Etats-Unis

Un conseiller déchu de Trump prêt à témoigner à son procès en destitution

  • Publié le 7 janvier 2020 à 03:02
  • Actualisé le 7 janvier 2020 à 07:26

Un témoin potentiellement embarrassant: l'ancien conseiller de Donald Trump à la Sécurité nationale, John Bolton, s'est dit lundi prêt à être interrogé lors du procès en destitution du président américain, à condition d'être formellement convoqué par le Sénat.

Cette annonce renforce la pression sur les élus républicains de la chambre haute du Congrès, dont le chef Mitch McConnell refuse d'accéder aux demandes de l'opposition démocrate désireuse d'entendre quatre hauts conseillers de Donald Trump. Le bras de fer entre les deux camps paralyse la procédure depuis la mise en accusation historique, le 18 décembre par la majorité démocrate de la Chambre des représentants, du milliardaire républicain pour "abus de pouvoir" et "entrave à la bonne marche du Congrès".

Tant qu'elle n'a pas obtenu gain de cause, la chef démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, refuse de transmettre l'acte d'accusation au Sénat, une démarche nécessaire pour ouvrir le procès du président, le troisième seulement dans toute l'histoire des Etats-Unis. Or Mitch McConnell ne fait pas mystère de son intention d'obtenir au plus vite l'acquittement de Donald Trump au Sénat, contrôlé par les républicains. "La mascarade de l'impeachment (...) doit finir vite", a également tweeté lundi le tempétueux président.

Conscients que leurs chances d'obtenir sa destitution sont quasi nulles, les démocrates espèrent toutefois convaincre les Américains qu'il a bien abusé de son pouvoir en demandant à l'Ukraine d'enquêter sur Joe Biden, son rival potentiel à la présidentielle de novembre.

- Quatre républicains -

Les démocrates misent sur quatre témoins dont John Bolton, limogé le 10 septembre 2019 en raison de désaccords avec Donald Trump. L'ancien conseiller pourrait, selon eux, apporter des informations sur les pressions exercées par la Maison Blanche sur l'Ukraine, notamment sur le gel d'une aide militaire de près de 400 millions de dollars.

La présidence a jusqu'ici interdit à ses conseillers de coopérer à l'enquête en destitution. John Bolton avait initialement fait savoir qu'il attendrait que la justice se prononce sur ce conflit entre les pouvoirs exécutif et législatif avant de répondre à toute injonction. Mais la semaine dernière, un tribunal, saisi par un de ses anciens collaborateurs, a refermé le dossier sans trancher. "En conséquence, alors que mon témoignage est à nouveau en question, j'ai décidé de résoudre cette question de mon mieux", a-t-il écrit lundi dans un communiqué: "si le Sénat adoptait une injonction pour obtenir mon témoignage, je serais prêt à témoigner."

Il faudrait 51 voix sur 100 sénateurs pour que John Bolton soit convoqué, mais les démocrates et leurs alliés ne sont que 47. "Il revient désormais à quatre sénateurs républicains de soutenir la convocation de M. Bolton et trois autres témoins (...) pour être sûr d'avoir toutes les preuves à l'ouverture du procès", a calculé le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer.

Le sénateur Mitt Romney, une des rares voix critiques du président chez les républicains, pourrait faire défection. "J'aimerais être capable d'entendre John Bolton", a-t-il déclaré à la presse. "Il a des informations de première main que j'aimerais connaître."

- "Frivole" -

"Le président et le sénateur McConnell n'ont plus d'excuses, ils doivent laisser ces témoins être entendus", a commenté Nancy Pelosi après l'annonce de John Bolton. "Le Sénat ne peut pas être complice des la tentative du président d'étouffer" l'affaire ukrainienne, a-t-elle encore tweeté.

Son appel s'est heurté à un mur. Mitch McConnell a redit que la question des témoins devait être réglée une fois le procès ouvert et non en amont, comme en 1999 quand le démocrate Bill Clinton a été jugé pour avoir menti sur sa liaison avec une stagiaire de la Maison Blanche Monica Lewinsky. "Si c'était assez bon pour le président Clinton, ça doit l'être pour le président Trump", a-t-il ajouté. "A cette heure dangereuse, les démocrates de la Chambre continuent leurs jeux politiques avec cette procédure en destitution partisane contre le commandant en chef", a-t-il critiqué, en citant les "tensions croissantes au Moyen-Orient" suite au raid américain qui a tué à Bagdad le général iranien Qassem Soleimani.

AFP

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