Royaume-Uni

Lourdement défaite sur le Brexit, Theresa May face à une motion de censure

  • Publié le 16 janvier 2019 à 07:40
  • Actualisé le 16 janvier 2019 à 09:14

La Première ministre britannique Theresa May affronte mercredi une motion pouvant faire tomber son gouvernement, au lendemain du désaveu des députés britanniques, qui ont rejeté à une majorité écrasante son accord de sortie de l'Union européenne.

À la chambre des Communes, le traité conclu par la dirigeante conservatrice n'a obtenu que 202 voix contre 432, la plus lourde défaite essuyée par un dirigeant britannique depuis les années 1920. Ce vote historique a plongé le Royaume-Uni dans le flou quant à son avenir, à deux mois et demi du Brexit, prévu le 29 mars.

Sitôt le résultat connu, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a présenté une motion de censure contre le gouvernement, qualifiant ce résultat de "catastrophique".
Son initiative a peu de chances d'aboutir. Le Parti conservateur de Theresa May et son allié, le petit parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, qui ont mené la charge contre l'accord de Brexit, n'ont en effet aucune envie de se voir supplanter par les travaillistes aux rênes du pays.
Dès mardi soir, le DUP et plusieurs députés rebelles conservateurs ont annoncé qu'ils soutiendraient Mme May.
Le tabloïd conservateur Daily Mail, pro-Brexit, estime toutefois que son sort "ne tient plus qu'à un fil".
Selon l'éditorialiste du Times Matthew Parris, il est désormais temps que des parlementaires chevronnés prennent en main le dossier Brexit. "Il n'y a aucun leadership, ni au sein du gouvernement ni dans l'opposition, qui soit capable de nous aider à sortir de ce bourbier", écrit-il.

"Esprit constructif"

Le vote de la motion de censure est prévu à 19H00 GMT.
Si elle est adoptée, un nouvel exécutif doit être formé et recevoir la confiance du Parlement dans les 14 jours. En cas d'échec, de nouvelles élections législatives sont convoquées.
Si Mme May réussit à se maintenir en revanche, elle aura jusqu'à lundi pour présenter un "plan B". Plusieurs options s'offrent à elle: s'engager à retourner négocier à Bruxelles, ou demander un report de la date du Brexit. Le rejet du texte ouvre également la possibilité d'un divorce sans accord, particulièrement craint par les milieux économiques.
Fidèle à sa réputation de résilience et convaincue de survivre à cette nouvelle épreuve, la dirigeante a d'ores et déjà prévu de s'entretenir avec des députés de tous les partis "dans un esprit constructif" pour trouver la voie à suivre.
"Nous devons nous concentrer sur les idées qui sont véritablement négociables et ont un soutien suffisant de cette chambre", a-t-elle dit aux députés, promettant "de les explorer alors avec l'Union européenne".
La tâche s'annonce ardue. Les élus britanniques se sont montrés jusqu'ici incapables de se mettre d'accord sur les termes du divorce avec l'UE et leur future relation, entre ceux qui souhaitent une rupture franche et les partisans du maintien de liens étroits, voire du maintien.

Les 27 unis

Boris Johnson, ex-chef de la diplomatie britannique et chantre du Brexit, a estimé que le résultat du vote donnait à Theresa May un "mandat massif" pour retourner négocier avec l'UE.
Pas sûr cependant que Bruxelles l'entende de cette oreille.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a répété mardi que l'accord rejeté était "un compromis équitable et le meilleur accord possible", avant d'estimer que "le risque d'un Brexit sans accord s'est accru".
"Il appartient maintenant au gouvernement britannique de dire quelle est la prochaine étape. L'UE va rester unie et déterminée à trouver un accord", a avancé le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier.

De son côté, l'Irlande a annoncé intensifier ses préparatifs pour un "no deal" et appelé Londres à faire des propositions "pour sortir de cette impasse".
Dans les milieux d'affaires, la consternation est de mise. "La stabilité financière ne doit pas être compromise dans un jeu de poker politique", a prévenu Catherine McGuiness, l'une des principales dirigeantes de la City de Londres, le lobby financier londonien.
"Il faut un nouveau plan immédiatement (...) pour protéger l'économie britannique", a insisté Carolyn Fairbairn, directrice générale de la principale organisation patronale britannique (CBI).

AFP

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