Sommet du G20

Le prince saoudien Mohammed ben Salmane très entouré

  • Publié le 1 décembre 2018 à 08:08
  • Actualisé le 1 décembre 2018 à 09:33

Accueilli chaleureusement par Poutine, sur un ton badin par Trump, et plus fraîchement par Macron: le prince Mohammed ben Salmane, héritier du trône saoudien, a été très entouré au début du sommet du G20.

"MBS", surnom qui lui avait été donné à l'époque où il était salué comme un grand réformateur, y fait sa première grande apparition sur la scène internationale depuis le scandale autour de Jamal Khashoggi, un journaliste critique à son égard tué dans le consulat saoudien à Istanbul début octobre.

Accusé ou soupçonné d'avoir commandité l'assassinat, Mohammed ben Salmane voit aussi sa réputation entachée par le rôle que joue l'Arabie saoudite dans l'interminable et sanglant conflit yéménite. Loin de se trouver ostracisé en Argentine, ou d'être traité en "paria" comme le prédisaient certains experts, le prince héritier a été au contraire très entouré, au point d'être la vedette de deux vidéos devenues virales.

L'une le montre avec le président russe Vladimir Poutine, lui aussi critiqué, cette fois pour avoir remis le feu aux poudres du conflit ukrainien. Le Russe a retrouvé le Saoudien avec un enthousiasme manifeste à Buenos Aires, où les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 se réunissent pendant deux jours.

Peu avant de prendre place autour de la table des discussions, le président russe et le prince héritier saoudien se sont salués avec un geste à mi-chemin entre la poignée de main et le "tope-là" de deux sportifs ou adolescents.

- Grands sourires -

Ils ont ensuite continué à bavarder en échangeant de grands sourires, avant de s'asseoir, selon des images rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux. Le Russe et le Saoudien ont un intérêt stratégique majeur en commun: le pétrole. Le cours de l'or noir, en chute libre, est suspendu depuis des semaines à un éventuel accord des deux puissances pétrolières sur une baisse de production.

La Maison Blanche a elle indiqué que Donald Trump avait "échangé des plaisanteries" avec "MBS", "comme il l'a fait avec presque chaque leader présent. "Le président américain est l'un des principaux soutiens du prince saoudien, sur lequel il compte justement pour maintenir un cours bas du pétrole.

Plus loin des caméras, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a pour sa part rencontré son homologue saoudien Adel al-Jubeir, celui qui a dit que toute mise en cause du prince héritier dans l'affaire Khashoggi constituait une "ligne rouge" à ne pas franchir. Très remarqué aussi, un aparté du prince de 33 ans avec Emmanuel Macron.

A en croire la présidence française, le chef d'Etat français lui a demandé "d'associer des experts internationaux à l'enquête" sur le meurtre de Jamal Khashoggi et il a défendu "la nécessité d'une solution politique au Yémen". Divers médias ont répercuté sur Twitter une vidéo de quelques minutes de cet entretien. Le directeur de cabinet de "MBS", Bader al Asaker, l'a partagée sur son compte suivi par 1,3 million de personnes.

On y voit un "MBS" à l'expression plutôt neutre, qui lâche à un moment un petit rire lorsqu'il aperçoit la caméra. Et un Emmanuel Macron plutôt tendu. Plusieurs journalistes de l'AFP ont pu distinguer des bribes du dialogue en anglais, mais sans pouvoir dire à quoi exactement ces paroles font référence. "Ne vous inquiétez pas", dit le prince. "Je suis inquiet", répond Emmanuel Macron. "Vous ne m'écoutez jamais", lance aussi le président français. "Bien sûr que j'écouterai", rétorque le prince héritier saoudien.

Ce dernier a par ailleurs reçu à Buenos Aires les encouragements du président chinois, qui lui a dit "soutenir fermement" les réformes engagées en Arabie Saoudite.

La Chine "va continuer à s'allier avec l'Arabie Saoudite sur les questions relatives à leurs intérêts" communs, a promis Xi Jinping au prince, selon l'agence officielle chinoise Xinhua.

Juste avant le sommet du G20, le prince avait achevé une tournée dans quatre pays arabes. S'il a été bien accueilli aux Emirats arabes unis et à Bahreïn, deux de ses plus proches alliés, ainsi qu'en Egypte, il a en revanche fait face à des manifestations hostiles en Tunisie.

AFP

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