France - Justice

Ascoval: l'Etat demande au repreneur une offre sans Vallourec, les syndicats y croient

  • Publié le 30 octobre 2018 à 15:09
  • Actualisé le 30 octobre 2018 à 15:20

Le gouvernement a confirmé mardi travailler avec Altifort, seul candidat à la reprise de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), sur une offre sans Vallourec, une solution à laquelle les syndicats veulent croire à la veille, selon eux, du "dénouement".

"Altifort est d'accord pour dire qu'il y a plus de sens d'aller chercher d'autres clients" pour avoir "de meilleures marges que de rester prisonnier d'un client", Vallourec, qui "ne permet pas à la société de sortir les meilleures marges", a déclaré sur Radio Classique la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Agnès Pannier-Runacher.

Le groupe franco-belge Altifort a présenté une offre de reprise de l'usine de production d'aciers de moyenne et haute gamme qui impliquait que le sidérurgiste français Vallourec, principal client et désormais premier actionnaire, maintienne pendant un an et demi son niveau actuel de commandes. Or Vallourec, spécialiste des tubes en acier sans soudures et dont l'État est actionnaire à 17%, a refusé cette demande. Ses comptes sont dans le rouge, avec une perte nette de 307 millions d'euros sur le premier semestre, pour un chiffre d'affaires de 1,09 milliard.

"Soit le plan flotte et on le soutiendra, soit il ne flotte pas et il faudra le dire les yeux dans les yeux aux salariés", a ajouté Agnès Pannier-Runacher, insistant sur la nécessité de "trouver une solution pérenne" pour les 281 salariés d'Ascoval, à la veille d'une nouvelle réunion à Bercy.
Elle a ainsi relevé la taille importante du projet Ascoval -"une usine qui fait 135 millions d'euros de chiffre d'affaires"- par rapport au chiffre d'affaires d'Altifort ("200 millions d'euros").

"Altifort pose quand même de nombreuses questions (...) Si on arrive à lever un certain nombre d'obstacles sur les débouchés commerciaux, alors on aura bien progressé", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale.

- "Pied de nez à Vallourec" -

D'après les syndicats, de nouveaux acheteurs potentiels se sont manifestés. "On sait que des clients se sont intéressés à nous suite au mouvement. Est-ce que ça va être montable dans les 24 heures qui viennent ? J'espère", a déclaré à l'AFP Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale d'Ascoval et délégué CFDT, à une journée de ce que les syndicats présentent comme le "dénouement" attendu. "Ce serait vraiment un gros pied de nez à Vallourec, lui qui, depuis longtemps, pense faire la pluie et le beau temps chez nous."

Les sidérurgistes d'Ascoval ne travaillent plus depuis le 23 octobre et ont bloqué vendredi le site de production de Vallourec à Aulnoye-Aimeries (Nord) pour mettre la pression sur le groupe et le gouvernement. "Si ça se fait, ce sera avec les concurrents directs de Vallourec comme ThyssenKrupp et tous les tubistes du marché (...) pour compenser les 135.000 tonnes de commandes de barres pleines qu'Altifort demandait à Vallourec sur 18 mois, le temps de monter un train à fil", a-t-il ajouté.
Avant de prendre toute décision sur un éventuel soutien public, le gouvernement a demandé vendredi un avis indépendant sur la situation économique d'Ascoval.
"Tout dépend de cette expertise, si elle est bonne, l'Etat accompagnera financièrement l'offre, si c?est négatif, ils vont se ranger derrière (cet avis), et tout s'arrêtera pour nous", prédit auprès de l'AFP Nicolas Lethellier, délégué CGT chez Ascoval. "Mais tant que le couperet n'est pas tombé, on y croit."

Une vingtaine de salariés étaient toujours rassemblés devant l'entrée de l'usine à Saint-Saulve mardi matin, faisant brûler des pneus. "On tient bon le mouvement et on espère qu'on va avoir une bonne nouvelle demain.C?est tout ce que l?on demande", a réagi auprès de l'AFPTV Abel Radouan.

La décision du tribunal de grande instance de Strasbourg, qui s'est donné mercredi un nouveau délai de deux semaines, est attendue le 7 novembre, en pleine visite d'Emmanuel Macron dans la région. Le président de la République devrait prononcer à cette occasion un discours sur l'industrie en France.
Selon Fabien Roussel, député PCF du Nord, "c'est impossible politiquement qu'il fasse un tel discours, qu'il vienne même dans la région pour un enterrement".

AFP

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