En Occitanie

Grand débat, épisode 2 pour Macron

  • Publié le 18 janvier 2019 à 10:38
  • Actualisé le 18 janvier 2019 à 10:55

Trois jours après un premier oral marathon, Emmanuel Macron retourne sur la scène du grand débat face à 600 maires d'Occitanie rassemblés à Souillac, cité paisible du Lot qui tente de renaître loin des grandes villes.

Le format ne change pas. Comme à Grand Bourgtheroulde (Eure) mardi, Emmanuel Macron se retrouvera à partir de 15H00 entouré d'élus de tous bords ceints de l'écharpe tricolore et venus des 13 départements de la région.

"Tant qu'il y aura des questions, il répondra", indique son entourage sans s'avancer sur la durée du débat.
Prévu initialement pour environ trois heures, celui de mardi s'est achevé en milieu de soirée après près de sept heures d'échanges rythmés par une soixantaine d'interventions de maires et deux longues séquences de réponses du chef de l'Etat.
Pour l'occasion, Souillac, un bourg de 3.750 habitants sur les rives de la Dordogne, est placé sous haute sécurité: centre bouclé, marché annulé et manifestations interdites.

Un arrêté préfectoral prohibe en effet "toute manifestation, notamment dans le cadre du mouvement dit des +gilets jaunes+", de 08H00 à 23H00. Mais la CGT, des associations, dont ATTAC, et des partis politiques (France Insoumise, Parti de Gauche, PCF) ont fixé un rendez-vous en fin de matinée à proximité de Souillac.
"Notre objectif: pouvoir manifester et faire part de nos revendications", portant sur "un revenu minimum décent, le développement des services publics en milieu rural, une fiscalité plus juste", a indiqué à l'AFP Jérôme Delmas, secrétaire départemental de la CGT du Lot.
Souillac a déjà accueilli Emmanuel Macron, mais comme candidat, le 17 février 2017, alors qu'il était en pleine ascension dans les sondages pour la présidentielle.
"La France est un pays dont la vocation profonde n'est pas de se rétrécir sur lui-même, n'est pas de trahir ses valeurs, n'est pas d'avoir peur de l'avenir", y avait-il lancé devant 500 sympathisants en défendant "un esprit de conquête d'un optimisme farouche".

"Colère et souffrances"

Près de deux ans plus tard, le président cherche à tout prix à retrouver l'esprit de cette campagne victorieuse. Affaibli par la crise des "gilets jaunes" et sa chute dans les sondages, il compte sur le grand débat pour retisser le lien abîmé avec les Français.
"Je tirerai des solutions véritables de ce débat car je veux en faire un acte II de mon mandat", a-t-il promis en conclusion de son intervention de mardi. Il devrait au total effectuer une dizaine de déplacements dans les régions d'ici au 15 mars, à la rencontre des maires mais aussi des "citoyens".

En introduisant les échanges dans le palais des Congrès, le maire de Souillac Jean-Michel Sanfourche abordera notamment le thème central de la ruralité et ceux de la justice sociale, économique, fiscale et démocratique, a-t-il confié à l'AFP.
Les autres intervenants devraient également interpeller le chef de l'Etat sur l'affaiblissement des services publics dans les campagnes, qui se sentent défavorisées par rapport aux villes. Or le Lot ne compte que trois communes de plus de 4.000 habitants, dont la préfecture Cahors.
"En venant dans le Lot, vous ne pourrez pas ignorer la colère et les souffrances de nos concitoyens: la vie réelle", a lancé le député Aurélien Pradié (Les Républicains) dans une "lettre ouverte" adressée au chef de l'Etat.

Mardi, les échanges avaient en outre porté sur les 80 km/h, l'ISF, les conséquences du Brexit, le handicap ou encore le RIC (référendum d'initiative citoyenne), une des grandes revendications des "gilets jaunes" sur laquelle Emmanuel Macron n'a pas caché ses réserves.
Lancé dans la hâte, le grand débat s'organise peu à peu. Un collège de cinq personnalités chargées d'en "garantir l'indépendance" a été désigné vendredi par Matignon, le Sénat, l'Assemblée et le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Il s'agit du politologue et spécialiste de sociologie électorale Pascal Perrineau, de l'ancien membre du Conseil constitutionnel Guy Canivet, de la secrétaire générale de la Ligue de l'enseignement Nadia Bellaoui, de l'ancien patron de la RATP et de la Poste Jean-Paul Bailly et de la présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), Isabelle Falque-Pierrotin.

Critiqué par une partie des "gilets jaunes" et de l'opposition, cette consultation inédite peine à convaincre les Français. Si 94% d'entre eux en ont désormais entendu parler, ils sont 64% à rester sceptiques sur son utilité et moins d'un tiers (29%) comptent y participer, selon un sondage Odoxa Dentsu consulting diffusé jeudi.

AFP

guest
0 Commentaires