Justice

Policiers brûlés à Viry-Châtillon: 13 jeunes jugés à partir de ce mardi

  • Publié le 15 octobre 2019 à 06:54
  • Actualisé le 15 octobre 2019 à 07:06

L'affaire avait profondément choqué, et provoqué un mouvement de colère sans précédent dans la police : le procès de treize jeunes accusés d'avoir gravement blessé des policiers en jetant des cocktails Molotov dans leurs voitures à Viry-Châtillon s'ouvre ce mardi à Evry.

Les faits remontent au 8 octobre 2016. Ce samedi après-midi, deux voitures de police sont postées en face de l'entrée principale de la Grande Borne, une cité à cheval sur les communes de Grigny et Viry-Châtillon (Essonne), considérée comme l'une des plus difficiles d'Ile-de-France.

Les policiers sont garés là pour "protéger" une caméra de surveillance sur poteau, installée pour prévenir les vols à la portière devenus récurrents à ce feu rouge de la départementale qui longe la cité. La caméra dérange les dealers installés de l'autre côté de la route - et par deux fois les week-ends précédents, des jeunes ont essayé de la détruire.

Vers 15H00, une vingtaine d'entre eux déboulent, habillés de noir de la tête au pied, le visage masqué, des pierres et des cocktails Molotov déjà allumés à la main. Ils entourent par l'arrière les voitures des policiers qui ne les voient pas arriver et n'ont pas le temps de démarrer. Ils brisent les vitres à coups de pierres, jettent des cocktails Molotov à l'intérieur.

Dans la première voiture, les sièges de Vincent R., 28 ans, et Jenny D., 39 ans, s'enflamment. "Quand la policière est sortie de la voiture, elle était en train de prendre feu, et elle criait +j'ai des enfants, aidez-moi+", racontera l'un des agresseurs présumés à une amie. Il confiera "que ça lui a fait un pincement au coeur".

Vincent R. met plus de temps à s'extirper de la voiture. Il se roule par terre pour éteindre les flammes, ressent une "vive chaleur" au visage - un autre cocktail Molotov selon lui.

Dans la deuxième voiture, ses deux collègues ont réussir à sortir sans être brûlés. Sébastien P., 38 ans, se précipite pour aider Vincent R., se brûle les mains en l'aidant à retirer son polo.

- "Sauvagerie ultime" -

Sur les 19 silhouettes visibles sur une caméra de surveillance de mauvaise qualité, seuls 13 jeunes sont renvoyés devant la cour d'assises des mineurs de l'Essonne pour tentative de meurtre. Ils encourent la perpétuité. Le procès devrait se tenir à huis clos, et durer jusqu'au 6 décembre.

Ces jeunes, âgés de 16 à 21 ans à l'époque, sont des amis d'enfance. Les enquêteurs estiment qu'ils avaient prévu depuis quelques jours de "niquer des keufs". Eux nient pour la plupart avoir participé, certains reconnaissant une présence a minima. Les rares "balances" qui ont parlé se sont fait tabasser, ou ont quitté le pays.

Ce dossier "extrêmement fragile" "manque de preuves" et ne repose que sur "témoignages anonymes, des rumeurs et des revirements", dénoncent les avocats de la défense. Ils assurent aussi être "convaincus" que leurs clients, "très jeunes à l'époque", voulaient certes "en découdre", jouer "au plus fort", mais pas tuer. "Ce sont des petits cons", estime l'un d'eux. "Ils ne réalisent pas la gravité de leur geste".

Un argument "ahurissant", selon l'un des avocats des policiers, Me Laurent-Franck Liénard, pour qui ce procès est au contraire celui de la "sauvagerie ultime". "On est plus dans de la simple violence urbaine, du caillassage que l'on subit au quotidien", dit de son côté Guillaume Roux, du syndicat Unité-SGP - qui compte se constituer partie civile. "Là, on a voulu tuer du flic".

Pendant des semaines après l'attaque, des policiers "en colère" avaient bravé leur devoir de réserve et défilé pour exprimer leur malaise face à la "haine antiflics", une fronde spontanée et inédite dans la police. Les policiers, souligne Guillaume Roux, attendent aujourd'hui une "sanction exemplaire". Côté défense, on redoute au contraire l'instrumentalisation d'un dossier devenu "emblème" des violences contre les policiers.

AFP

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