Face à la montée du taux d'ozone

A Paris, une circulation différenciée plus stricte et décidée plus vite

  • Publié le 25 juin 2019 à 17:47
  • Actualisé le 25 juin 2019 à 18:03

Face à la montée du taux d'ozone en région parisienne, le gouvernement a décidé que la circulation différenciée serait mise en place de façon "beaucoup plus rapide" qu'auparavant et que davantage de véhicules se verraient interdire de circuler dans la métropole les jours de forte pollution.

L'accès à l'agglomération parisienne sera alors interdit aux voitures diesel antérieures à fin 2010 et aux voitures essence antérieures à fin 2005 (vignettes Crit'Air 4, 5 mais aussi désormais 3).

Cette annonce intervient alors qu'une vague de chaleur d'une précocité sans précédent frappe la France cette semaine, avec des températures qui pourraient dépasser les 40°C. Au delà de cette canicule, cette mesure concernera à l'année les autres principaux polluants (dioxyde d'azote et particules en suspension dans l'air générées en ville essentiellement par les transports).

"Il faut regarder la réalité en face, qui est celle de l'augmentation de la pollution de l'air lorsqu'il y a une vague de chaleur, une canicule, comme celle que nous connaissons aujourd'hui", a déclaré mardi le ministre de la Transition écologique François de Rugy, venu visiter les locaux d'Airparif, qui surveille la qualité de l'air de la région. Il était accompagné de la ministre des Transports Elisabeth Borne et du préfet de police de Paris Didier Lallement.

Airparif a annoncé peu après que le seuil d'information pour la pollution à l'ozone devrait être dépassé mercredi en Ile-de-France. Ce seuil est atteint lorsque l'ozone atteint 180 microgrammes par mètre cube sur une heure, tandis que le seuil d'alerte est fixé à 240 µg par m3.
Par réaction chimique des polluants à la chaleur, les températures élevées entraînent une augmentation du taux d'ozone.

Le "nouveau dispositif" annoncé par François de Rugy, qui était en préparation avant la survenue de cette canicule, prévoit que la circulation différenciée sera désormais déclenchée "automatiquement" si le seuil d'information sur un polluant est dépassé pendant deux jours au moins, ou dès que le seuil d'alerte est atteint.

Son déclenchement n'était pas obligatoire jusqu'alors et il était laissé à l'appréciation des préfets. Ce que déplorait de façon persistante la maire PS de Paris Anne Hidalgo qui réclamait une plus grande réactivité aux épisodes de pollution.
Dès lundi, elle a demandé que soit mise en place la circulation différenciée à partir de mercredi. Le président de la métropole lyonnaise a fait de même.

- "Volonté politique" -

Pour le préfet de police de Paris, "ce qui change complètement l'approche du sujet, c'est la volonté politique exprimée par les deux ministres. Car jusqu'à présent, les textes le permettaient". "Il est vrai que ce sont des sujets difficiles qui sont toujours, pour celui qui signe, le préfet de police, un peu compliqués. Dès lors que cet appui politique est manifeste et que la volonté est explicite, nous allons, dès que les seuils d'alerte seront atteints, mettre en place la circulation différenciée à l'intérieur du périmètre de l'A86", a indiqué Didier Lallement, nommé en mars dernier.

Les conditions de circulation des véhicules, en fonction des vignettes Crit'Air, seront durcies, pour une meilleure "efficacité". Seuls les véhicules ayant une vignette Crit'Air 0, 1 et 2 pourront se frayer un chemin dans la capitale les jours de circulation différenciée. L'accès à l'agglomération parisienne était jusqu'alors uniquement interdit aux voitures diesel antérieures à 2005 et aux voitures à essence antérieures à 1997 (vignettes Crit?Air 4 et 5) lors des pics de pollution.

Cette mesure concernera un tiers des véhicules en circulation et permettra de réduire les émissions de polluants d'environ deux tiers, selon le ministre. "A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles", a déclaré François de Rugy.

Le nouveau dispositif sera déployé dès cette semaine par le préfet de police de Paris si les niveaux d'ozone constatés ou prévus le justifient. "On ne peut pas exclure que cela soit rapide. Je ne tergiverserai pas (...) pour prendre ma décision", a promis Didier Lallement.

Les deux ministres ont demandé par ailleurs qu'une telle "automaticité" soit mise en oeuvre dans l'ensemble des grandes agglomérations françaises confrontées au risque de pollution, en lien avec les élus locaux concernés.

Le projet de loi d'orientation des mobilités, qui vient d'être adopté par l'Assemblée nationale en première lecture, prévoit de rendre systématique la prise de mesures de restriction de circulation en cas de pic de pollution.
AFP

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