L'ambiance n'est plus à la fête

Paris-2024 souffle sa première bougie sans triomphalisme

  • Publié le 12 septembre 2018 à 17:45
  • Actualisé le 12 septembre 2018 à 18:00

Drôle d'anniversaire pour Paris-2024: un an après l'attribution des Jeux olympiques à la capitale française, l'organisation est sur les rails, les premières embûches ont été évitées, mais l'ambiance n'est plus à la fête dans le mouvement sportif.

Sauf surprise de dernière minute, aucune festivité particulière ne saluera jeudi le premier anniversaire de "Lima", du nom de la capitale péruvienne où le Comité international olympique (CIO) a attribué le 13 septembre 2017 les Jeux d'été à Paris, pour la première fois depuis cent ans et après trois échecs (1992, 2008, 2012).

"On est au travail", répond-on dans les locaux du Cojo (Comité d'organisation des JO), qu'on appelle aussi "Paris-2024", boulevard Haussmann à Paris. Il faut dire que toute célébration aurait pu paraître décalée avec cette rentrée: depuis la fin août, le Comité olympique français (CNOSF) a brandi puis rangé une pétition pour réclamer plus de moyens pour le sport amateur; puis la ministre des Sports Laura Flessel a démissionné sur fond de problèmes avec le fisc et les premiers jours de sa successeure Roxana Maracineanu ont été marqués par la polémique sur les craintes de suppressions de conseillers techniques sportifs (CTS), ces agents de l'État placés auprès des fédérations.

Si bien que des voix alertent sur un "désenchantement" vis-à-vis d'une promesse: faire des Jeux olympiques et paralympiques un levier extraordinaire pour le sport dans le pays.
"Ça fait un an qu'il y a une forme de désillusion dans les territoires. Et il peut y avoir des raisonnements simplistes qui consistent à dire 'On a les Jeux, mais on a moins de moyens'", prévient le député Nouvelle Gauche et co-président du groupe d'étude sur les JO à l'Assemblée, Régis Juanico. Et ce, alors que "les structures se sont installées rapidement et avec sérieux" et que "l'enveloppe budgétaire est tenue", note-t-il.

"Mobilisation"

"Je crois que ce serait pire si on n'avait pas eu les Jeux (...) Le fait qu'on (les) ait (eus) nous permet de sauvegarder au maximum l'implication des acteurs", répond à l'AFP le président de Paris-2024, Tony Estanguet. Si son président "partage l'inquiétude" du mouvement sportif, le Cojo veut rester là où il pense être le plus efficace: par exemple, en faisant de son programme marketing un succès, une partie des bénéfices des sponsors --plus d'un milliard d'euros attendus-- revenant directement au CNOSF.
"Notre responsabilité, c'est qu'en 2025, les entreprises qui auront investi au total un milliard d'euros dans Paris-2024, aient envie de continuer à s'investir dans le sport" et dans des disciplines qui ne font pas toujours la une, souligne-t-on dans l'entourage de Tony Estanguet.

Si 2018 a été l'année des fondations et de la "mise en cohérence", 2019 sera celle de "l'engagement et de la mobilisation", promet-on au Cojo.

Comité d'éthique, transparence sur la rémunération de Tony Estanguet, signature d'une charte sociale et d'une convention pour associer l'économie sociale et solidaire: depuis un an, Paris-2024 a multiplié les gages de bonne gouvernance, alors que l'olympisme, souvent taxé de gigantisme, a été secoué par les affaires de dopage et de corruption.
Les acteurs des Jeux olympiques, --État, collectivités, Cojo-- se sont aussi entendus pour sortir par le haut après une première alerte sur de possibles dérives budgétaires, notamment dans la construction du centre aquatique olympique qui doit s'élever à Saint-Denis, au nord de Paris et en face du Stade de France. Mais pour ce chantier, comme pour celui du Village Olympique, les premiers coups de pelleteuse n'auront pas lieu avant au moins 2020. D'ici là, l'Etat doit notamment prendre possession des terrains et les dépolluer.

"L'heure de vérité, elle a lieu quand on ouvre les enveloppes" des entreprises répondant aux marchés, avec les prix qu'elles proposent, souligne l'un des acteurs, sous couvert d'anonymat. Autre inconnue de taille, le chantier du Grand Paris Express, qui doit amener les futures lignes 16 et 17 du métro au Bourget, mais dont l'achèvement reste incertain.

Aux côtés du Cojo, qui va investir 3,8 milliards d'euros issus de financements privés dans l'organisation des Jeux, selon son budget actuel, les investissements dans les chantiers doivent s'élever à 3 milliards d'euros, dont 1,4 milliard venus de l'État et des collectivités.

© 2018 AFP

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