Elle est décédée à l'âge de 90 ans

"Réunion de famille" pour dire au revoir à la cinéaste pionnière Agnès Varda

  • Publié le 2 avril 2019 à 16:33
  • Actualisé le 2 avril 2019 à 18:32

Des personnalités de la "famille" du cinéma et des anonymes sont venus rendre un dernier hommage mardi à la Cinémathèque française à Agnès Varda, 90 ans, figure mondiale du 7e Art et pionnière de la Nouvelle Vague, décédée vendredi.

Environ 650 personnes étaient présentes pour cette cérémonie d'adieu, en présence de ses enfants Mathieu Demy et Rosalie Varda Demy, dans deux amphithéâtres combles de la Cinémathèque. Parmi elles, se trouvaient l'actrice et chanteuse Jane Birkin, qui avait fait avec elle le film "Jane B. par Agnès V.", l'actrice Sandrine Bonnaire, qui avait joué l'héroïne de "Sans toit ni loi", l'artiste JR, qui avait coréalisé avec elle en 2017 l'un de ses derniers documentaires, "Visages, villages".

Les acteurs Guillaume Canet et Laetitia Casta, le ministre de la Culture Franck Riester, la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux et son président Pierre Lescure ou encore le président d'Unifrance Serge Toubiana étaient également là.

"Ce n'est pas un hommage mais une réunion de famille autour de cette ?uvre si riche qui aide à penser et à réfléchir", a souligné le directeur de la Cinémathèque française Frédéric Bonnaud, saluant en Agnès Varda "une des cinéastes qui s'autorisent tout", qui "faisait cinéma de tout et de tous, pour tous".

"Sa famille de cinéma, c'était Godard, Resnais, Chris Marker, (Jacques) Demy", dont elle a été la compagne pendant 30 ans, a-t-il ajouté. "Agnès était du côté des expérimentateurs et des essayistes". Ponctué d'extraits de films, l'hommage a débuté par la diffusion de quelques minutes de l'emblématique "Cléo de 5 à 7" (1962), alors que les personnes rassemblées étaient invitées à porter un badge avec un dessin représentant la cinéaste, illustration qui figurait sur un récent coffret DVD de ses documentaires.

Le ministre de la Culture a rendu hommage à celle qui avait reçu un César d'honneur en 2001 et un Oscar d'honneur en 2017, saluant "une femme exceptionnelle et lumineuse" et une "vigie des inventions du cinéma", qui "a inspiré toute une génération".

Bouleversée, la voix brisée, Sandrine Bonnaire s'est adressée à Agnès Varda. "Quand je t'ai rencontrée, j'étais une fleur. Après ce film que nous avons fait ensemble, je suis devenue un arbre, je me suis enracinée dans ce métier", s'est-elle rappelée, longuement applaudie.
JR a, lui, raconté sa première rencontre avec Agnès Varda et de nombreux souvenirs artistiques. "C'était une artiste pleine de vie. On a oublié toute différence d'âge. On était deux artistes qui voulaient créer ensemble. Elle était ma pote".

Thierry Frémaux a remercié la réalisatrice notamment "pour ses invitations aux voyages", pour "avoir réinventé le cinéma" et pour "ses films modestes qui sont tous de grandes oeuvres", tandis que Jane Birkin a clôturé cet hommage par une émouvante interprétation a capella de sa chanson "L'Amour de moi".

En forme de dernier au revoir, la salle a fait une longue standing ovation devant une photo de la cinéaste de dos, assise sur un fauteuil de metteur en scène entouré de mouettes.

Ses obsèques auront lieu à 14H00 au cimetière du Montparnasse à Paris, où elle rejoindra Jacques Demy. Femme de convictions ayant bâti une ?uvre originale, souvent pionnière, à la frontière entre documentaire et fiction, Agnès Varda avait obtenu un Lion d'or à Venise en 1985 pour "Sans toit ni loi" et le César du meilleur documentaire en 2009 pour "Les plages d'Agnès".

Elle laisse une oeuvre onirique, humaniste, radicale mais aussi fantaisiste et drôle.

AFP

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