Présidentielle au Zimbabwe

Emmerson Mnangagwa investi

  • Publié le 26 août 2018 à 14:55
  • Actualisé le 26 août 2018 à 15:18

Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a officiellement prêté serment dimanche après plusieurs semaines de vive controverse sur les conditions de son élection le 30 juillet, dénoncées comme frauduleuses par l'opposition.

"Moi, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, jure qu'en tant que président de la République du Zimbabwe, je serai fidèle au Zimbabwe et défendrai la Constitution du Zimbabwe", a déclaré M. Mnangagwa lors de la cérémonie d'investiture. "Je protègerai et promouvrai les droits des Zimbabwéens, avec l'aide de Dieu", a-t-il ajouté, le buste ceint d'une écharpe verte, devant des milliers de partisans et de nombreux chefs d'Etat africains réunis dans un stade de Harare. Sa prestation de serment a été acclamée par un tonnerre d'applaudissements.


Emmerson Mnangagwa, 75 ans, a pris la tête du Zimbabwe en novembre dernier après la démission de Robert Mugabe, lâché par l'armée et son parti au pouvoir, la Zanu-PF, au terme d'un règne autoritaire de trente-sept ans. Candidat de la Zanu-PF, l'ancien vice-président a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 30 juillet, crédité de 50,8% des suffrages contre 44,3% à son rival du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa. Arguant de nombreuses fraudes, le MDC a contesté ces résultats devant la Cour constitutionnelle.
Mais la plus haute instance judiciaire du pays a validé finalement le scrutin vendredi, estimant que l'opposition n'avait pas fait la preuve de ces irrégularités. Lors d'une déclaration à la télévision nationale deux heures après le verdict des neuf "sages", M. Mnangagwa avait appelé ses rivaux à tourner la page des élections et à oeuvrer ensemble pour remettre sur les rails l'économie ruinée du pays. "Laissons désormais derrière nous nos différences", a-t-il déclaré, "il est temps de construire notre nation et d'avancer ensemble".

L'homme qu'il faut

"Notre pays va maintenant se développer avec le président Mnangagwa à sa tête", s'est réjoui dimanche un de ses partisans, Blessing Muvirimi, venu assister à sa prestation de serment. "Mnangagwa est l'homme qu'il nous faut pour mener le Zimbabwe à la prospérité", a ajouté M. Muvirimi, au milieu des banderoles "célébrons un nouveau Zimbabwe" ou "tolérance zéro pour la corruption" déployées dans le stade. "Nous étions inquiets à cause de la procédure devant la Cour mais nous sommes désormais rassurés car tout a été réglé, nous voulons que le peuple s'unisse et travaille main dans la main", a renchéri un autre, Malvern Makoni.

Mais l'opposition a déjà opposé au camp du vainqueur une sèche fin de non-recevoir. "Je me considère légitimement comme le dirigeant du Zimbabwe (...) nous avons remporté une nette majorité", a déclaré samedi devant la presse Nelson Chamisa, qui a délibérément boudé la cérémonie d'investiture. "La voie juridique n'est pas la seule vers la liberté, la Constitution nous donne le droit de manifester pacifiquement", a-t-il dit.

La campagne pour les élections générales est apparue plus ouverte que lors des scrutins précédents, systématiquement entachés des violences du pouvoir contre ses adversaires. Mais les fraudes alléguées par l'opposition et, surtout, la sanglante répression par l'armée d'une manifestation de l'opposition dans les rues de Harare deux jours après le scrutin, qui s'est soldée par six morts, ont ravivé le spectre du passé. Plusieurs dizaines de partisans de l'opposition ont également été arrêtés ces derniers jours, a accusé le MDC. Les observateurs internationaux ont pour la plupart accordé leur onction au déroulement du scrutin. Seuls ceux de l'Union européenne (UE) avaient relevé une "inégalité des chances" entre le sortant et ses rivaux et ont appelé à des "améliorations" du processus électoral.


De nombreux chefs d'Etats africains ont apporté par leur présence dimanche à la cérémonie d'investiture de M. Mnangagwa leur onction au scrutin. Parmi eux figurent le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le Zambien Edgar Lungu et le Rwandais Paul Kagame.

- © 2018 AFP

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