Venezuela

L'Assemblée constituante donne son feu vert aux poursuites contre Guaido

  • Publié le 3 avril 2019 à 09:40
  • Actualisé le 3 avril 2019 à 10:06

L'Assemblée constituante vénézuélienne, acquise au chef de l'Etat Nicolas Maduro, a approuvé mardi la levée de l'immunité parlementaire de l'opposant Juan Guaido, reconnu président par intérim par plus d'une cinquantaine de pays, permettant ainsi la poursuite de la procédure pénale engagée à son encontre.

D'un vote à main levée, l'Assemblée constituante a approuvé à l'unanimité la "poursuite de la procédure pénale" lancée contre Juan Guaido, député de centre droit et président du Parlement, par la Cour suprême, a annoncé le président de la Constituante Diosdado Cabello.

"Nous agissons en conformité avec la Constitution", a-t-il ajouté.
"Rien ne nous arrêtera", a assuré de son côté Juan Guaido, dans une allocution devant ses partisans et des journalistes, peu après l'annonce de la mesure prise à son encontre.
"Le peuple est déterminé et rien ne nous arrêtera", a-t-il dit ajoutant qu'il n'y avait "aucune marche arrière dans ce processus".

L'Assemblée constituante remplace dans les faits le Parlement, seul organisme contrôlé par l'opposition et que préside Juan Guaido.
La levée de l'immunité parlementaire de Juan Guaido, qui s'est déclaré président par intérim le 23 janvier à la surprise générale, avait été adressée par la Cour suprême à la Constituante lundi.
Il lui est reproché de ne pas avoir respecté une interdiction de sortie du territoire. M. Guaido avait bravé cette décision prise le 29 janvier par la Cour suprême en quittant clandestinement le pays pour effectuer une tournée en Colombie, au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Equateur, de fin février à début mars.
"Parfois, la loi tarde, mais dans ce cas-ci elle arrive", a lancé Diosdado Cabello à l'issue du vote de la Constituante mardi soir.

Tant la Cour suprême que l'Assemblée constituante sont jugées comme acquises au pouvoir en place par l'opposition, tous leurs membres ayant été désignés par le chavisme, du nom du défunt président Hugo Chavez (1999-2013).
Si la décision de l'Assemblée constituante pourrait, en théorie, aboutir à la présentation devant la justice ordinaire de Juan Guaido, il est difficile d'anticiper ses conséquences concrètes dans ce pays où personne ne reconnaît la légitimité de personne.
Avec le vote de l'Assemblée constituante, la Cour suprême va poursuivre la procédure judiciaire contre M. Guaido.

"Inquisition"

Plus tôt mardi, ce dernier avait dit sa crainte d'être arrêté dans les prochains jours, dans le cas où son immunité parlementaire serait effectivement levée.
"Ils peuvent essayer de m'enlever", avait-il déclaré à des journalistes au sujet du pouvoir en place.
"Vous savez comment agit le régime. Ce n'est même plus de la persécution, c'est l'inquisition", avait estimé l'opposant de 35 ans, qui ne reconnaît pas la sanction de la plus haute juridiction vénézuélienne.

Les Etats-Unis ont déjà mis en garde Caracas à plusieurs reprises contre toutes représailles à l'encontre de celui qu'ils considèrent comme le chef de l'Etat légitime du Venezuela.
Plus d'une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis l'ont reconnu comme tel, estimant illégitime le deuxième mandat de Nicolas Maduro après des élections considérées comme frauduleuses.
M. Maduro, qui dénonce une tentative de coup d'Etat orchestrée par l'opposition avec le soutien de Washington, est soutenu par la Russie et la Chine.

Ce rebondissement intervient dans un contexte économique et social très tendu au Venezuela, pays de 30 millions d'habitants, qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde.
Le Venezuela a vécu sa pire panne d'électricité au début du mois de mars. Et depuis huit jours des pannes de courant intermittentes le plongent dans le noir à intervalles réguliers et créent de graves problèmes de distribution d'eau.

Ces coupures sont dues à des "attaques terroristes" dans le cadre d'une "guerre électrique déclenchée pour rendre fou le pays", estime le président Maduro.

L'opposition et des experts du secteur estiment que ces coupures de courant sont dues au manque d'investissements dans les infrastructures.
Outre les coupures d'électricité, le Venezuela souffre de graves pénuries de toutes sortes, que Nicolas Maduro attribue aux sanctions financières imposées par Washington.

AFP

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