Six mois après le référendum

Les non indépendantistes conservent de peu le Congrès de la Nouvelle-Calédonie

  • Publié le 12 mai 2019 à 18:29
  • Actualisé le 12 mai 2019 à 19:05

Les partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France ont conservé de peu la majorité au Congrès de l'archipel après les élections provinciales dimanche, selon des chiffres transmis par le Haut-commissariat de la République.

Six mois après le rejet de l'indépendance par référendum, la droite non indépendantiste obtiendrait 28 élus sur 54, contre 26 aux indépendantistes, selon les projections faites à partir des chiffres du haut-commissariat.

Ce scrutin crucial ouvrait l'ultime mandat découlant de l'accord de Nouméa.
Après avoir perdu le référendum avec un score de 43,3% bien supérieur aux annonces des sondages, les indépendantistes espéraient surfer sur cette dynamique et prendre les rênes du Congrès et du gouvernement, alors que les nouveaux élus auront la lourde responsabilité d'échafauder avec Paris un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie.
Mandat après mandat, les indépendantistes gagnent du terrain depuis 1998 et disposaient dans le Congrès sortant de 25 élus sur 54.
Dimanche, il s'agissait pour les 169.635 électeurs de renouveler les 76 conseillers des trois provinces, 40 dans la province sud, 22 dans celle du Nord et 14 dans celle des îles Loyauté.

Une liste communautaire des Wallisiens et Futuniens

En tout 25 listes, soit pas moins de 934 candidats, étaient en lice: 11 listes dans la province sud (40 élus), la plus riche et la plus peuplée où se trouve Nouméa (108.516 électeurs), six dans la province Nord (22 élus) et huit dans la province des îles Loyauté (14 élus).

Le résultat est marqué par un net retournement à droite. Calédonie Ensemble, parti de droite modérée, qui dirigeait la province sud et le gouvernement, essuie une cinglante défaite au profit de son rival L'Avenir en confiance.
Cette liste réunissait trois partis proches de LR, qui avaient décidé d'enterrer la hache de guerre au lendemain du référendum. L'Avenir en confiance remporte 18 élus au Congrès et 20 élus sur 40 à la province sud.
Dans cette province, l'Eveil océanien, liste communautaire des Wallisiens et Futuniens, fait une entrée remarquée dans le paysage politique, en décrochant 4 élus. Son leader Milakulo Tukumuli a indiqué dimanche soir que des discussions étaient déjà en cours avec L'Avenir en confiance.

"Le plus important est que le Congrès reste à majorité loyaliste. Il y a eu un électrochoc au référendum, la majorité des Calédoniens ont montré qu'ils veulent rester français", a déclaré Mme Sonia Backés de L'Avenir en confiance. Elle a indiqué vouloir "envisager une majorité possible" avec CE.
De son côté, CE dont l'homme fort est le député Philippe Gomes (UDI) dégringole de 15 à 7 élus au Congrès et de 16 à 9 dans la province sud.
"Notre message d'équilibre et de respect de l'adversaire a eu des difficultés à être audible dans un contexte qui s'est radicalisé. Un discours plus dur vis-à-vis des indépendantistes et une conjoncture économique difficile se sont conjugués", a déclaré Philippe Gomes, tête de liste CE dans le Sud.

Processus de décolonisation

Plusieurs petites listes ont également grignoté son électorat.
Côté indépendantiste, les province du Nord et des îles Loyauté restent entrent les mains des deux poids lourds du FLNKS : l'Union Nationale pour l'Indépendance (UNI) et l'Union Calédonienne (UC).
L'UNI du président sortant Paul Néaoutyine arrive en tête dans le nord avec 10 élus sur 22 et 9 à l'UC.
Dans les îles Loyauté, l'UC emporte six sièges sur 14, tandis que les 8 sièges restant se répartissent entre trois autres listes indépendantistes. Les loyalistes n'y ont plus d'élus depuis 2009.
"On est dans un processus (de décolonisation, ndlr). Nous on continue de dérouler, on est dans le temps long", a déclaré sur la télévision Caledonia, Roch Wamytan, tête de liste FLNKS dans le sud.

Pour les indépendantistes, "la seule porte de sortie de l'accord de Nouméa est la pleine souveraineté" et ils veulent aller "jusqu'au bout" du texte, qui prévoit l'organisation d'un deuxième et éventuellement d'un troisième référendum en 2020 et 2022.
La mouvance LR veut organiser "au plus vite" les prochains référendums, espérant de son côté améliorer le score des pro-français et discuter ensuite "avec fermeté" avec le FLNKS.
Enfin, CE considère qu'il "ne sert à rien" de poser encore deux fois la même question " et prône un référendum "d'avenir partagé" sur une solution "de souveraineté dans la République". Ce scénario a peu de chances d'aboutir compte tenu du revers électoral essuyé par CE.

AFP

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