Forum économique mondial

A Davos, une adolescente suédoise en concurrence avec les responsables asiatiques et européens

  • Publié le 23 janvier 2019 à 15:56
  • Actualisé le 23 janvier 2019 à 16:17

Entre deux discours sur le ralentissement de la croissance chinoise ou le Brexit, la routine de l'élite économique mondiale à Davos pourrait être bousculée mercredi par une adolescente dont la mobilisation contre le réchauffement inspire la jeunesse mondiale.

C'est en effet mercredi qu'arrive dans la station de ski huppée des Alpes suisses Greta Thunberg, une Suédoise de 16 ans qui, depuis août 2018, a manqué les cours tous les vendredis pour exiger des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique. "Certaines personnes, certaines entreprises, et certains responsables politiques en particulier savent très précisément quelles valeurs inestimables ils ont sacrifiées afin de gagner des sommes d'argent inimaginables", a-t-elle d'ores et déjà dénoncé dans un message vidéo. Voilà qui tranche avec le ton plus policé en vigueur à Davos, adopté par exemple mercredi par le Premier ministre japonais.

"J'appelle tout le monde à ranimer la confiance dans le système du commerce international", a dit Shinzo Abe, estimant que l'Europe, le Japon et les Etats-Unis devaient "unir leurs forces" pour réviser les règles du libre-échange. Le Premier ministre, dont le pays préside cette année le G20, veut saisir cette occasion pour "retrouver l'optimisme", ce alors que l'ambiance à Davos est nettement plombée par le ralentissement de l'économie mondiale, les frictions commerciales et la montée des populismes, sur fond d'inégalités toujours plus fortes. Le discours dans l'après-midi du vice-président chinois Wang Qishan sera certainement disséqué par les experts, à la recherche de toute indication sur la politique qu'entend mener Pékin face à l'essoufflement de son économique. Il serait par ailleurs surprenant que ce haut responsable n'évoque pas, au moins en termes généraux, le sujet du commerce. Les négociations en cours avec Washington pour accoucher d'un accord commercial restent un sujet d'inquiétude majeur des marchés.

"Brimade"

La Chine est au coeur d'une autre affaire diplomatico-économique d'envergure internationale, autour du géant des télécommunications Huawei. Pékin a accusé mercredi les Etats-Unis de "brimade" après la confirmation par les autorités américaines qu'elles demanderaient bien l'extradition de la directrice financière du groupe, en liberté surveillée au Canada. Si l'accès de Huawei à certains marchés est entravé et que les clients commencent à se détourner, "nous allons transférer nos partenariats technologiques dans des pays où nous sommes les bienvenus et où l'on peut collaborer", a menacé son président Liang Hua depuis Davos. Autres intervenants prévus mercredi dans le cadre huppé et ultra-protégé de la station de ski suisse, où se pressent environ 3.000 représentants de la fine fleur de l'économie mondiale: la chancelière Angela Merkel, les Premiers ministres italien et espagnol, le Premier ministre éthiopien et le président sud-africain.

Reste à savoir s'ils parviendront à animer un Forum économique mondial qui est, de l'avis général, moins spectaculaire de l'an dernier. Donald Trump et Emmanuel Macron avaient capté toute l'attention en 2018. Tous deux sèchent l'édition 2019, l'un pour cause de "shutdown", l'autre en pleine contestation des "gilets jaunes." Quant à Theresa May, elle est restée à Londres pour gérer la crise du "Brexit". Le Royaume-Uni reste "ouvert pour les affaires" ("open for business) a assuré à Davos le ministre au Commerce extérieur Liam Fox dans une interview à l'AFP, alors que le fleuron japonais de l'électronique Sony a décidé de déménager son siège européen depuis la Grande-Bretagne vers les Pays-Bas. Londres s'offre à Davos une gigantesque affiche clamant que "le libre-échange, c'est super", une initiative qui suscite nombre de commentaires ironiques des banquiers et autres entrepreneurs.

Manque de souffle

"Le business est mondial mais les problèmes sociaux et les réponses sont locaux, nationaux", résume Alain Roumilhac, président de Manpower France, en constatant que cette année la grand-messe de la mondialisation "manque de souffle". "Il n'y a rien de neuf, rien de provoquant. Le réchauffement climatique, l'intelligence artificielle, ce n'est pas nouveau, mais que se passe-t-il concrètement?" dit un banquier européen, croisé dans le funiculaire desservant l'un des hôtels où, dans les salons privés, se négocient nombre de transactions. Plus amer, le secrétaire général d'Amnesty International Kumi Naidoo se demande, comme nombre d'activistes invités par les organisateurs, à quoi sert leur présence. "A Davos, c'est comme si l'on rangeait les chaises longues sur le pont du Titanic pendant que l'humanité coule", a-t-il dit à l'AFP.

AFP

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