Brésil

"Pas lui!", les femmes dans la rue contre Bolsonaro

  • Publié le 30 septembre 2018 à 03:40
  • Actualisé le 30 septembre 2018 à 07:03

Au cri de "Non, pas lui!", des dizaines de milliers de Brésiliennes manifestent samedi contre le candidat d'extrême droite à la présidentielle Jair Bolsonaro, qui a provoqué une nouvelle polémique en menaçant de ne pas reconnaître les résultats s'il n'était pas élu.

"Ici, il y a des personnes blanches, noires, homosexuelles, des pères et des mères de famille, avec une grande diversité. Et ce type de candidat, ce type de politique ne représente pas la culture brésilienne dans sa grande diversité", a déclaré à l'AFP Beatriz Lorena, une enseignante de 33 ans qui a rejoint la foule massée sur la place Cinelandia et les rues adjacentes, au centre de Rio.

Des dizaines de milliers de personnes étaient également réunies sur l'esplanade Largo da Batata à Sao Paulo.
"Quelqu'un qui défend la violence, le racisme ou dévalorise les femmes ne peut pas être président du Brésil", juge Cristina, 56 ans, présente avec son mari au rassemblement organisé dans la capitale économique du Brésil, première puissance de la région.
L'offensive des femmes lancée au début septembre avec un groupe sur Facebook baptisé "Les femmes unies contre Bolsonaro" est devenue virale après une mobilisation massive sur les réseaux sociaux, au Brésil et à l'étranger.

La chanteuse américaine Madonna a apporté son soutien sur Instagram à #EleNao (Pas lui), le mot-clé de ce mouvement en portugais.
"Dans l'histoire récente du pays sud-américain, on ne trouve pas la trace d'une mobilisation aussi importante liée aux femmes", observe Ligia Fabris Campos, professeure de droit à la Fondation Getulio Vargas.

Diviser le pays

Des manifestations étaient également organisées par des collectifs de femmes samedi dans plusieurs pays: Etats-Unis, Canada, France, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas ou Argentine.
Jair Bolsonaro, député de 63 ans, caracole en tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle du 7 octobre. Il est sorti samedi matin de l'hôpital où il avait été admis début septembre, après avoir été poignardé lors d'un bain de foule, a annoncé l'établissement.
Le candidat est à l'origine d'une nouvelle polémique: il a menacé de ne pas reconnaître le résultat des élections s'il n'était pas élu.
"De ce que je vois dans la rue, je n'accepte(rai) pas un résultat aux élections qui soit différent de mon élection", a-t-il déclaré vendredi à la chaîne Bandeirantes.

Bolsonaro "montre à nouveau qu'il n'est pas prêt pour la démocratie, il veut maintenir le pays divisé", a déclaré le candidat de centre droit Geraldo Alckmin, quatrième dans les sondages, à 10%, au sujet du candidat célèbre pour ses saillies misogynes, homophobes et racistes.
L'ancien capitaine de l'armée a par exemple déclaré à une députée qu'elle ne "méritait pas" qu'il la viole ou déploré la longueur des congés maternité.

Le général Hamilton Mourao, vice-président sur son ticket, a provoqué un tollé en déclarant que les familles monoparentales sans figure paternelle étaient des "fabriques à individus non intégrés qui ont tendance à grossir les rangs des narcotrafiquants".

"Les femmes avec Bolsonaro"

D'autres femmes se sont aussi mobilisées pour soutenir M. Bolsonaro, au cours de contre-manifestations samedi dans plusieurs villes au Brésil.
A Copacabana, à Rio, plus d'un millier de personnes étaient rassemblées, dont beaucoup portaient des maillots jaune et vert avec l'inscription "Mon parti c'est le Brésil".
Jair Bolsonaro "a beaucoup de soutien. Ici, ce n'est que la pointe de l'iceberg", assure Thayane

Montero, une étudiante en génie civil de 26 ans, présente avec sa famille.
L'ancien militaire "va en finir avec la corruption, c'est un patriote, il défend la famille traditionnelle", ajoute-t-elle.

Le vote des femmes --52% de l'électorat-- va être crucial dans cette élection très imprévisible où le nombre d'indécis reste élevé.

Mais le candidat Bolsonaro souffre d'un taux de rejet très élevé parmi les femmes, environ 50% d'entre elles assurant qu'elles ne voteraient jamais pour lui.

© 2018 AFP

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