Immigration

Macron: "La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien"

  • Publié le 25 septembre 2019 à 11:51
  • Actualisé le 25 septembre 2019 à 14:25

Emmanuel Macron estime que "la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien", souhaitant éviter les "débats simplistes" sur ce sujet, dans un entretien à Europe 1 enregistré depuis New York et diffusé mercredi.

"Je crois au vrai + en même temps+ sur la politique migratoire aussi", dit le chef de l'Etat qui assume le débat qu'il a lancé devant les parlementaires de la majorité le 16 septembre. Il plaide pour "être humains et efficaces" et "sortir de certaines postures dans lesquelles nous sommes enfermés", entre "bonne conscience" et "faux durs".

"Pour continuer à accueillir tout le monde dignement on ne doit pas être un pays trop attractif", ajoute-t-il, à quelques jours du débat sur l'immigration programmé à l'Assemblée nationale (30 septembre) et au Sénat (2 octobre).

Quant à l'aide médicale d'Etat (AME) aux immigrés, il souhaite "évaluer" son "panier de soins", s'interrogeant sur la possibilité d'"excès", tout en jugeant que la supprimer serait "ridicule".

"Ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue ou que, en quelque sorte, on ne pourrait la poser que quand il y a des crises", dit-il, soulignant que "la France est un pays de migration de tout temps", et souhaitant aborder ce débat de manière "extrêmement apaisé(e)".

Il reconnaît qu'il "n'a pas réussi à tenir" l'engagement pris à Orléans en juillet 2017 et qu'il y a eu une très forte augmentation du nombre de demandeurs d'asile, en raison d'une insuffisante coopération en Europe.

Il admet aussi un "échec" sur les reconduites à la frontière parce que "les procédures durent trop longtemps". "Au niveau européen, on doit travailler pour véritablement avoir des règles communes d'asile", insiste-t-il.

Emmanuel Macron décline ainsi les axes de la politique à suivre selon lui, d'abord "le plus rapidement possible donner l'asile à ceux qui ont besoin de notre protection". Ensuite, "intégrer beaucoup plus efficacement ceux qui ont droit à l'asile: plus de cours de français, une politique de l'emploi plus forte".

"On doit traiter et protéger tous ceux qui sont sur notre territoire pour eux-mêmes et pour nous, mais là aussi il faut le faire avec raison garder, bon sens, et analyser s'il n'y a pas des excès qui existent, et je crois qu'ils existent dans certaines catégories", poursuit-il.

"Et ensuite on doit reconduire beaucoup plus efficacement les personnes qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire parce qu'elles y sont entrées illégalement".

"Si on arrive à faire ça, je peux vous dire qu'on serait un pays qui est à la hauteur de ses valeurs" et cela constituerait "une opportunité économique", conclut le président de la République, qui ne veut pas d'un "pays dans lequel parfois on ajoute la misère à la misère".

- "Pas de surdité" -

Le sujet revient sur le devant de la scène un an après la promulgation de la loi "asile et immigration", qui avait fait tanguer la majorité tout en étant jugée trop timide à droite.

"Bla bla bla... Il y a 30 ans, Rocard nous disait que nous ne pouvions accueillir toute la misère du monde... Regardez le résultat !", a tweeté mercredi la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.

Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé à "parler de manière apaisée mais en vérité", et "le faire avec nos valeurs", tout en critiquant le bilan en forme d'"échec" d'Emmanuel Macron.

A gauche, Boris Vallaud, porte-parole des députés PS, estime que la France doit "accueillir plus, et mieux", et critique la "forme d'instrumentalisation" du sujet par le président de la République.

"On peut parler mieux que Marine Le Pen sur ces sujets-là", estime en revanche un membre du gouvernement. "On veut montrer qu'il n'y a pas de surdité, de myopie par rapport à ces problèmes-là. (...) La réalité, à travers l'immigration et les demandes d'asile, c'est l'ajout de la précarité à la précarité" qui peut dans certaines situations devenir "insupportable à un territoire", justifie-t-il.

Pour un haut cadre de la majorité, pour qui "ça n'aurait pas de sens de ne regarder que la question de l'AME", "il faut regarder notre système en lucidité". Le débat parlementaire doit permettre de "poser le constat" de "ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas -par exemple le système d'asile européen-", mais aussi bâtir "les grands axes de ce que doit être la refonte d?une politique migratoire", jusqu'à aborder "les dimensions de l'immigration économique".

AFP

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