Patrimoine

Le canot de l'Empereur se dévoile aux Capucins à Brest

  • Publié le 23 janvier 2020 à 00:32
  • Actualisé le 23 janvier 2020 à 02:40

Le canot de Napoléon 1er, joyau du patrimoine français, a été dévoilé au public mercredi à Brest, après avoir passé seize mois dans un caisson protecteur.

Il retrouve ainsi son port d'attache, 77 ans après sa mise à l'abri à Paris. "Il est en bon état!" s'est félicité l'amiral Vincent Campredon, directeur du musée national de la Marine, en retirant la dernière bâche recouvrant l'embarcation de près de 19 m de long et vieille de 210 ans. "C'est la plus belle pièce de la collection du musée de la Marine", a-t-il assuré, expliquant qu'il y avait jusqu'au 19e siècle des canots d'apparat dans tous les ports de France mais aussi à l'étranger. "Il en reste un seul", a-t-il noté, en référence au canot construit en 1810.

L'embarcation a été dévoilée au public au sein des ateliers des Capucins, lieu emblématique de l'histoire maritime de la cité portuaire et nouveau lieu de culture et de vie de la ville. Depuis 1943 et jusqu'à son transfert à Brest, en octobre 2018, le canot se trouvait à Paris. "Il était promis que le canot revienne à Brest, son port d'attache", a expliqué l'amiral Campredon, assurant que "toute son histoire était ici".

Après être resté seize mois enfermé dans un caisson rigide afin de le préserver de la lumière et permettre son acclimatation à la température et l'hygrométrie du site, l'oeuvre a été libérée de son coffrage, tout en demeurant sur son châssis de transport, qui sera partiellement démonté au cours des prochains jours. Elle sera installée le 5 février sur son ber définitif, sur la place des Machines, un espace libre d'accès de 1.000 mètres carrés sur trois niveaux.

Les ateliers des Capucins, d'immenses bâtiments situés au c?ur de la ville et qui hébergeaient autrefois les ateliers de mécanique de l'Arsenal, sont le plus grand espace public couvert en Europe.

- Pour une visite à Anvers en 1810 -

La construction du canot avait été lancée dans le plus grand secret au printemps 1810, lorsque l'Empereur avait décidé de se rendre à Anvers visiter l'arsenal dont il avait ordonné la création quelques années plus tôt.

Le 30 avril 1810, l'embarcation, avec à son bord Napoléon et la jeune impératrice Marie-Louise, avait fait une entrée remarquée dans Anvers. Pendant plusieurs jours, le canot avait assuré les déplacements de l'Empereur dans la cité portuaire.

En 1814, au moment de la chute de l'Empire, Louis XVIII avait fait transférer le canot à Brest. Son ornementation avait été complétée tout en restant sobre, avec un aigle à la proue. Avant la visite à Brest en 1858 de Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, sa décoration avait à nouveau été modifiée. Les éléments sculptés actuels datent de cette époque, notamment la figure de proue représentant Neptune, le groupe arrière avec les armes impériales et la grande couronne soutenue par quatre angelots et surmontée d'une croix, qui a dû être retirée dans le transport.

Pour mettre le canot à l'abri des bombardements, il avait été transféré en 1943 à Paris. "Le canot était (...) en train de pourrir et les bombardements ont fait que l'occupant allemand a décidé de l'envoyer à Paris", a expliqué le maire de la cité du Ponant, François Cuillandre, se disant "très heureux d'accueillir" à nouveau l'embarcation impériale.

Le canot, qui, du fait de sa taille, n'avait pu être installé qu'en 1945 dans une des ailes du Palais Chaillot, où est situé le musée national de la Marine, doit encore être restauré. Les travaux devraient prendre fin en mai, juste avant les Fêtes maritimes qui se tiendront du 10 au 16 juillet à Brest.

AFP

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