fait grève pendant cinq jours cet été à ce sujet.

Ryanair a été confrontée le 10 août à sa première grève paneuropéenne de pilotes, avec des arrêts de travail non seulement en Irlande, mais aussi en Allemagne, en Belgique, en Suède et aux Pays-Bas, qui avaient entraîné 400 annulations de vols.

L'accord conclu jeudi avec le syndicat irlandais ne mettra pas fin à l'ensemble de ces conflits: hors d'Irlande, les représentants du personnel demandent surtout que chaque employé de Ryanair dispose d'un contrat de travail stable basé sur la loi de son pays de résidence.

Les pilotes irlandais de Ryanair doivent en outre se prononcer sur cet accord négocié par leur syndicat lors d'une consultation qui pourrait prendre environ deux semaines. S'ils l'entérinent, il s'agirait d'une victoire symbolique pour la direction de Ryanair qui montrerait ainsi sa capacité à s'entendre avec ses employés dans son pays d'origine.

Le conflit avec les pilotes irlandais s'était envenimé ces dernières semaines, au point que Ryanair avait annoncé le 25 juillet une réduction de 20% de sa flotte à Dublin cet hiver, une décision qui, si elle est mise en pratique, menacerait 300 emplois en Irlande.
Les discussions étant dans l'impasse, un médiateur avait été désigné début août pour fluidifier les négociations. Le contenu de l'accord n'a pas été publié dans l'immédiat.

L'action Ryanair s'envolait de 7,15% à 14,09 euros vers 12H40 GMT à la Bourse de Dublin après cette annonce.

- Eclatement des tensions -

"Cela pourrait mettre un terme aux perturbations, après cinq grèves d'une journée depuis le début du mois de juillet" en Irlande, a expliqué Neil Wilson, analyste chez Markets.com. "Cet accord laisse penser que la direction pourrait parvenir à régler les conflits ailleurs en Europe", a-t-il jugé. Aucun accord n'a toutefois été annoncé jusqu'à présent dans les quatre autres pays où des pilotes s'étaient mis en grève le 10 août.

En revanche, aucune grève n'a eu lieu au Royaume-Uni, important pays d'opération pour Ryanair où la compagnie a signé fin janvier sa première reconnaissance formelle d'un syndicat de pilotes, le Balpa. Elle a d'ailleurs annoncé jeudi qu'elle allait investir 200 millions de dollars pour renforcer sa présence à l'aéoport de Luton (nord de Londres).

La grogne chez Ryanair avait déjà conduit à un premier mouvement européen, fin juillet, lorsque le personnel de cabine en Espagne, en Italie, au Portugal et en Belgique avait fait grève. Quelque 600 vols avaient été annulés, touchant 100.000 passagers.

D'une manière générale, les syndicats reprochent à la compagnie sa politique d'emploi, le recours à des contrats précaires et au dumping social. L'entreprise rejette ces accusations, affirmant mieux payer ses pilotes que ses concurrents, ce que ces salariés démentent.

Née dans les années 1980, la compagnie à bas coût est devenue le transporteur de passagers numéro un en Europe.

Un mécontentement croissant s'est toutefois manifesté parmi son personnel, lassé par l'emploi d'un grand nombre d'entre eux via des structures d'auto-entrepreneurs de droit irlandais, au lieu d'un contrat direct attaché au pays de résidence.

Ces tensions ont éclaté au grand jour en septembre 2017 lorsqu'un problème de planning des pilotes a conduit l'annulation de milliers de vols. Cette crise a forcé Ryanair à engager des discussions en vue de reconnaître formellement des syndicats, ce que la compagnie avait toujours refusé auparavant.
AFP

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