Après l'incendie

Premiers secours à Notre-Dame: les professionnels dressent une feuille de route

  • Publié le 26 avril 2019 à 14:28
  • Actualisé le 26 avril 2019 à 15:57

Notre-Dame de Paris ne sera pas sécurisée avant la fin de l'été: les professionnels des bâtiments historiques, en plein travail pour protéger la cathédrale, préviennent qu'il faudra des mois avant de pouvoir même travailler au diagnostic préalable à la restauration.

"On n'est pas dans la phase des travaux de reconstruction, on est dans la phase des travaux de sauvetage", a souligné vendredi Gilles de Laâge, l'un des présidents du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH). Une dizaine de jours après l'incendie de Notre-Dame et la résonance mondiale qu'il a eu, architectes, enquêteurs et experts enchaînent visites et réunions techniques sur les effets du feu et de l'eau ainsi que l'origine du sinistre.

Parmi les acteurs à l'oeuvre sur place, figurent plusieurs entreprises du GMH. Elles étaient déjà en charge de la rénovation de la flèche d'où est parti le feu. Ce sont maintenant elles qui assurent la sécurisation du site. Celle-ci prendra "une durée (...) de quatre mois", a estimé l'autre président du GMH, Frédéric Létoffé, notant qu'il s'agissait d'une estimation approximative.

La protection, à laquelle travaillent quelque 80 personnes, consiste d'abord en la mise en place d'un parapluie, achevée cette semaine, pour protéger le site des intempéries.
Ensuite, le coeur du travail consistera à installer un réseau de poutres au-dessus et en dessous de la voûte, afin notamment d'éviter un écroulement. "Elles vont rester un certain temps parce qu'elles vont aussi servir (...) d'accès pour travailler sur les voûtes", a détaillé M. Létoffé.

Pour permettre leur installation, quelque 1.000 mètres carrés de vitraux sont en train d'être enlevés par des entreprises spécialisées. A partir de la semaine prochaine, doit aussi commencer le retrait des gravas, d'autant plus long qu'ils seront examinés attentivement par la police pour déterminer les causes de l'incendie. C'est seulement après ces premiers secours que pourra être envisagé l'état des lieux qui servira de base à la reconstruction. Sur ce diagnostic, les professionnels se montrent prudents, s'abstenant de fournir un calendrier.

- Incertitudes sur la voûte -

Ils soulignent à quel point l'incertitude règne sur l'état réel de la cathédrale, en premier lieu sa voûte, à la fois fragilisée par l'incendie et l'eau qui a été déversée pour l'éteindre. "On ne sait pas l'état structurel des voûtes" dont certains éléments "menacent de tomber", a souligné M. Létoffé. "On ne peut pas connaître l'état des maçonneries, on ne peut pas le voir par en dessous."

Ces remarques font écho à des craintes exprimées cette semaine par d'autres experts: interrogé par le site Batiactu, un spécialiste de la mécanique et du bâtiment, le professeur Paolo Vannuci, s'est inquiété du fait que la structure de la cathédrale était devenue bien moins résistante aux vents. Si les professionnels de la restauration adoptent dans l'ensemble un ton prudent, ils modèrent en revanche leur position exprimée immédiatement après l'incendie quant au délai total de reconstruction. Ils tablaient alors sur dix à quinze ans.

"On peut aller plus vite mais il faut que tout le monde se donne les moyens", a estimé M. Létoffé, jugeant qu'il s'agissait avant tout de simplifier les procédures administratives. C'est qu'entre ces deux prises de position, le président Emmanuel Macron a tranché pour une reconstruction en cinq ans. Le gouvernement doit présenter rapidement un projet de loi à l'Assemblée nationale pour tenir ces délais.

"Cela reste un pari", a jugé M. Laâge, estimant "tout à fait possible" de rouvrir d'ici à cinq ans l'intérieur de la cathédrale même si l'ensemble n'était pas reconstruit.
Au passage, il a mis en garde contre le fait de faire un "bouc-émissaire" de l'entreprise Le Bras Frères, qui réalisait le gros de la rénovation et participe donc à la sécurisation.

Le groupe a reconnu cette semaine que certains de ses ouvriers avaient enfreint l'autorisation de fumer sur le chantier, excluant toutefois tout lien avec l'incendie. "L'entreprise Le Bras a été très fortement attaquée", a regretté M. Laâge, se gardant de toute conclusion avant l'issue de l'enquête.

AFP

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