L'assaillant a tué un homme et blessé deux femmes

La justice antiterroriste se saisit de l'enquête sur l'attaque de Villejuif

  • Publié le 5 janvier 2020 à 00:06
  • Actualisé le 5 janvier 2020 à 08:39

Au lendemain de l'attaque au couteau de Villejuif, la justice antiterroriste s'est saisie de l'enquête après avoir établi la "radicalisation certaine" de l'assaillant et la "préparation organisée" de son "parcours meurtrier", qui s'est soldé par un mort et deux blessés.

"Si les troubles psychiatriques importants de l'auteur des faits sont avérés, les investigations des dernières heures ont permis d?établir une radicalisation certaine du mis en cause ainsi qu?une préparation organisée de son passage à l'acte", indique le Parquet national antiterroriste dans un communiqué annonçant sa saisine.

Selon le Pnat, l'enquête a aussi démontré "le parcours meurtrier réfléchi et sélectif" emprunté par l'assaillant, Nathan C., un jeune homme de 22 ans converti à l'islam depuis 2017 et atteint de troubles psychiatriques depuis l'enfance.

Jusqu'à présent, cette attaque au couteau menée vendredi peu avant 14H00 dans un parc de Villejuif, près de Paris, était traitée comme un crime de droit commun et les investigations étaient conduites sous l'autorité du parquet de Créteil.

L'enquête, qui se poursuit désormais notamment pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste", sera menée conjointement par la police judiciaire et le renseignement intérieur (DGSI) qui devront faire la lumière sur les motivations de l'assaillant, abattu vendredi par la police après son périple meurtrier.

- "Extrême détermination" -

Selon la procureure de Créteil Laure Beccuau, Nathan C., connu de la justice pour un simple usage de stupéfiants, a perpétré cette attaque avec une "extrême détermination" et aux cris constants "d'Allah Akbar".

Dans le parc des Hautes-Bruyères, il a d'abord épargné un premier passant après que celui-ci lui a certifié être musulman et a récité une prière en arabe, a précisé Mme Beccuau dans une conférence de presse deux heures avant la saisine du Pnat. Il s'est ensuite attaqué à un couple, blessant mortellement l'homme, âgé de 56 ans, au niveau du coeur et blessant grièvement sa femme de 47 ans. Puis il a ensuite blessé au dos une joggeuse de 30 ans. Ces deux femmes sont aujourd'hui sorties de l'hôpital.

Lors de sa conférence de presse, la procureure de Créteil avait évoqué la possibilité d'une saisine imminente de la justice antiterroriste après plusieurs découvertes faites par les enquêteurs. Sur les lieux de l'attaque, ils ont retrouvé un sac appartenant à Nathan C. et contenant notamment des ouvrages "salafistes" ainsi qu'une lettre aux accents testamentaires.

Il s'agit d'une lettre qui "peut être considérée, non pas comme une lettre d'allégeance, mais une lettre de départ, une lettre testamentaire avec des répétitions assez caractéristiques du musulman qui s'auto-flagelle et qui sait qu'il va peut-être faire le grand saut", a expliqué lors de la conférence de presse Philippe Bugeaud, directeur adjoint de la police judiciaire de Paris. Ce courrier démontre que l'acte avait été "préparé", a estimé Mme Beccuau.

Perquisitionné par les enquêteurs, le logement occupé par Nathan C. dans le XIVe arrondissement a également renforcé ces soupçons parce qu'il avait "tous les signes d'un appartement qui n'allait plus être occupé", a souligné la procureure. Comme elle l'a rappelé, l'assaillant souffrait certes de graves problèmes psychiatriques mais ces troubles ne suffisent pas, selon elle, pour écarter une motivation terroriste. "Un acte terroriste n'est pas exclu parce qu'une personne a des antécédents psychiatriques", a-t-elle observé.

Décrit par sa famille comme "brillant intellectuellement", Nathan C. faisait l'objet d'un suivi psychiatrique "depuis l'âge de 5 ans", a été hospitalisé à plusieurs reprises et était sorti d'un établissement en mai dernier avant d'arrêter son traitement en juin, a précisé Mme Beccuau. Il souffrait par ailleurs de problèmes "d'addictions à des produits stupéfiants", a-t-elle ajouté.

Les investigations devront notamment déterminer le parcours du jeune homme avant les faits et la raison pour laquelle il s'est rendu à Villejuif. "A partir du 2 janvier au matin, on ne sait pas ce qu'il devient", a relevé la procureure.

Quelques jours avant les faits, l'assaillant avait souhaité se marier religieusement avec sa compagne, elle aussi convertie, mais il avait essuyé le refus d'un imam au motif que la démarche n'avait pas été précédée d'un mariage civil, a indiqué à l'AFP la procureure, confirmant une information du Parisien.

Cette attaque s'est produite alors que la France vit sous une menace terroriste constante depuis le début en 2015 d'une vague d'attentats jihadistes qui a fait au total 255 morts.

AFP

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