Mort après un contrôle routier

Une asphyxie à l'origine du décès du livreur interpellé à Paris

  • Publié le 7 janvier 2020 à 22:51
  • Actualisé le 8 janvier 2020 à 05:52

Le livreur mort à Paris après un contrôle routier a été victime d'une asphyxie avec fracture du larynx lors de son interpellation, selon les premiers résultats de l'autopsie mardi dont le ministre de l'Intérieur reconnaît qu'elles "soulèvent des questions légitimes", les avocats de la famille dénonçant une "bavure policière".

Cédric Chouviat, 42 ans, avait été victime d'un malaise cardiaque vendredi matin, aux abords de la Tour Eiffel, après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par trois policiers, peu après un contrôle tendu, motivé selon une source policière par un usage du téléphone en conduisant son scooter. Il s'était montré "agressif" avant de proférer des insultes, avait ajouté la source.

Transporté dans un état critique à l'hôpital, il est mort dimanche à 03H30, selon le parquet de Paris. "Les premiers éléments communiqués au parquet par les médecins légistes" font "état d'une +manifestation asphyxique avec une fracture du larynx+", a précisé le parquet dans un communiqué. Il ajoute que les experts relèvent aussi "un état antérieur cardiovasculaire" chez la victime, sans plus de précisions, dans l'attente d'investigations médico-légales complémentaires.

Au vu de ces éléments, le parquet, qui avait diligenté dimanche une enquête en "recherche des causes de la mort", a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour "homicide involontaire".
Tout en évoquant "le soulagement de la famille de pouvoir avoir accès à un juge indépendant et ainsi pouvoir participer à l?enquête", ses avocats ont toutefois regretté cette qualification délictuelle choisie par le parquet.

"La famille demandera au magistrat instructeur de restituer la seule qualification des faits qui s'impose soit celle de violences volontaires ayant entraîné la mort", un crime passible des assises, ont déclaré Mes Arié Alimi, William Bourdon et Vincent Brengarth dans un communiqué. Affirmant faire "confiance à la justice et aux enquêteurs pour faire la lumière sur les circonstances exactes du décès", le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a déclaré à l'AFP que ces résultats d'autopsie "soulèvent des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence". De son côté, le préfet de police Didier Lallement a tenu à rappeller "que la présomption d'innocence est une garantie démocratique qui vaut pour tous, y compris les policiers".

- "Clé d'étranglement" -

Mardi matin, les avocats de la famille ont dévoilé à la presse des vidéos de la scène obtenues après un appel à témoignages. Une première captation montre le livreur tournant nerveusement autour des policiers en les filmant. Une autre le montre ensuite à plat ventre se débattant, toujours casqué, sous le poids de trois policiers, puis inerte sur d'autres images.

Les vidéos ne montrent pas sa chute mais "deux témoins indiquent qu'il a subi une clé d'étranglement", a déclaré Me Arié Alimi. "Il n'y aucun doute sur le fait que les modalités d'interpellation - la clé, le plaquage ventral, l'étouffement - étaient inappropriées et hors de proportion", a déclaré Me Bourdon, fustigeant une "culture de l'impunité et du déni qui encourage et déresponsabilise les policiers". "Il est malheureux que le parquet fasse état, dans des termes peu compréhensibles, d'un état cardiovasculaire antérieur, s'agissant d'une hypertension qui n'a aucun lien avec les causes de la mort, afin de créer une forme de doute dans l'esprit du public", a par ailleurs dénoncé Me Alimi.

- "Paix et justice" -

"En tant que croyant, on accepte sa perte. Mais après il y a des circonstances (...) et des faux témoignages", a déclaré sa femme, Doria Chouviat, appelant à ne pas généraliser les griefs contre les policiers. "L'histoire elle peut se répéter demain, c'est une histoire banale (...) mon mari avait bon c?ur, il était un peu gueulard (...) mais est-ce qu'il mérite ce qui lui est arrivé ?", a-t-elle ajouté lors de cette conférence de presse.

"Notre famille prône la paix mais aussi la justice", a déclaré l'une de ses filles, Sofia, ajoutant: "J'aimerais juste que les mensonges cessent". "Aujourd'hui il y a cinq orphelins qui vont me poser des questions: je leur dis quoi ?", a déclaré le père de la victime, qui employait son fils. "Je ne suis pas antipolicier, mais on n'a pas le droit de tuer un père de famille, un travailleur, été comme hiver, qu'il pleuve, qu'il neige".

AFP

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2 Commentaires
MÃ'véLang
MÃ'véLang
4 ans

Oui, mais le macron castaner a lgarantie l'impunité à ses miliciens, normal qu'ils en profitent.

Joseph
Joseph
4 ans

Moi quand on me prend en défaut, je ferme ma gueule, et j'obtempère. Voilà ce qui peut arriver quand on veut jouer les caïds, et à présent, 5 enfants n'ont plus de père.Navrant comme "aventure", et ce pour tout le monde.