Union européenne

Brexit: Michel Barnier reste inflexible avant un bras de fer politique

  • Publié le 1 septembre 2019 à 16:43
  • Actualisé le 1 septembre 2019 à 17:01

Le négociateur de l'UE Michel Barnier a exclu dimanche de renégocier l'accord de divorce avec le Royaume-Uni, renforçant l'hypothèse d'un Brexit dur le 31 octobre avant un intense bras de fer politique sur le Brexit cette semaine au Royaume-Uni.

Il est hors de question de renégocier le filet de sécurité irlandais (ou "backstop") dont Boris Johnson souhaite délester l'accord de retrait conclu par l'ex-chef de gouvernement Theresa May avec l'UE, a expliqué M. Barnier dans une tribune publiée par le Sunday Telegraph.

Cette disposition prévoit que faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE.

Inacceptable pour Boris Johnson: cela empêcherait le Royaume-Uni de suivre une politique commerciale indépendante, puisqu'il serait toujours soumis à des règles européennes. "Le backstop représente la flexibilité maximale que l'UE peut offrir à un Etat non membre", écrit le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit.

Il souligne que ce dispositif est nécessaire pour préserver l'intégrité du marché unique européen et maintenir ouverte la frontière entre l'Irlande du Nord britannique et la république d'Irlande (membre de l'UE) après le Brexit.
"Je ne suis pas optimiste sur la possibilité d'éviter le scénario d'un +no deal+, mais je reste déterminé à explorer toutes les pistes que le gouvernement britannique présentera et qui sont compatibles avec l'accord de retrait", ajoute-t-il.

Il précise que les discussions sur des alternatives au filet de sécurité irlandais ne pourraient commencer qu'après la ratification de l'accord de retrait sur la table, parallèlement aux négociations sur la future relation entre Bruxelles et Londres.

- Reporter le Brexit? -

Arrivé au pouvoir fin juillet, Boris Johnson a promis de sortir le Royaume-Uni du bloc européen coûte que coûte le 31 octobre, qu'un nouveau compromis ait pu ou non être trouvé avec Bruxelles, afin de respecter la volonté du peuple britannique qui s'est prononcé à 52% en faveur du Brexit par référendum en 2016.
Disant vouloir préparer puis présenter une nouvelle politique nationale, le dirigeant a annoncé mercredi une suspension du Parlement pendant environ cinq semaines dès la deuxième semaine de septembre et jusqu'au 14 octobre.

Mais les opposants à un Brexit dur y voient une manoeuvre pour les empêcher de bloquer une sortie sans parachute. Ils se préparent à engager un bras de fer avec le chef du gouvernement dès la rentrée du Parlement mardi pour une session qui s'annonce des plus houleuses.

Les députés essaieront de légiférer pour empêcher un "no deal". Une motion de censure est aussi envisagée contre le gouvernement, dont la majorité à la Chambre des Communes ne tient qu'à une voix.
"Nous devons tout simplement nous empêcher de sortir sans accord", a déclaré Keir Starmer, le responsable du Brexit au sein du Parti travailliste, principale formation d'opposition. Une telle loi nécessiterait de reporter la date du divorce, selon lui.

- Bataille judiciaire -

En retour, selon le Sunday Times, Boris Johnson n'excluerait pas de convoquer des élections générales, ou de ne pas promulguer une loi empêchant un "no deal". Il envisage aussi de sanctionner les députés conservateurs qui voteraient contre le gouvernement.

L'ex-ministre conservateur de la Justice David Gauke a indiqué sur Sky News qu'il rencontrerait Boris Johnson lundi pour se faire expliquer "son projet afin d'obtenir un accord".

La bataille contre le "no deal" et la suspension du Parlement se déroulera aussi sur le front judiciaire, et dans la rue. Mardi, la plus haute instance civile d'Ecosse examinera sur le fond une demande de députés pro-européens de contrer la suspension. L'ex-Premier ministre conservateur John Major s'est lui joint à une autre action en justice, intentée par la militante anti-Brexit Gina Miller. L'audience est prévue jeudi à Londres.

De nouvelles manifestations sont aussi prévues après que des milliers de Britanniques ont protesté samedi contre le "coup d'Etat" de Boris Johnson.
Le scénario d'un "no deal", très redouté par les milieux économiques, fait craindre le rétablissement de droits douaniers et des pénuries.
"Non, il n'y aura pas de pénurie d'aliments frais", a voulu rassurer Michael Gove, le ministre chargé des préparatifs d'une sortie sans accord, sur la BBC. Il a admis que certains prix monteraient tandis que "d'autres diminueraient".

AFP

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