Antidopage

Clémence Calvin suspendue quatre ans, sa carrière entre parenthèses

  • Publié le 12 décembre 2019 à 01:08
  • Actualisé le 12 décembre 2019 à 05:43

Pas de miracle pour Clémence Calvin: l'athlète française a écopé de quatre ans de suspension dans la rocambolesque affaire du contrôle antidopage qu'elle est accusée d'avoir fui, le 27 mars à Marrakech, mais elle a immédiatement annoncé qu'elle ferait appel devant le Conseil d'Etat.

A moins d'un retournement de situation devant cette juridiction, la vice-championne d'Europe 2018 du marathon sera privée des Jeux olympiques de Tokyo et des Championnats d'Europe à Paris l'été prochain, après avoir manqué les Mondiaux-2019 de Doha.

A 29 ans, la durée de la sanction met un point d'interrogation sur sa carrière. "Ce n'est pas fini (...) j'ai confiance en une vraie justice indépendante", a déclaré Clémence Calvin à l'AFP, à qui elle a annoncé mercredi soir sa suspension. Selon elle, la commission des sanctions de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui a prononcé la sanction maximale pour ce type d'infraction, n'est "ni objective ni impartiale".

Le 20 novembre, la Française était venue plaider sa cause devant ses douze membres, lors d'une audience fleuve, à huis clos, où elle avait réitéré sa version. Calvin réfute avoir cherché à fuir un contrôle antidopage mais se dépeint comme la victime d'un étrange trio ne respectant aucune procédure. "Ils m'ont saisi par le bras ils m'ont dit +Police française, il est où Dahmani+ ?", a-t-elle raconté, accusant de violences le directeur des contrôles de l'AFLD, Damien Ressiot.

Mais les agents assermentés de l'antidopage français, dont l'un de ses préleveurs les plus expérimentés, le Dr Olivier Grondin, ont livré une toute autre version. Ce 27 mars, Clémence Calvin était bien dans le viseur de l'AFLD, qui avait ordonné une mission exceptionnelle à l'étranger pour la contrôler avant le marathon de Paris du 19 avril.

- Série noire -

Notifiée dans la rue par les agents, elle a alors demandé à se rendre à pied dans une salle de sports pour rejoindre son mari et entraîneur Samir Dahmani, afin de lui remettre son enfant. Mais une fois sur place, elle s'est échappée, aidée par son conjoint, qui a fait obstruction physiquement, selon l'AFLD. Pour cette autre infraction, Dahmani a aussi écopé de quatre ans de suspension.

Une équipe de Stade 2 avait recueilli le témoignage anonyme du gérant de la salle de sport assurant que Calvin et les contrôleurs y étaient bien passés, accréditant la version de l'AFLD. Le reportage, diffusé le 28 avril, avait été visionné lors de l'audience du 20 novembre. "Une barbouzerie", a dénoncé la marathonienne, qui soutient aussi qu'il y a des "incohérences" entre les témoignages des trois contrôleurs, même s'ils l'accusent tous d'avoir échappé au contrôle.

Malgré ses dénégations, l'affaire jette un trouble sur les performances de la Française et son passage réussi du demi-fond aux courses sur route. La médaillée d'argent au 10.000 m aux championnats d'Europe 2014 (Zurich), avait frappé un grand coup à Berlin à l'été 2018, se classant 2e du marathon pour sa première sur la distance, après une longue période d'arrêt due à la naissance de son fils en 2017 puis à des problèmes de santé.

L'affaire Calvin a inauguré une série noire pour l'athlétisme français et a mis en difficulté la fédération française (FFA) sur la question sensible de l'antidopage. L'athlétisme tricolore a été secoué par deux autres cas depuis. D'abord celui du champion d'Europe du 10.000 m (2018) Morhad Amdouni, mis en cause par un reportage de la chaîne allemande ARD, qui a révélé des échanges sur la messagerie WhatsApp où il se voit réclamer des paiements pour de l'EPO. Amdouni a fermement rejeté ces accusations.

Puis il y a eu la révélation du contrôle positif à l'EPO de la spécialiste du 3.000 m steeple Ophélie Claude-Boxberger, une affaire qui a connu un rebondissement spectaculaire avec les aveux de son beau-père, qui s'est accusé de lui avoir inoculé l'érythropoïétine à son insu, par une piqûre pendant son sommeil.

Ce dossier est d'autant plus embarrassant pour la FFA qu'elle implique son directeur médical Jean-Michel Serra, désormais sur la touche, avec qui l'athlète entretient une relation sentimentale. Or, le médecin avait été épinglé en juin pour s'être inquiété auprès de l'AFLD du nombre de contrôles subis par sa protégée.
AFP

guest
0 Commentaires