Près de Dunkerque

Nouvelle évacuation du campement de migrants de Grande-Synthe

  • Publié le 6 septembre 2018 à 19:44
  • Actualisé le 6 septembre 2018 à 20:44

La "Jungle" de Grande-Synthe (Nord) a connu jeudi sa quatrième évacuation en quatre mois, une opération qui illustre les difficultés des autorités à endiguer les espoirs de départ vers l'Angleterre des migrants.

L'opération, qui avait débuté à 07H30, "a pris fin vers 15H30, avec 539 personnes prises en charge. Tout s'est déroulé dans le calme", a indiqué une porte-parole de la préfecture.

La moitié des personnes évacuées a été "mise à l'abri vers des centres d'accueil", l'autre "a été prise en charge par des policiers pour l'examen de leur situation", a précisé la préfecture. Parmi les personnes prises en charge figurent une quarantaine de mineurs isolés.
L'opération a mobilisé une vingtaine d'agents de Office de l'immigration et de l'intégration (Ofii), environ 200 membres des forces de l'ordre ainsi qu'une vingtaine de sapeurs pompiers et du personnel de la protection civile.
"Au total, depuis le début de l'année, ce sont 3.940 migrants qui ont été mis à l'abri à Grande-Synthe", répartis sur différents sites, a déclaré le sous-préfet de Dunkerque Eric Etienne.

C'est sur un terrain au milieu de grands arbres, coincé entre autoroute, chemin de fer et locaux de la SNCF, qu'étaient concentrés les migrants. Un journaliste de l'AFP a constaté l'insalubrité du campement, vide de ses migrants, avec son lot de tentes et de détritus au sol, en début d'après-midi.
Selon la mairie, ils étaient 650 à vivre ici - 500, selon la préfecture, dont 95% de Kurdes irakiens - pour un total de 800 sur la commune. Les associations comptabilisent, elles, entre 600 et 700 personnes dans cette ville de 22.000 habitants jouxtant Dunkerque.
Le sous-préfet a en outre rappelé la politique de l'Etat d'éviter la constitution de "nouveaux points de fixation" devenant ensuite "des bidonvilles" sur le littoral de la mer du Nord.

Nouveaux afflux

Les campements de Grande-Synthe sont régulièrement démantelés par les autorités, ce qui n'empêche pas de nouveaux afflux.
Environ 200 migrants avaient ainsi déjà été évacués de cette "Jungle" le 6 août, 336 le 11 juin et 406 le 24 mai.
Nombre d'entre eux vivaient précédemment dans un gymnase municipal ouvert en décembre 2017, fermé en mai. Et, en septembre 2016, 500 personnes avaient aussi fait l'objet d'un transfert vers des installations dédiées.
Dans une déclaration faite à l'AFP, le maire écologiste de Grande-Synthe Damien Carême a qualifié la politique de mise à l'abri de l'Etat de "nécessaire mais pas suffisante", alors qu'il s'agit de la "9e opération de ce type depuis avril 2017".
"L?argument des +points de fixation+ et +d?appels d?air+ n?ont aucun fondement, puisque rien n'est fait sur ce littoral et pourtant plusieurs centaines de chercheurs de refuge errent indignement sur celui-là", a fustigé M. Carême. Il a plaidé pour la création "d'un premier accueil d'urgence", qui serait un lieu de répit d'où les migrants pourraient être orientés vers les CAO et les CAES.

"C'est une situation qui pourrit, car on est incapable de leur proposer un hébergement digne. On préfère espérer les épuiser en les faisant dormir dans la boue et dépenser des millions dans des chasses à l'homme? Ils partent par centaines en CAO ou CAES, mais très peu y restent, on revoit les mêmes 4 ou 5 jours plus tard. Les autorités le savent très bien, elles sont dans le déni", tonne aussi Franck Esnée, coordinateur régional pour Médecins du monde.
Grande-Synthe a commencé à être touchée par l'arrivée de migrants à l'été 2015 dans le sillage de la création de la "Jungle" de Calais.

Début 2016, Damien Carême avait ouvert, contre l'avis de l?État, un camp de petits chalets en bois, détruit par un incendie en avril 2017.
Le président du groupe RN (ex-FN) au Conseil régional des Hauts-de-France, Philippe Eymery, qui a déposé plainte cette semaine contre M. Carême pour notamment "aide à l'implantation illégale de migrants", s'est félicité auprès de l'AFP de cette évacuation, y voyant "une vraie victoire politique" pour le parti de Marine Le Pen.

© 2018 AFP

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