Pour discuter d'un cessez-le-feu

Poursuite du dialogue politique sur l'avenir de l'Afghanistan à Doha

  • Publié le 8 juillet 2019 à 21:42
  • Actualisé le 9 juillet 2019 à 05:46

Talibans et divers hauts responsables afghans se sont retrouvés lundi à Doha pour discuter d'un cessez-le-feu et tenter d'avancer sur les droits des femmes, dans le cadre d'un dialogue politique sur l'avenir de l'Afghanistan.

Co-organisée par le Qatar et l'Allemagne, cette rencontre, qui a débuté dimanche, devait s'achever tard lundi soir. Elle survient au moment où les Etats-Unis cherchent à se désengager d'Afghanistan, après 18 ans d'intervention militaire, soit la plus longue guerre de leur histoire. Quelque 70 délégués afghans sont présents à Doha: outre les talibans, des membres du gouvernement et des élites politiques, dont des opposants, des représentants de la société civile et des médias ainsi que des femmes.

L'envoyé spécial du Qatar pour l'antiterrorisme, Mutlaq al-Qahtani, a fait état de "progrès" réalisés par chaque partie. "D'ici à la fin de soirée, nous pourrons arriver à une conclusion positive acceptable pour chacun", a-t-il déclaré à l'AFP. "Nous sommes franchement surpris du sérieux des deux camps et de leur engagement à mettre un terme à ce conflit".
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'était réjoui dimanche de la tenue de ce dialogue et a loué "le gouvernement (afghan), la société civile, les femmes et les talibans" pour leur participation.

Washington met les bouchées doubles afin d'arracher un accord politique avec les talibans avant l'élection présidentielle afghane, prévue le 1er septembre, et ouvrir la voie à un retrait des troupes américaines, arrivées fin 2001, selon les voeux du président Donald Trump.

- "Conditions de la paix" -

Pour les co-organisateurs qataris, l'objectif des discussions est de tracer "une feuille de route pour l'avenir de l'Afghanistan". Il s'agit de la troisième réunion du genre après deux rencontres à Moscou en février puis en mai. "Le but est de négocier pour qu'ils se mettent d'accord entre eux sur les conditions de la paix", a expliqué dimanche à l'AFP le négociateur américain Zalmay Khalilzad.

Les entretiens interafghans se déroulent eux sans la participation directe des Etats-Unis ni la présence officielle de représentants du gouvernement de Kaboul, pourtant reconnu par la communauté internationale. Ces derniers ne sont là qu'"en leur qualité personnelle". Les talibans refusent en effet de négocier avec le président afghan Ashraf Ghani.
Peu d'informations ont filtré de la première journée d'entretiens mais selon une déléguée, Asila Wardak, membre du Haut conseil pour la paix (HPC), une instance de réconciliation afghane, "tout le monde insiste sur un cessez-le-feu".

Tout accord de paix avec les talibans repose sur quatre piliers: un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces américaines, l'assurance que l'Afghanistan ne servira pas de sanctuaire à des groupes insurgés et un dialogue interafghan.

- Femmes et minorités -

Selon la déléguée du HPC Asila Wardak, les talibans ont discuté "du rôle des femmes, de développement économique et du rôle des minorités" dans tout règlement du conflit.
Mme Wardak s'est réjouit de progrès durant les discussions, tout en soulignant que les termes du communiqué final devraient être approuvés par l'ensemble des participants, ce qui pourrait s'avérer compliqué.

La rencontre interafghane survient après un dernier round de négociations directes entre Américains et talibans ces derniers jours à Doha, "le plus productif" à ce jour selon M. Khalilzad. "Nous voulons un Afghanistan stable", a-t-il dit à des journalistes lundi.

Le porte-parole politique des talibans à Doha, Suhail Shaheen, s'est dit également "heureux des progrès" accomplis. Les discussions bilatérales entre Américains et talibans reprendront le 9 juillet après une pause de deux jours. Sur le terrain, les talibans, qui se considèrent en position de force, poursuivent leurs opérations. Un attentat suicide revendiqué par les talibans a fait au moins douze morts et plus de 150 blessés, dont des dizaines d'enfants, dimanche dans l'est de l'Afghanistan.

AFP

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