Deux jours avant une décision de justice

Les vols de la compagnie XL Airways, en difficulté, interrompus

  • Publié le 30 septembre 2019 à 18:54
  • Actualisé le 30 septembre 2019 à 20:18

La compagnie aérienne à bas coûts XL Airways a annoncé lundi la suppression de tous ses vols, deux jours avant une décision de la justice sur une éventuelle reprise ou sa liquidation, dénonçant avec force une concurrence qu'elle juge déloyale.

Cette décision intervient trois jours après l'annonce de la fin d'Aigle Azur par le tribunal de commerce d'Evry, faute de solution de reprise suffisamment solide pour cette compagnie spécialisée dans la desserte du bassin méditerranéen et notamment l'Algérie et qui emploie 1.150 salariés.

XL Airways a fait l'objet de "plusieurs marques d'intérêt appuyées", a indiqué samedi, date limite du dépôt des offres, son avocat Laurent Coltret, soulignant toutefois qu'elles se heurtaient à des problèmes de financement. La compagnie, créée en 1995, emploie 570 collaborateurs et a transporté en 2018 quelque 730.000 passagers avec quatre Airbus A330, tous en leasing. Elle dessert essentiellement l'Amérique du Nord, notamment les États-Unis, les Antilles et La Réunion, mais aussi la Chine.

Placée le 23 septembre en redressement judiciaire, XL Airways a annoncé lundi n'être "plus en mesure d'assurer ses vols" et leur interruption "à compter de lundi à 15H00, dans l'attente" de la décision du tribunal de commerce de Bobigny. Celui-ci doit se prononcer mercredi sur un éventuel repreneur. Trois vols étaient prévus lundi au départ de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, vers la Chine, les États-Unis et Saint-Denis-de-la-Réunion.

XL Airways a estimé lundi ne pas avoir "été en mesure de trouver l'investisseur capable d'accompagner la continuité et le développement" de son "business model" de compagnie à coûts réduits qui "a connu un grand succès jusqu'à ce qu'il soit durement attaqué par une concurrence impitoyable ne disposant pas de règles contraignantes du même ordre que les nôtres". "Elle est depuis trois ans la compagnie la plus attaquée par des concurrents étrangers incroyablement déficitaires et soutenus depuis longtemps par leurs États. Il est désormais évident que nous ne pouvons plus lutter avec les moyens qui sont les nôtres", a-t-elle ajouté.

Le PDG d'XL Airways Laurent Magnin a à plusieurs reprises dénoncé les effets désastreux pour sa compagnie de l'arrivée à Paris de la "low-cost" long-courrier Norwegian et appelé le groupe Air France-KLM à la rescousse.

- "Concurrence débridée" -

Mais vendredi, le directeur général du groupe franco-néerlandais, Ben Smith, a douché les espoirs, expliquant qu'il ne voyait "aucun bénéfice" d'une telle opération pour son groupe et qu'il "n'était pas encore convaincu" par le modèle du low-cost long-courrier. Il a aussi plaidé en faveur d'une consolidation du secteur encore très fragmenté en France.

Plusieurs compagnies, dont la pionnière Norwegian Air Shuttle en 2016, proposent des prix bas sur des liaisons long-courriers transatlantiques au départ de Paris, avec des prix d'appel très attractifs, en misant sur une segmentation de l'offre (bagage en soute, divertissement à bord ou repas payants), des coûts réduits grâce à des synergies entre compagnies d'un même groupe, des avions flambant neufs moins gourmands en kérosène et un coût de la main-d'oeuvre inférieur à celui d'une compagnie classique.

A la mi-septembre Norwegian, elle-même en difficulté, a annoncé avoir obtenu un répit auprès de créanciers qui ont accepté de différer le remboursement d'obligations d'une valeur totale de près de 350 millions d'euros.

Les professionnels du secteur aérien français mettent en cause depuis des années le poids des charges et des taxes qui les handicapent face à leurs concurrent européens, mais aussi ceux du Golfe.

Évoquant la "souffrance du pavillon français" après la liquidation de la compagnie Aigle Azur, XL Airways a espéré lundi "que tous les acteurs français, politiques et industriels se mobiliseront pour répondre à une concurrence débridée dans un pavillon consolidé et résistant".

Le secrétaire d"État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari avait indiqué le 20 septembre, au lendemain de l'annonce par la compagnie de sa situation de cessation de paiement, avoir activé le système d'entraide internationale permettant aux passagers d'XL Airways, bloqués à l'étranger de bénéficier d'une solution de rapatriement.
AFP

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