Cinq personnes sont mortes

Intoxications mortelles dans un Ehpad: la ministre de la Santé sur place, des plaintes en préparation

  • Publié le 2 avril 2019 à 11:43
  • Actualisé le 2 avril 2019 à 11:50

La ministre de la Santé Agnès Buzyn se rend mardi à la maison de retraite de Lherm, près de Toulouse, où cinq résidents ont trouvé la mort à la suite d'une probable intoxication alimentaire alors que des familles de victimes veulent porter plainte.

"J'ai décidé de me rendre sur place. Nous devons comprendre les circonstances de ce drame", survenu dimanche soir, a annoncé la ministre sur Twitter lundi soir. Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête pour "homicides involontaires et blessures involontaires" mais les recherches s'annoncent longues en raison de "mesures d'investigations complexes", a souligné le procureur Dominique Alzeari.

Des prélèvements en vue d'analyses toxicologiques et biologiques ont été réalisés et l'autopsie des victimes rapidement pratiquée.
Les personnes décédées, résidents de l'Ehpad privé "La Chêneraie" à Lherm, sont quatre femmes âgées de 72 à 95 ans et un homme de 93 ans.

Lundi en fin d'après-midi, 19 personnes restaient sous surveillance médicale "dont 16 en urgence relative sans que le pronostic vital de l'une d'elle ne soit engagé", selon le procureur. Trois d'entre elles ont ensuite regagné l'Ehpad, selon l'ARS. Huguette Héroux a expliqué mardi matin que sa belle-mère était "toujours hospitalisée mais elle est hors de danger". "On n'a aucune information de plus (sur ce qu'il s'est passé). Rien du tout...", a-t-elle regretté.

"On n'attend pas grand chose (de la visite d'Agnès Buzyn), je ne vois pas ce qu'elle peut apporter de plus pour l'instant, à part peut-être rassurer et soutenir ceux qui ont perdu un parent", a-t-elle ajouté.

- Repas sur place ? -

Les investigations doivent notamment déterminer si les repas étaient préparés en interne ou apportés de l'extérieur. L'établissement, qui fait partie du Groupe Oméga, repris par le groupe Korian le 18 février, "produit les repas sur place avec ses propres équipes de cuisine", a assuré très vite lundi Korian, numéro un européen des maisons de retraite dans un communiqué.

Version réaffirmée mardi par la maison de retraite: "Nous confirmons que tous les plats servis aux résidents de la Chêneraie sont cuisinés sur place par le chef cuisinier et son équipe, salariés de l'établissement, à partir de denrées livrées par des fournisseurs locaux". "Depuis lundi, pour les besoins de l'enquête et des analyses, la cuisine est sous scellés. En conséquence, la direction de la Chêneraie a demandé à titre exceptionnel à la société Sodexo de l'approvisionner en plats préparés qui sont réchauffés sur place", selon un communiqué.

"Par mesure de précaution, aucune préparation d'aliments ne sera plus réalisée sur place tant que les résultats des analyses ne seront pas connus", précise l'établissement. Une version qui semble confortée par l'Agence régionale de santé (ARS) Occitanie: "Nous n'avons pas eu connaissance du fait que le repas de dimanche soir ait été apporté de l'extérieur" et "dans une période récente, de signalements ou de plaintes, qui soient significatifs, même si cela ne préjuge de rien", a indiqué à l'AFP lundi soir son directeur général, Pierre Ricordeau.

- "Repas spéciaux" -

Mais Alain Lapeyre, fils d'une nonagénaire décédée, a affirmé à la presse que le dîner incriminé avait été livré de l'extérieur, précisant que l'information lui avait été donnée par le médecin traitant de l'établissement.

Une autre parente, Marie, dont le père de 78 ans n'a pas été intoxiqué, a confirmé avoir eu la même information. Le problème est survenu "apparemment sur des repas spéciaux, des repas mixés pour personnes en fin de vie", a pour sa part affirmé Chantal, fille d'un couple résident indemne.

Alain Lapeyre, tout comme Mme Héroux, ont indiqué qu'ils allaient porter plainte. "Je suis très en colère, c'est inadmissible" , a lancé M. Lapeyre à la presse, relevant que la famille payait "pas loin de 3.000 euros par mois" pour la prise en charge de leur mère, pensionnaire depuis dix ans pour Alzheimer.

Ouvert en 2006, la Chêneraie hébergeait 82 résidents, dont 17 personnes en unité protégée (souffrant de la maladie d'Alzheimer ou de maladies apparentées), selon l'ARS.

AFP

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