Etats-Unis

Le Congrès enquête sur les accréditations secret-défense à la Maison Blanche

  • Publié le 1 avril 2019 à 23:15
  • Actualisé le 2 avril 2019 à 05:32

La Maison Blanche a délivré des accréditations secret-défense à de proches conseillers de Donald Trump malgré des avis défavorables, a affirmé lundi une puissante commission du Congrès, relançant la controverse sur les risques pour la sécurité nationale au sein de l'administration américaine.

"Environ 25 personnes ont obtenu des habilitations secret-défense ou des autorisations d'accès à des informations touchant à la sécurité nationale malgré des avis défavorables", a indiqué lundi la commission de contrôle de la Chambre des représentants, en rendant public le témoignage de Tricia Newbold, une employée de l'exécutif présentée comme une "lanceuse d'alerte".

Ces 25 personnes ne sont pas identifiées mais la commission a réclamé à la Maison Blanche des informations concernant le processus d'habilitation de plusieurs collaborateurs, dont la fille du président Donald Trump, Ivanka, et son mari Jared Kushner. Jared Kushner, influent conseiller de son beau-père, a longtemps bénéficié d'une accréditation temporaire lui permettant d'accéder aux informations les plus délicates.

La requête des parlementaires concerne également le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche John Bolton, l'un de ses prédécesseurs Michael Flynn ainsi qu'un ancien conseiller présidentiel Rob Porter. Ce dernier a travaillé pendant des mois sans avoir obtenu un feu vert complet des services de sécurité. Il a quitté son poste en février 2018 après avoir été accusé de violences conjugales.

Michael Flynn a plaidé coupable de mensonge pour n'avoir pas révélé des discussions avec l'ambassadeur russe à Washington après l'élection de Donald Trump. Son nom, ainsi que celui de M. Kushner, est apparu dans l'enquête du procureur spécial Robert Mueller qui a conclu à l'absence d'éléments prouvant une coordination entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie en 2016.

Mme Newbold, qui travaille depuis dix-huit ans dans les services administratifs de la Maison Blanche, a été entendue le 23 mars par la commission, a indiqué son président, le démocrate Elijah Cummings.

- Pas d'analyses suffisantes -

Chargée des autorisations de sécurité au sein du service du personnel, Tricia Newbold a mis en garde "contre les risques graves pour la sécurité dont elle a été témoin ces deux dernières années", a poursuivi M. Cummings dans une lettre adressée à la Maison Blanche. L'administratrice a évoqué "un large éventail de problèmes susceptibles de disqualifier (le demandeur), dont une influence étrangère, un conflit d'intérêt, un comportement personnel inquiétant, des problèmes financiers, une consommation de drogue et un comportement criminel".

Ainsi, avec l'un de ses collègues, elle avait émis un avis défavorable concernant un haut responsable de la Maison Blanche car "la vérification des antécédents avait révélé des facteurs disqualifiant importants, concernant une influence étrangère, des activités extérieures et un comportement personnel". L'habilitation avait toutefois été délivrée par le supérieur hiérarchique de Mme Newbold, Carl Kline.

Devant les élus, elle a dit comprendre que ses avis puissent être infirmés tout en faisant part de ses inquiétudes sur le fait "que ces décisions aient été prises sans suffisamment d'analyse, de documentation ou de compréhension globale ni d'acceptation des risques induits". Mme Newbold s'est également inquiétée du nombre élevé d'accréditations temporaires délivrées pour de longues périodes, notamment pour les "informations sensibles compartimentées" (SCI), le plus haut niveau d'habilitation. Plusieurs de ces autorisations temporaires ont finalement été révoquées, a-t-elle souligné.
Elle a indiqué avoir subi des représailles de la part de ses supérieurs pour avoir émis ces refus, notamment une mise à pied sans salaire de quatorze jours décidée fin janvier.

La commission compte adresser une assignation à comparaître à Carl Kline, pour l'interroger notamment sur le "traitement des avis d'habilitations secret-défense pendant son mandat et ses relations avec la lanceuse d'alerte".

AFP

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