Attaque sur le marché de Noël

A Strasbourg, un millier de personnes émues rendent hommage aux victimes de l'attentat

  • Publié le 16 décembre 2018 à 15:50
  • Actualisé le 16 décembre 2018 à 19:30

"Etre là pour montrer qu'on n'est pas à terre". Comme Jonathan, 25 ans, plus d'un millier de personnes se sont rassemblées dimanche matin dans le centre de Strasbourg pour rendre hommage aux victimes de l'attentat de mardi soir.

"On voulait être là pour montrer qu'on n'est pas à terre et qu'on continue de vivre, même si c'est difficile et c'est pesant", explique Jonathan, qui a été confiné dans son quartier du Neudorf, où a été pourchassé puis tué l'auteur présumé de l'attentat, Chérif Chekatt.
"On est aussi là pour les victimes, ça aurait pu être nous. On aurait pu être sur le marché de Noël", poursuit le jeune homme, venu avec deux amies sur la place Kléber, recouverte de neige, au centre de Strasbourg.
La plupart des personnes réunies au pied du gigantesque sapin illuminé de la place Kléber, emblématique du marché de Noël de Strasbourg, où une petite scène a été installée, affichait une grande émotion, beaucoup avec les larmes aux yeux. Une photo de Kamal Naghchband, garagiste de 45 ans tué devant sa femme et ses enfants, était visible. L'attentat a fait quatre morts, une personne en état de mort cérébrale et onze blessés, dont certains encore dans un état grave.
Au milieu de la place, la statue du général Kléber a vu son socle devenir depuis plusieurs jours un mémorial improvisé empli de bougies, fleurs et messages aux victimes.

Minute de bruit

"C'est dur", lâche, dans un souffle, Laura 55 ans.
Elle est venue "pour réagir, pour dire qu'on résiste, que ce sont nos valeurs qu'on défend, des valeurs d'inclusion et pas de rejet, ni de xénophobie". Au bout de quelques mots, sa voix se serre et des larmes lui montent aux yeux.

Durant environ 50 minutes, la cérémonie, décidée et organisée par plusieurs associations de défense des droits de l'Homme, avec le soutien et l'aval de la mairie et de la préfecture, a alterné chants, musique et lectures de texte.
A la fin, une "minute de bruit", avec applaudissements et cris, a remplacé la traditionnelle minute de silence. Un moment de bruit "après ces jours de silence, pour accompagner notre détermination à être Strasbourg, ensemble et solidaire", a expliqué Christine Panzer, présidente de l'association ASTU (Actions citoyennes interculturelles) et organisatrice.
La foule a ensuite spontanément chanté La Marseillaise.
"Strasbourg, notre ville ouverte, capitale des droits humains, a été touchée en plein c?ur par le fanatisme (?) Nous refusons tout discours de haine pour lutter contre les forces obscures", avait déclaré au début du rassemblement Christine Panzer.

Le maire de Strasbourg, Roland Ries, a estimé que "la présence samedi d'une foule extrêmement nombreuse dans les allées du marché de Noël a constitué une illustration de notre attachement à ce socle de valeurs sur lequel repose notre vivre-ensemble, que nous continuerons à défendre contre tous ceux qui veulent l'attaquer".
Fermé mercredi et jeudi, le marché de Noël de Strasbourg, qui attire chaque année des milliers de touristes, a rouvert vendredi. Samedi, la foule, même un peu moins compacte qu'auparavant, était effectivement de retour dans les allées de cabanons en bois vendant vin chaud, petits gâteaux et décorations de Noël.
Après la venue vendredi du président de la République, Emmanuel Macron, place Kléber, pour un moment de recueillement et sur le marché, samedi le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, (LREM) s'est également rendu à Strasbourg avec sa famille. "Pour dire que, comme eux, je pense que malgré la douleur, malgré les épreuves, malgré le terrorisme, la vie doit continuer", a-t-il déclaré.

Mardi soir, Chérif Chekatt a pénétré dans le centre historique de Strasbourg, armé d'un pistolet et d'un couteau et a attaqué des passants à plusieurs endroits, avant de parvenir à s'enfuir. Après 48 heures de traque, il a été tué par des policiers jeudi soir dans une rue du quartier du Neudorf, au sud du centre-ville.

AFP

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