Après l'arrestation d'une dirigeante d'Huawei

Chine: deux Canadiens soupçonnés de menace à la "sécurité nationale"

  • Publié le 13 décembre 2018 à 13:09
  • Actualisé le 13 décembre 2018 à 13:53

La Chine a confirmé jeudi qu'elle soupçonnait deux Canadiens "d'activités menaçant sa sécurité nationale" et avait pris des "mesures coercitives" à leur encontre, près de deux semaines après l'arrestation au Canada d'une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei.

Michael Kovrig, un ex-diplomate de passage à Pékin, et Michael Spavor, un consultant vivant au Liaoning, une province du nord-est de la Chine, "ont mené des activités qui menacent la sécurité nationale de la Chine. Ces cas font actuellement l'objet d'une enquête", a déclaré lors d'un point presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang.

"Ils font l'objet de mesures coercitives de la part d'organismes de sécurité de la province du Liaoning et de Pékin, conformément à la loi", a précisé Lu Kang.

Ces accusations frappant coup sur coup deux ressortissants canadiens interviennent alors que la tension est vive entre Ottawa et Pékin. La Chine ne décolère pas depuis l'arrestation à Vancouver début décembre de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, à la demande des États-Unis.

La ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland avait annoncé mercredi être sans nouvelles du deuxième Canadien. Il a été ensuite identifié comme étant Michael Spavor, qui avait contacté les autorités canadiennes parce qu'il était interrogé par les autorités chinoises.
En ce qui concerne Michael Kovrig, Ottawa a indiqué avoir été officiellement informé par télécopie mercredi matin de l'arrestation de l'ex-diplomate, actuellement en congé sans solde et employé par un centre de réflexion, l'International Crisis Group (ICG).

La diplomatie chinoise s'était jusqu'à présent refusée à tout commentaire sur son sort, indiquant uniquement que si M. Kovrig avait eu des activités en Chine, elles auraient été illégales, l'ICG n'étant pas enregistré dans le pays.

L'ICG a fermé son bureau à Pékin après l'adoption en Chine d'une loi sur les ONG, entrée en vigueur en 2017, visant à mieux contrôler les activités des organisations étrangères.

- En photo avec Kim -

Pour sa part, Michael Spavor aide à organiser des voyages en Corée du Nord. Il s'était fait connaître en permettant à l'ancien basketteur américain Dennis Rodman de se rendre à Pyongyang en 2013 et 2014. Et il a lui-même rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, selon des photos de médias officiels nord-coréens.

"Nous n'avons pas pu le contacter depuis qu'il nous a prévenus. Nous travaillons dur pour déterminer où il se trouve et nous avons également soulevé la question auprès des autorités chinoises", avait affirmé la cheffe de la diplomatie canadienne. "Après avoir pris des mesures coercitives, les organismes de sécurité ont notifié la représentation du Canada en Chine sans délai, conformément à l'accord consulaire sino-canadien", a de son côté déclaré Lu Kang.

La diplomatie chinoise a beaucoup fait référence à cet accord consulaire dernièrement pour reprocher à Ottawa de ne pas l'avoir immédiatement prévenue, selon elle, de l'arrestation à Vancouver le 1er décembre de Meng Wanzhou, fille du fondateur de l'équipementier Huawei.

Meng Wanzhou a été relâchée sous caution par la justice canadienne mardi, dans l'attente d'une procédure d'extradition vers les États-Unis. Washington la soupçonne de complicité de fraude pour contourner les sanctions américaines contre l'Iran. Pékin a menacé Ottawa de "conséquences graves" si elle n'était pas immédiatement relâchée.

Après l'arrestation de M. Kovrig, certains de ses proches ont fait le lien avec l'affaire Meng Wanzhou. "Il est clair que le gouvernement chinois veut mettre le maximum de pression sur le gouvernement canadien", a estimé Guy Saint-Jacques, ancien ambassadeur du Canada en Chine.

De son côté, Ottawa insiste sur le fait que la décision d'extrader ou pas Mme Meng reviendra au ministre canadien de la Justice et sera prise sur des considérations judiciaires et non politiques.
AFP

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