"Acte V" ou non ?

Les "gilets jaunes" sous pression après l'attaque de Strasbourg

  • Publié le 13 décembre 2018 à 14:34
  • Actualisé le 13 décembre 2018 à 14:52

Après l'attaque meurtrière de Strasbourg, la pression monte jeudi sur les "gilets jaunes" pour qu'ils rejoignent la table des négociations et renoncent à "l'acte V" samedi d'un mouvement qui a connu son sixième mort dans la nuit, un homme de 23 ans percuté par un camion.

Si le gouvernement n'a "à ce stade pas décidé d'interdire les manifestations" samedi, Benjamin Griveaux a appelé les gilets jaunes à être "raisonnables" après l'attentat qui a visé la capitale européenne, et à "ne pas manifester". Leur colère s'est "exprimée", "a été entendue", et il y a été "répondu", a insisté jeudi matin le porte-parole du gouvernement, sur Cnews.

Il serait "facile" de les interdire par avance, mais cela n'empêcherait pas "les personnes souhaitant casser (et) piller de se rendre dans les rues", a insisté M. Griveaux: "Au regard" de l'attentat de Strasbourg, "il serait préférable que ce samedi chacun puisse, de manière apaisée, vaquer à des occupations d'un samedi avant les fêtes de famille de fin d'année plutôt que de manifester et mettre à nouveau à contribution nos forces de l'ordre".
"On ne se sent pas concernés, par ça, les attentats. C'est pour nous faire peur. On ne changera rien", lâchait mercredi "Mamyray", une retraitée de 65 ans rencontrée par l'AFP sur un rond-point à Rennes.
Jeudi, les "gilets jaunes" du Magny, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) ont annoncé maintenir "leur Ve acte, malgré l'appel à ne pas manifester": "Inimaginable d'appliquer une trêve quelconque", poursuivent-ils, en précisant avoir envoyé "un mot de soutien aux victimes et aux familles de Strasbourg".

Jeudi matin, la pression sur les "gilets jaunes" est aussi venue de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, selon qui, il serait "de bon ton" qu'ils ne manifestent pas samedi, "pour ne pas surcharger la barque des policiers": "Si une organisation syndicale était responsable d'autant de violences dans un mouvement qu'elle a déclenché, on la mettrait au ban pour au moins une vingtaine d'années", a-t-il encore lâché, sur RFI.

Ruffin avec la "France en sédition"

Il faut "maintenant que le mouvement s'arrête", compte tenu des "réponses massives" qui ont été apportées par l'exécutif, a renchéri Richard Ferrand, le président LREM de l'Assemblée nationale sur France Inter, appelant à "passer à la construction d'un nouveau modèle français", via le grand dialogue national annoncé par Emmanuel Macron lundi.
Cinq thèmes, dont la transition écologique, la fiscalité ou encore l'immigration ont été retenus pour ce débat, avait précisé mercredi le Conseil des ministres, dans son compte-rendu. Dans un discours mercredi soir devant l'association des Villes de France, Édouard Philippe n'a cependant évoqué que "quatre axes", sans citer l'immigration.

Du côté des "gilets jaunes", rien n'indique pourtant une volonté de suspendre le mouvement. Au péage autoroutier de la Barque, sur l'A8, à la sortie d'Aix-en-Provence, ils avaient déjà repris leur position dans la nuit de mercredi à jeudi, avec le soutien de François Ruffin, le député France Insoumise, avant de se faire à nouveau évacuer par les forces de l'ordre. Présent vers 03H30 sur ce péage, le député de la Somme est attendu dans l'Hérault, dans le cadre d'un périple à travers "une France en sédition" entamé dimanche.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, peu après minuit, une sixième personne a perdu la vie en marge de ce conflit. Un "gilet jaune" de 23 ans a été percuté par un poids-lourd, au rond-point près de la sortie Avignon-sud de l'A7. Parmi les six morts, deux sont des "gilets jaunes". Deux automobilistes et un motard ont perdu la vie dans des accidents de la route provoqués par des barrages. La dernière victime est une femme de 80 ans mortellement blessée à Marseille par l'explosion d'une grenade lacrymogène lors d'une manifestation.

Un autre conducteur de poids-lourd a été placé en garde à vue jeudi après avoir blessé un policier en tentant, excédé, de forcer un barrage filtrant à Marignane, toujours dans les Bouches-du-Rhône.

AFP

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