Pouvoir et opposition criaient victoire

Nom de la Macédoine: après le référendum, la bataille du Parlement

  • Publié le 1 octobre 2018 à 15:18
  • Actualisé le 1 octobre 2018 à 15:21

Pouvoir et opposition criaient victoire lundi au lendemain du référendum sur le nouveau nom de la Macédoine, avec une victoire du oui mais aussi une abstention massive qui fait peser l'incertitude quant à une ratification au Parlement.

L'accord signé en juin par les Premiers ministres macédonien Zoran Zaev et grec Alexis Tsipras, prévoit de baptiser "République de Macédoine du nord" ce petit pays pauvre des Balkans. Ceci permettrait de clore le conflit avec Athènes qui depuis un quart de siècle accuse son petit voisin d'usurper son patrimoine historique et lui bloque la route vers l'Union européenne et l'Otan.

Selon des résultats portant sur la quasi totalité des bureaux de vote lundi, 91,48% des électeurs qui se sont déplacés dimanche ont voté oui, tandis que 5,64% ont voté non à cet accord. Mais la très forte abstention --près des deux-tiers des 1,8 million de citoyens inscrits n'ont pas pris part à ce référendum-- ébranle la légitimité du scrutin, sur laquelle comptait s'appuyer le social-démocrate Zoran Zaev pour trouver au Parlement la majorité des deux-tiers requise.

Avec ses alliés des partis de la minorité albanaise (20 à 25% des 2,1 millions d'habitants), il lui manque onze élus.

Dans la perspective de cette bataille, chacun offre ses lectures contradictoires de la souveraineté populaire. "Plus de 90% du total des votes sont pour le oui, donc désormais c'est au tour du Parlement de confirmer la volonté de la majorité", a déclaré à l'AFP Zoran Zaev.

Le patron de l'opposition de droite (VMRO-DPMNE), Hristijan Mickoski lui a répondu que "le gouvernement avait perdu sa légitimité, et que la seule chose qu'il (restait) à faire était de respecter la volonté du peuple" qui résiderait à ses yeux dans la masse de ceux qui ont répondu aux appels au boycottage.

- Vers des élections -

Lui-même n'a pas participé au vote, tout comme le président Gjorge Ivanov, dont le rôle est honorifique, adversaire résolu de l'accord avec la Grèce. "Plus de 600.000 citoyens ont voté Oui", se réjouissait lundi le quotidien Sloboden Pecat, proche du pouvoir. "Echec du référendum, la Macédoine se dirige vers de nouvelles élections", selon son concurrent Vecer, favorable à l'opposition.

Pour les opposants, le scrutin est rendu invalide par une disposition constitutionnelle qui exige un quorum de 50% pour les référendums impératifs. Mais Zoran Zaev réplique que le référendum était consultatif et que cette barre n'a pas à être atteinte. "Ce type de référendum sert d'indicateur aux responsables pour prendre une décision, en l'occurrence le Parlement", dit le professeur de droit constitutionnel Subhi Jakupi pour qui la règle du quorum ne s'applique pas.

"Tout le monde sait que les listes ne sont pas à jour" que le chiffre d'1,8 million de votants est "gonflé" quand la réalité se situerait entre 1,4 et 1,5 million en raison d'une émigration de masse, dit l'universitaire français spécialiste des Balkans, Loïc Tregoures. Aucun recensement n'a été effectué depuis 2002. Convaincre onze députés de droite de faire défection semble compliqué pour Zoran Zaev, même si le VMRO-DPMNE est divisé. S'il n'y parvient pas, il convoquera des élections anticipées en novembre.

- 'Le temps presse' -

Une issue probable pour le commentateur politique Aco Abranov: "Zaev ne va pas réussir au Parlement et nous aurons bientôt des élections que le VMRO-DPMNE perdra", prédit-il, invoquant ses mauvais résultats électoraux récents et le désarroi du parti de droite depuis qu'il a perdu le pouvoir.

Dimanche soir, les Occidentaux ont répété aux responsables de la Macédoine qu'il n'y avait pas de plan B.

"La porte de l'Otan est ouverte, mais toutes les procédures nationales doivent être achevées", a tweeté le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. La Grèce qui a accueilli avec circonspection ce que le journal Ethnos a décrit comme une "victoire à la Pyrrhus", a toujours prévenu que son véto ne serait levé qu'une fois le problème réglé.
"Le temps presse car Tsipras a pris beaucoup de risques et rien ne dit qe le prochain gouvernement grec sera sur la même ligne", prévient Loïc Trégoures.
AFP

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