Italie

Deuxième jour de consultations pour sortir de la crise

  • Publié le 22 août 2019 à 06:15
  • Actualisé le 22 août 2019 à 06:17

L'Italie se lance jeudi dans un deuxième round de consultations pour tenter de trouver une solution à la crise déclenchée par l'explosion de l'instable gouvernement populiste formé par La Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement Cinq Etoiles en juin 2018.

Le président Sergio Mattarella, le maître des horloges qui a la clef du dénouement, continuera ses entrevues avec les formations politiques dont les principales défileront dans son palais du Quirinal de 10H00 (08H00 GMT) jusqu'au soir.

A l'issue de ce ballet, diverses options s'offriront à lui y compris des élections anticipées dès cet automne. Mais, cette perspective ne l'enchante guère car la troisième économie de la zone euro, très endettée et dont la croissance est à l'arrêt, devrait affronter au même moment le périlleux exercice de l'élaboration du budget pour 2020.

Des mesures doivent impérativement être adoptées pour éviter une hausse automatique de la TVA l'an prochain, faute d'avoir auparavant comblé un trou budgétaire évalué à 23 milliards d'euros. La crise italienne "se produit dans une phase critique pour l'Europe avec un risque de récession en Allemagne, l'installation d'une nouvelle Commission à Bruxelles et pourrait contribuer à détériorer sensiblement la confiance dans la zone euro", a estimé Andrea Montanino, chef économiste de la fédération patronale Confindustria.

Le scénario le plus probable est celui d'une nouvelle majorité.

La première formation de gauche, le Parti démocrate (PD), qui représente environ 20% des suffrages, a proposé dès mercredi une alliance au Mouvement 5 Etoiles, lâché par M. Salvini, le 8 août, après 14 mois de mariage. Le M5S n'a pas répondu immédiatement, laissant planer le doute. Même si, compte tenu de son affaiblissement - il est tombé de 32% au printemps 2018 à environ 15/16% - retourner aux urnes dès maintenant serait de l'ordre du suicide, selon les analystes.

Au Parlement toutefois, les Cinq Etoiles sont toujours "le premier parti" disposant d'une "majorité relative" sur laquelle bâtir un nouveau pacte de gouvernement.
Le PD de Nicola Zingaretti a posé cinq conditions pour un mariage de l'ensemble de la gauche avec le M5S, une formation fondée sur le rejet de la vieille classe politique et de la corruption mais traversée par des courants disparates, dont une forte tendance eurosceptique.

Outre "une appartenance loyale à l'Europe", le respect de la "centralité du Parlement", un développement en phase avec l'environnement, un changement de cap radical dans la gestion des migrations et un virage économique vers davantage de redistribution et d'investissements, le PD exige que le prochain exécutif ne soit pas dirigé par le Premier ministre sortant Giuseppe Conte.

Même s'il est très populaire en Italie (avec une cote de 54% en juillet) et que les Cinq Etoiles le considèrent comme un "serviteur de la Nation dont l'Italie ne peut se passer", M. Zingaretti lui reproche d'avoir accepté sans protester pendant ses 14 mois de mandat les diktats anti-migrants de Salvini.

- Majorité extra-large ? -

Les autres noms qui circulent sont ceux du président de la Chambre des députés, Roberto Fico du M5S, jugé trop gauchiste par certains Cinq Etoiles, ou l'ancien juge anti-corruption Raffaele Cantone. Pour favoriser ce rapprochement dont il a eu l'idée, l'ancien Premier ministre Matteo Renzi, qu'une bonne partie des Cinq Etoiles détestent, a déjà dit qu'il resterait en retrait.

Une autre hypothèse verrait la formation d'une majorité extra-large et pro-européenne, rassemblant la gauche et la droite, à la manière des coalitions allemandes.
L'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, ex-Premier ministre, a proposé un tel gouvernement "Ursula", du nom de la nouvelle présidente de la Commission de Bruxelles Ursula von der Leyen.

L'exécutif pourrait être élargi à Forza Italia, le parti de centre-droit de Silvio Berlusconi, pratiquement moribond, mais qui peut offrir de précieux sièges au Parlement. Un peu inquiet que le Cavaliere, arrivé à Rome mercredi soir pour une réunion d'état-major, ne soit tenté par cette bouée de sauvetage, Matteo Salvini a mis en garde son vieil allié: "quiconque s'alliera avec le PD, n'ira plus au gouvernement avec la Ligue".

AFP

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