Venezuela

L'organisation de l'aide humanitaire se précise

  • Publié le 15 février 2019 à 19:46
  • Actualisé le 15 février 2019 à 20:05

L'organisation de l'aide destinée à la population vénézuélienne par des pays opposés au régime de Caracas s'est précisée jeudi avec l'annonce d'une collecte de 100 millions de dollars et la perspective d'un grand concert humanitaire en Colombie.

"Aujourd'hui (jeudi), 25 pays, unis lors de la conférence sur l'assistance humanitaire au Venezuela organisée par l'OEA, ont promis 100 millions de dollars", a twitté John Bolton, conseiller à la sécurité du président américain Donald Trump, à l'issue d'une réunion de l'Organisation des Etats américains (OEA) à Washington.

Ces fonds iront directement à des centres de collecte d'aide installés près des frontières du Venezuela, au Brésil, en Colombie et sur l'île néerlandaise de Curaçao, a précisé David Smolanksy, coordinateur d'un groupe de travail de l'OEA sur les migrations et les réfugiés du Venezuela.
Plus tôt dans la journée, les Pays-Bas avaient indiqué, via un tweet de leur ministre des Affaires étrangères Stef Blok, avoir décidé de "faciliter la création d'un centre d'aide humanitaire à Curaçao, en étroite coopération avec le président par intérim du Venezuela Guaido et les Etats-Unis".
L'île caraïbe se trouve au large des côtes vénézuéliennes, et les Pays-Bas font partie de la cinquantaine de pays à avoir reconnu l'opposant Juan Guaido en tant que président par intérim du Venezuela ou à le soutenir.

Défi du 23 février

Nicolas Maduro refuse pour l'heure toute aide. Le président socialiste, successeur de Hugo Chavez (1999-2013), voit dans le discours humanitaire un prétexte pour préparer une intervention militaire des Etats-Unis. Il considère ainsi M. Guaido comme une "marionnette" à la solde de Washington.

M. Guaido assure de son côté que l'aide humanitaire entrera au Venezuela le 23 février. Plusieurs tonnes de vivres et de médicaments envoyées par les Etats-Unis sont stockées depuis le 7 février à Cucuta, ville colombienne à la frontière vénézuélienne.
"Il n'y a qu'un gouvernement au Venezuela et on ne peut lui imposer des ultimatums", lui a rétorqué jeudi le ministre des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, entouré de diplomates d'une quinzaine de pays, dont la Russie, la Corée du Nord ou l'Iran, désireux de défendre "les principes de la Charte des Nations unies", actuellement "violés" selon eux.

Il s'est aussi moqué des Etats-Unis, qui imposent selon lui un "blocus" économique au Venezuela et proposent dans le même temps de lui fournir une aide humanitaire. "Je vous tue et je vous donne un cookie", dit en substance Washington, s'est insurgé M. Arreaza.
Si l'aide humanitaire n'entre pas au Venezuela, c'est principalement parce que le pont frontalier de Tienditas, qui relie la ville colombienne de Cucuta à Ureña, reste bloqué par l'armée vénézuélienne. Jeudi à l'aube, les militaires y ont posé de nouveaux conteneurs pour barrer la route.
Et les projecteurs ne sont pas près de s'éteindre sur Cucuta: c'est là que le célèbre homme d'affaires britannique Richard Branson a prévu d'organiser un grand concert, le 22 février.

"Despacito" à Cucuta

Juan Guaido et Leopoldo Lopez, opposant en résidence surveillée, "nous ont demandé de les aider à organiser un beau concert pour attirer une attention mondiale sur cette crise inacceptable", explique le fondateur du groupe Virgin dans une vidéo sur le site internet de l'événement, venezuelaaidlive.com.
"Notre but est de lever 100 millions de dollars en 60 jours et de rouvrir la frontière vénézuélienne pour que l'aide humanitaire puisse enfin parvenir aux millions de personnes qui en ont le plus besoin", est-il écrit sur ce site.
Le Portoricain Luis Fonsi, interprète du tube planétaire "Despacito", le Britannique Peter Gabriel (ex-Genesis), les Espagnols Miguel Bosé et Alejandro Sanz ou la Brésilienne Anitta sont annoncés, aux côtés de figures régionales tels que le Vénézuélien Nacho ou les Colombiens Carlos Vives et Juanes (interprète du succès "La camisa negra"), parmi une vingtaine d'artistes.
Trois jours plus tard, le 25 février, le Groupe de Lima (14 pays latino-américains plus le Canada) se réunira à Bogota, selon la présidence colombienne.
Lors de sa dernière réunion à Ottawa le 4 février, onze de ses 14 membres avaient appelé à un changement pacifique de gouvernement au Venezuela et exhorté l'armée, pilier du régime, à reconnaître Juan Guaido, ainsi qu'à laisser entrer l'aide humanitaire.

AFP

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