Etats-Unis

Destitution: les démocrates retiennent deux chefs d'accusation contre Trump

  • Publié le 10 décembre 2019 à 18:39
  • Actualisé le 10 décembre 2019 à 18:58

Les démocrates ont retenu mardi deux chefs d'accusation contre Donald Trump dans la procédure de destitution qui vise le président américain: abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès.

Lorsque ces chefs seront adoptés en séance plénière, sans doute la semaine prochaine, à la Chambre des représentants où les démocrates sont majoritaires, Donald Trump deviendra le troisième président de l'histoire à être mis en accusation au Congrès américain.

Il ne sera toutefois vraisemblablement pas destitué, puisque le Sénat, chargé de le juger, est contrôlé par les républicains qui font largement bloc autour de lui. "Aujourd'hui, au nom de la Constitution et de notre pays, la commission judiciaire de la Chambre introduit deux articles de mise en accusation contre le président des Etats-Unis, Donald Trump, pour crimes et délits majeurs", a annoncé le chef démocrate de cette commission, Jerry Nadler, en citant les chefs d'abus de pouvoir et d'entrave à la bonne marche du Congrès.

"Nous sommes ici aujourd'hui car l'abus par le président de ses pouvoirs ne nous a laissé aucune autre alternative", a ajouté Adam Schiff, le chef de la commission du Renseignement, qui a mené plus de deux mois d'enquête sur l'affaire ukrainienne.

Donald Trump martèle qu'il n'a rien fait de mal et dénonce une "mascarade" montée par les démocrates parce qu'ils sont incapables, selon lui, de le battre dans les urnes.

"Mettre en accusation un président qui a prouvé à travers ses résultats, y compris en générant sans doute la plus solide économie de l'histoire de ce pays, avoir l'une des présidences les plus fructueuses de l'histoire et, plus important, qui n'a RIEN fait de mal, est de la pure folie politique", avait tweeté Donald Trump mardi, avant cette annonce.

- Pas "au-dessus des lois" -

Les démocrates ont ouvert une procédure de destitution contre Donald Trump après avoir appris qu'il avait demandé à l'Ukraine d'enquêter sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020.

L'opposition l'accuse d'avoir abusé de son pouvoir pour arriver à ses fins, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec la Russie.

"Le président a sollicité et fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle intervienne dans notre élection présidentielle de 2020, ce faisant il a porté atteinte à la sécurité nationale, a affaibli l'intégrité des élections et violé son serment au peuple américain", a affirmé M. Nadler.

Les démocrates lui reprochent également d'avoir refusé de collaborer à leur enquête, ce qui alimente le chef d'entrave à la bonne marche du Congrès. Jugeant l'enquête en destitution "inconstitutionnelle", la Maison Blanche a en effet intimé à plusieurs conseillers du président de ne pas se plier aux injonctions à comparaître et de ne pas transmettre de documents à la Chambre.

"C'est un schéma familier dans la conduite du président Trump" qui "croit ne devoir de comptes à personne", a poursuivi M. Nadler, un adversaire de longue date du magnat de l'immobilier. Mais "nous devons être clairs, personne, pas même le président, n'est au-dessus des lois". Etant donné l'état des forces dans cette enceinte, Donald Trump est quasiment assuré d'être mis en accusation, "impeachment" en anglais, sans doute avant Noël.

Avant lui, seuls les présidents Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 ont connu cet "impeachment", le républicain Nixon ayant démissionné avant le vote. Les deux avaient ensuite été acquittés au Sénat, chargé selon la Constitution de juger les présidents à une majorité des deux tiers.

Comme eux, Donald Trump devrait aussi échapper à une destitution. Les républicains restent en effet majoritaires à la chambre haute et il paraît extrêmement improbable que 20 membres du parti lâchent le président. Reste à savoir si son procès sera rapide, comme le souhaitent certains proches du président, ou si Donald Trump s'en servira comme tribune politique.

AFP

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