Ils ont 18 et 19 ans

Journaliste tuée en Irlande du Nord: deux jeunes hommes interpellés

  • Publié le 20 avril 2019 à 15:20
  • Actualisé le 20 avril 2019 à 15:25

La police nord-irlandaise a annoncé samedi l'arrestation de deux jeunes hommes dans l'enquête sur la mort de la journaliste Lyra McKee, tuée par balle lors d'émeutes à Londonderry, rappelant les heures sombres des "Troubles" qui ont ensanglanté la province britannique.

Agés de 18 et 19 ans, ils sont détenus en vertu de la législation antiterroriste et ont été conduits dans un poste de police à Belfast pour y être interrogés, a précisé la police d'Irlande du Nord (PSNI) sur Twitter. La police a également lancé un appel à témoins et diffusé vendredi soir des images de caméras de surveillance d'un homme au visage masqué, à couvert derrière un mur, semblant tirer avec une arme de poing en direction de la foule et de la police.

"Les gens ont vu le tireur", a déclaré un des enquêteurs, Jason Murphy, dans un communiqué. "Les réponses à ce qui s'est passé (...) se trouvent au sein de la population locale. Je demande aux gens de faire ce qu'il faut pour Lyra McKee, pour sa famille et pour la ville de Londonderry, et de nous aider à arrêter cette folie".

Selon la police nord-irlandaise, Lyra McKee, 29 ans, a été tuée par un homme qui a ouvert le feu contre des policiers qui intervenaient dans la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier de Creggan, où une cinquantaine d'engins incendiaires ont été lancés contre la police et deux véhicules incendiés.

La journaliste est décédée à l'hôpital des suites de ses blessures, a ajouté la police, en rendant responsables "des dissidents républicains violents" et "très probablement la Nouvelle IRA", groupe dissident de l'historique Armée républicaine irlandaise.

- Emeutes "orchestrées" -

Selon la presse britannique, les enquêteurs estiment que ces violences ont été déclenchées à la suite d'un raid de la police dans des logements de Creggan.
"Ces émeutes étaient clairement orchestrées", a déclaré sur la BBC le prêtre Joseph Gormley, qui a administré à la défunte les derniers sacrements. "Il y a un petit groupe de personnes gens qui veulent jouer à des jeux politiques avec nos vies".

Selon l'agence littéraire Janklow & Nesbit, Mme McKee est née à Belfast et avait beaucoup écrit sur le conflit nord-irlandais et ses conséquences. Un rassemblement public s'est tenu vendredi à Creggan en hommage à la journaliste, dont la mort a suscité une forte émotion dans la région, et au-delà.

"Le meurtre de Lyra McKee et les violences (...) m'ont brisé le coeur", a tweeté l'ancien président américain Bill Clinton qui avait joué un rôle clef dans la signature de l'accord du Vendredi Saint de 1998. Cet accord a mis fin aux "Troubles" qui ont déchiré la province britannique pendant trois décennies. Ces violences, opposant républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l'Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique, avaient fait quelque 3.500 morts.

- Paix "fragile" -

"Le meurtre tragique de Lyra McKee (...) nous rappelle à quel point la paix est encore fragile. Nous devons tous ?uvrer pour préserver les acquis de l'accord du Vendredi Saint", a souligné de son côté Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne sur le Brexit, un dossier dans lequel la frontière irlandaise constitue toujours un point d'achoppement.

Ces violences sont intervenues en amont du week-end de Pâques, au cours duquel les Républicains célèbrent le soulèvement survenu à travers Dublin en 1916, qui avait abouti à la proclamation d'une république d'Irlande, le lundi de Pâques.

Située à la frontière avec la République d'Irlande, Londonderry - appelée Derry par les Républicains qui refusent le rattachement à la Grande-Bretagne - est tristement célèbre pour le "Bloody Sunday" du 30 janvier 1972. Des soldats britanniques avaient ouvert le feu sur des participants à une marche pacifique, faisant 14 morts. En janvier, l'explosion d'une voiture piégée à Londonderry avait déjà fait craindre une nouvelle flambée de violence venant des groupes paramilitaires.

AFP

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