Au terme d'un parcours chahuté

La dernière épreuve de la Commission von der Leyen au Parlement européen

  • Publié le 27 novembre 2019 à 07:07
  • Actualisé le 27 novembre 2019 à 07:10

La première Commission européenne présidée par une femme, l'Allemande Ursula von der Leyen, devrait, sauf surprise, obtenir le feu vert des eurodéputés mercredi, au terme d'un parcours chahuté.

Entre des candidats commissaires retoqués ? trois, un chiffre sans précédent ?, un Brexit toujours en attente et des intitulés de portefeuille polémiques, l'accouchement de l'équipe de l'ancienne ministre de la Défense d'Angela Merkel aura été laborieux.

Son entrée en fonction, qui aura lieu le 1er décembre, a dû être retardée d'un mois à cause du rejet de trois candidats, dont la Française Sylvie Goulard. La nouvelle Commission doit obtenir la majorité simple des présents lors du vote prévu aux alentours de 12H00 (11H00 GMT) après un discours de la présidente élue suivi d'un débat.

Le résultat sera une indication précieuse du soutien dont elle pourra disposer durant les cinq années de son mandat. Le Parlement lui avait accordé une majorité très courte de neuf voix en juillet. Le vote pour l'investiture ne sera pas secret, ce qui devrait favoriser la discipline au sein des groupes d'un parlement fortement renouvelé, plus fragmenté et qui a montré les dents lors des auditions des commissaires.

"Nous serons unis dans notre soutien à la Commission", a promis mardi l'Allemand Manfred Weber, chef des 182 élus du groupe du Parti Populaire Européen. Sa candidature pour la fonction a été rejetée par Emmanuel Macron, principal soutien de la nomination de Mme von der Leyen. Les 154 élus sociaux-démocrates et les 108 libéraux de Renew devraient aussi voter "à une très grande majorité" en faveur de l'investiture.

- "Pas de chèque en blanc" -

"On aura la Commission européenne la plus progressiste de ces derniers temps, la plus paritaire et elle aura parmi ses priorités des politiques qui, pour notre groupe, s'avèrent essentielles", a argumenté la socialiste espagnole Iratxe Garcia Perez. Mais des voix discordantes se sont fait entendre. Les cinq eurodéputés socialistes française s'abstiendront. "On ne signe pas de chèque en blanc", mais "on ne va pas partir en guerre non plus", a expliqué l'eurodéputé français Raphaël Glucksmann.

Ils rejoignent la position des Verts, qui devraient presque tous s'abstenir. Six mois après les élections européennes, "nous voulons que la Commission (seule à proposer des lois dans l'UE, ndlr) commence à agir", a reconnu l'Allemande Ska Keller, co-présidente du groupe des Verts.

Elle s'est aussi félicitée de la plus grande présence de femmes dans l'équipe von der Leyen: 12 contre 9 dans la Commission Juncker.
Mais "il y a énormément de choses qui ne nous conviennent pas", a expliqué l'autre co-président, le Belge Philippe Lamberts.
Au rayon des sujets qui fâchent figure la désignation comme commissaire à l'Elargissement d'un Hongrois, vu par ses détracteurs comme un soutien aux positions anti-UE du gouvernement de Viktor Orban.

La nomination du Français Thierry Breton, ancien PDG d'Atos, une société spécialisée dans les services numériques, pour l'important portefeuille du marché unique et du numérique déplait également à certains. Pour la socialiste Sylvie Guillaume, le Français a eu des réponses "insuffisantes" lors de son audition "sur les lobbyies alors qu'il a fait du lobbying sur à peu près tous les sujets de son portefeuille".

L'extrême gauche (GUE) dénonce pour sa part les "recettes libérales similaires" à la Commission précédente et votera contre, tout comme l'extrême droite.

Le nouvel exécutif européen comptera 26 commissaires plus la présidente, mais pas de représentant britannique alors que le Royaume-Uni est toujours membre de l'UE. Londres a refusé de proposer un nom avant les élections du 12 décembre.

A partir du moment où ils ont eu la possibilité de désigner un candidat, "le fait qu'il n'y ait pas de commissaire britannique n'empêche pas du tout le Parlement européen de voter", a affirmé le porte-parole de l'institution Jaume Duch Guillot.

Le premier engagement de la Commission sera un "pacte vert" ("Green Deal"), qui, face aux inquiétudes provoquées par le changement climatique, devrait être dévoilé le 11 décembre, à la veille d'un sommet européen.

AFP

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