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Italie : les Cinq Etoiles font monter les enchères pour une coalition avec le PD

  • Publié le 27 août 2019 à 15:49

Le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) a fait monter les enchères mardi, suspendant les pourparlers avec le Parti Démocrate tant que cette formation de centre gauche n'aura pas donné officiellement son feu vert à une reconduction du Premier ministre sortant Giuseppe Conte.


Les deux partis se sont quittés en pleine nuit après quatre heures de tractations tendues pour essayer de constituer dans l'urgence un gouvernement, en remplacement de la coalition entre le M5S et la Ligue de Matteo Salvini, une équation qui inclut un programme commun et un délicat partage des portefeuilles ministériels.
Ils devaient se retrouver à 11H00 (9h00 GMT) pour une réunion a priori décisive dans les bureaux du Premier ministre Conte, mais un communiqué au ton acerbe diffusé mardi matin par le Mouvement 5 étoiles a fait l'effet d'une bombe et provoqué l'annulation de la réunion.
"Après quatre heures de rencontre, nous ne sommes parvenus à rien. On ne peut pas travailler comme ça. Nous reverrons le PD lorsque les organes du parti auront donné leur ok à Conte" pour rester à la tête du gouvernement, a déclaré le M5S. Ajoutant : "cela ne va pas du tout. Dans une phase aussi délicate pour le pays, il n'y a pas de temps à perdre. Au PD, ils ont encore les idées confuses".
Fort de son poids de première formation au Parlement depuis les élections législatives de 2018 (32% des suffrages), le M5S entend peser sur le partage des ministères avec le Parti Démocrate, même s'il joue avec le feu.
- Le PD se fâche -
Andrea Marcucci, qui est à la tête des sénateurs du PD, a ainsi peu goûté l'annulation de la réunion entre M. Conte, le chef du Parti Démocrate Nicola Zingaretti et le patron du M5S Luigi Di Maio, accusant nommément ce dernier de mettre en péril une alliance.
"Ses ambitions personnelles risquent de faire sauter un accord pour donner un nouveau gouvernement au pays", a-t-il prévenu. "Cela fait trois jours que le PD parle de propositions" alors que "le M5S répond uniquement par des ultimatums", a renchéri Paola De Micheli, une dirigeante du PD, pressentie pour un poste de vice-Premier ministre.
Selon les médias, Luigi Di Maio brigue le fauteuil de ministre de l'Intérieur, dans lequel il s'installerait à la place de Matteo Salvini, ce qui constituerait une revanche sur celui qui a mis à mort leur coalition le 8 août, après seulement 14 mois d'une turbulente union. D'autres le voient au ministère de la Défense.
De l'avis de son entourage, Nicola Zingaretti ne met plus de veto au maintien de Giuseppe Conte à la tête d'un nouveau gouvernement. Mais il considère que si M. Conte est reconduit, il ne peut pas être flanqué comme dans le gouvernement précédent de deux vice-Premiers ministres représentant les deux alliés de la majorité mais d'un seul, issu du PD.
Le Parti démocrate aimerait aussi décrocher les portefeuilles de l'Economie et des Affaires étrangères, spéculent les journaux.
- L'échéance du président Mattarella -
Les marchés semblaient parier plutôt sur une entente de dernière minute : la Bourse de Milan était en hausse de plus de 1% à mi-journée tandis que le spread (écart entre les taux d'intérêt italien et allemand) oscillait autour des 200 points de base.
Le temps presse : le président italien Sergio Mattarella va entamer des consultations dès 16H00 (14H00 GMT) et attend au plus tard pour mercredi soir un projet disposant d'une "majorité solide".
Sans accord pour une nouvelle coalition, M. Mattarella convoquerait de nouvelles législatives, sans doute pour le 10 novembre, alors qu'il y est notoirement réticent dans une phase délicate pour la troisième économie de la zone euro, lourdement endettée et à l'arrêt.
De son côté, un peu abattu la veille quand un accord PD-M5S semblait en bonne voie, Matteo Salvini s'est moqué de tractations de dernière minute "non pas sur des projets mais des fauteuils", répétant son appel à retourner aux urnes : "faites vites si vous voulez rassembler tout et le contraire de tout, ou alors allons voter".

Par Ornella LAMBERTI - © 2019 AFP
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