Justice

Philippe Gillet condamné à 22 ans de réclusion pour le meurtre de son ex-petite amie

  • Publié le 4 avril 2019 à 02:28
  • Actualisé le 4 avril 2019 à 04:53

Philippe Gillet, exploitant agricole de 46 ans, a été condamné mercredi par la cour d'assises des Ardennes à 22 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son ex-petite amie, disparue en 2013, et acquitté de celui de son épouse en 2012.

L'avocat général avait requis trente ans de réclusion criminelle, pour le meurtre de son épouse Céline Gillet et l'assassinat de son ex-petite amie Anaïs Guillaume dont le corps n'a jamais été retrouvé, assassinat requalifié en meurtre par la cour qui n'a pas retenu la préméditation.

"Je n'aurais jamais fait de mal à la mère de mes enfants", a déclaré Philippe Gillet à l'issue des huit jours d'audience, avant que la cour ne se retire pour délibérer. Tout au long du procès, il a rejeté avec la même détermination toute responsabilité dans la disparition d'Anaïs Guillaume.

L'accusé a toujours assuré que sa femme Céline, 34 ans, était morte écrasée par une vache en janvier 2012. Un "pseudo-accident" aux yeux de l'avocat général, Jacques Louvier, qui s'est appuyé sur les auditions des experts vétérinaire et légiste. Pour lui, le mobile de ces homicides réside dans le fait que les deux femmes voulaient quitter l'exploitant agricole de 46 ans, dernière personne à les avoir vues vivantes.

Jacques Louvier a dessiné dans son réquisitoire le scénario du meurtre: une dispute avec son épouse à cause de la relation de Philippe Gillet avec son ex-petite amie Anaïs Guillaume, suivie de coups mortels à la face.

Au sujet de la disparition d'Anaïs Guillaume en avril 2013, l'avocat général a placé la téléphonie au coeur de son argumentation.
"Philippe Gillet a inventé un échange fictif de SMS entre lui et Anaïs" en utilisant la puce de Céline, qu'il avait gardée, a estimé l'accusation. "Le but était de faire croire qu'Anaïs était toujours vivante."

Selon l'avocat général, l'achat par Philippe Gillet de 50 kg de chaux vive la veille de la disparition d'Anaïs signait la préméditation : "cette faible quantité de chaux était insuffisante pour des travaux agricoles. Mais elle était suffisante pour faire disparaître un corps de 62 kg".

"Aucun élément sérieux ne peut écarter le doute raisonnable. Vous devez acquitter Philippe Gillet", a lancé à la cour Me Ghislain Fay, concernant le meurtre de Céline Gillet. Le conseil de l'accusé a écarté d'un revers de main les déclarations des experts : "seuls les rumeurs, les ragots, viennent étayer le fait que Philippe Gillet soit responsable de la mort de son épouse".

Me Guillaume Combes, son deuxième avocat, chargé du volet de l'assassinat d'Anaïs Guillaume, a demandé aux jurés de juger en leur âme et conscience, sans demander formellement l'acquittement. "Rien ne vient démontrer le décès d'Anaïs Guillaume. Il n'y a pas de corps, pas de sang. Rien ! Les gendarmes n'ont rien trouvé", a-t-il plaidé.

La manipulation des téléphones évoquée par l'accusation ? "C'est un dysfonctionnement du téléphone qui fait qu'il change de puce", répond Me Fay. L'étranglement d'Anaïs évoqué par l'enquêteur en chef au premier jour du procès ? "Rien ne le prouve. Rien ne prouve le contraire", a dit Me Combes.

En France, une femme meurt en moyenne tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-compagnon.

AFP

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