Environnement

L'égérie adolescente du climat à Paris pour inspirer la jeunesse française

  • Publié le 22 février 2019 à 16:31
  • Actualisé le 22 février 2019 à 17:27

Après Bruxelles, la jeune égérie suédoise Greta Thunberg, à l'initiative de manifestations de jeunes dans plusieurs pays d'Europe pour l'urgence climatique, est arrivée vendredi à Paris pour inspirer les jeunes Français, pour l'instant peu mobilisés.

Avec plusieurs autres jeunes activistes venus de Belgique, d'Allemagne et de France, l'adolescente a donné une brève conférence de presse place de la République sous le soleil, devant des dizaines de journalistes et en présence notamment de l'actrice Juliette Binoche. "Je n'aurais jamais imaginé que cela devienne si grand et je pense que c?est incroyable", a-t-elle répondu à un journaliste qui lui demandait si elle imaginait un tel mouvement il y a six mois. Avant d'ajouter "nous, les enfants, nous ne devrions pas avoir à faire ça. J'aimerais que les adultes prennent leurs responsabilités". La veille, devant le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, elle a appelé l'UE à se doter d'un objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 80% d'ici 2030, "deux fois plus ambitieux" que l'engagement actuel du bloc au sein de l'accord de Paris.

Mais, impassible, elle a expliqué n'avoir "entendu aucune promesse concrète de la part de dirigeants et de responsables politiques, ils disent simplement qu'ils vont essayer de faire de leur mieux". Alors elle a rejoint les milliers de jeunes Belges - 7.500 selon la police, 12.000 selon son compte Twitter - qui manifestaient dans la capitale, comme tous les jeudis depuis plusieurs semaines. Vendredi, à travers l'Europe, des dizaines d'autres manifestations sont prévues, selon le site internet "Fridays for future". De Düsseldorf à Barcelone en passant par Florence ou Malmö, lycéens, étudiants, jeunes ou moins jeunes sont appelés à rejoindre le mouvement lancé en août, lorsque Greta Thunberg a décidé de sécher les cours tous les vendredis et d'aller s'asseoir devant le Parlement suédois.

En quelques mois, sa renommée a dépassé les frontières suédoises, et la jeune fille aux tresses désormais célèbres a été conviée à prendre la parole devant la 24e conférence de l'ONU sur le climat en Pologne. En janvier, à Davos, c'est à l'élite économique mondiale que Greta Thunberg a demandé de se mobiliser pour parvenir à respecter l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à +2°C, idéalement +1,5°C, par rapport à l'ère préindustrielle. Et le 15 mars, espère-t-elle, c'est à son initiative qu'une "grève pour le climat" mondiale aura lieu.

"Nous ne devrions pas être là"

Vendredi, elle rejoignait à la mi-journée le cortège parisien devant l'Opéra, où se trouvera entre autres Cyril Dion, le réalisateur du documentaire à succès "Demain", qui a appelé sur Twitter "tous ceux qui le peuvent, tous les étudiants qui ont décidé de faire la grève pour le climat" à les rejoindre. Mais la mobilisation française n'a pas encore atteint les chiffres allemands - les manifestations dans ce pays rassemblent chaque semaine souvent plus de 15.000 personnes depuis la mi-janvier -, belges ou australiens. Le 15 février, ils n'étaient que 200 à manifester devant le ministère de la Transition écologique à Paris. Si plus de 80.000 personnes ont défilé fin janvier à l'appel de collectifs citoyens et d'ONG, la mobilisation pour la défense du climat est régulièrement éclipsée par la crise des "gilets jaunes" qui secoue le pays depuis plusieurs mois.

"Il y a eu d'autres mouvements sociaux très présents" en France a expliqué Romaric, un jeune Français présent aux côtés de Greta Thunberg place de la République. "La France est un grand pays et ça prend du temps de se mobiliser. Mais on sent un basculement", a-t-il ajouté, "je pense que dès vendredi prochain on pourra avoir une vraie belle manifestation pour le climat". Avant de filer vers l'Opéra, les jeunes activistes ont souligné qu'ils n'étaient pas là par plaisir. "Nous ne devrions pas être là. Mais vous ne devriez pas être là non plus", ont-ils lancé aux journalistes. "Vous devriez être en train de poser ces questions aux hommes politiques qui ne font rien".


AFP

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