Le match a été interrompu deux fois

Cris racistes lors de Bulgarie-Angleterre: face au tollé, le patron du foot bulgare démissionne

  • Publié le 15 octobre 2019 à 20:00
  • Actualisé le 16 octobre 2019 à 04:58

Il a fini par céder à la pression. Le patron du foot bulgare a jeté l'éponge mardi, emporté par l'indignation provoquée par les cris de singe et signes nazis adressés par des supporters bulgares aux joueurs anglais noirs lors de Bulgarie-Angleterre.

Pas sûr cependant que son départ ne suffise à apaiser la colère du gouvernement britannique, qui a sommé l'UEFA de se montrer plus ferme pour "se débarrasser une fois pour toutes" du racisme dans les stades.

A l'origine de la tempête, un match conclu par une victoire pourtant écrasante de l'Angleterre (6-0), qui a fait un pas énorme vers la qualification pour l'Euro-2020 lundi soir. Mais la rencontre a dû être interrompue deux fois à cause d'une frange du public présent à Sofia, qui s'en est prise verbalement aux joueurs noirs de l'équipe d'Angleterre: le défenseur Tyrone Mings et les attaquants Marcus Rashford et Raheem Sterling.

Sous la pression de son gouvernement, le président de la fédération bulgare de football, Borislav Mihaylov a présenté mardi sa démission.
Elle sera remise vendredi aux membres du comité exécutif et s'explique par les "tensions survenues ces derniers jours, dommageables au football bulgare et à la fédération du football bulgare", selon sa fédération.

Après la rencontre, M. Mihaylov n'avait pas réagi à la défaite, ni dénoncé les chants racistes ou les gestes nazis qui avaient émaillé la rencontre, quittant le stade avant la fin du match. Mais le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a réclamé sa tête mardi et frappé au porte-monnaie en ordonnant la rupture de tout lien, y compris financier, avec la fédération à la suite de cette "honteuse défaite", jusqu'au départ de M. Mihaylov.

Sur le plan sportif, depuis l'arrivée de ce dernier à la tête de la fédération en 2005, la Bulgarie ne s'est qualifiée pour aucun tournoi majeur. Et dans les tribunes, les débordements ne sont pas nouveaux. Lundi soir, les actes racistes ont eu lieu dans un stade Vassil-Levski déjà frappé d'un huis clos partiel pour ce match en raison d'insultes racistes contre le Kosovo en juin.

- Annuler les matches? -

Les réactions anglaises ont été très vives et visent directement l'UEFA. Dénonçant un "racisme ignoble" et réclamant "une enquête urgente suivie de punitions fermes", le Premier ministre Boris Johnson a appelé l'UEFA à "regarder les faits": "Cette tache sur le football n'est pas traitée de manière adéquate. Il faut débarrasser une fois pour toutes le football du racisme et de la discrimination".

Sous pression, le président de l'UEFA, le Slovène Aleksander Ceferin, a appelé "la famille du football" à "travailler avec les gouvernements et les ONG pour déclarer la guerre contre les racistes", assurant que l'instance appliquait déjà des sanctions "parmi les plus sévères".
En août, Kostiantyn Makhnovskyi, gardien de but ukrainien du club letton du FK Ventspils, a écopé de dix matches de suspension pour "comportement raciste" lors d'un match de tour préliminaire de Ligue Europa.

Malgré cet arsenal, la Fédération anglaise a souligné que ce n'était "pas la première fois que [ses] joueurs sont visés par ce type d'insultes". Plusieurs joueurs anglais avaient déjà subi des injures racistes en mars face au Monténégro.

Lundi soir, le sélectionneur anglais Gareth Southgate a souligné la réactivité des officiels. "Le match a été interrompu deux fois. Je sais que pour certains cela ne sera pas suffisant", a-t-il concédé.

Le secrétaire d'Etat aux Sports Nigel Adams a d'ailleurs regretté qu'on laisse pour l'instant les joueurs réagir par le jeu: "Il est clair que cela ne peut plus durer. L'UEFA ne doit exclure aucune sanction", a-t-il lancé devant le Parlement, dénonçant des "comportements de sous-homme".

Pour le groupe antiraciste Kick It Out, le match aurait dû être arrêté dès lors que les insultes racistes se poursuivaient en seconde période.
"On ne peut plus se contenter d'amendes ridicules ou de courtes interdictions de stades", a-t-il estimé. "Si l'UE veut vraiment s'attaquer à la discrimination (...), des retraits de points ou des expulsions de tournois doivent être mis en place".

AFP

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