Grande-Bretagne

A la veille du Brexit, Pompeo fait miroiter à Londres les bienfaits d'un rapprochement

  • Publié le 30 janvier 2020 à 17:37
  • Actualisé le 30 janvier 2020 à 19:46

A la veille du grand saut britannique hors de l'Union européenne, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a fait miroiter à Londres jeudi les "énormes bénéfices" d'un rapprochement post-Brexit, relativisant les divergences actuelles entre les alliés historiques.

"Nous voulons faire passer le Royaume-Uni en tête de liste", a assuré le secrétaire d'Etat lors d'une rencontre avec son homologue britannique Dominic Raab, avant d'être reçu dans la journée par le Premier ministre Boris Johnson.

Le Royaume-Uni "va pouvoir faire les choses différemment. Je pense que c'est fantastique pour les Etats-Unis, c'est fantastique pour le Royaume-Uni", a-t-il expliqué. "Quand on regardera cette journée et cette année dans le rétroviseur dans cinq ou dix ans, on verra les bénéfices énormes pour nos deux pays".

Le compte à rebours a commencé avant la séparation historique, qui sera marquée officiellement vendredi à 23H00 locales et GMT après trois ans et demi de crise provoquée par le référendum de 2016.

Pour le Royaume-Uni s'ouvre une période délicate pour reconstruire des relations, commerciales notamment, avec le bloc des 27 mais aussi les autres grandes puissances, Etats-Unis en tête.

Le président Donald Trump, qui soutient avec enthousiasme le Brexit, a fait miroiter un accord commercial bilatéral "magnifique".

Cette tâche herculéenne, dont Londres a fait un symbole de sa liberté retrouvée, est cependant compliquée par une série de désaccords qui se sont accumulés ces derniers temps.

- "Menace chinoise" -

Le secrétaire d'Etat, assurant qu'il aurait préféré venir le jour J du Brexit mais que les autorités britanniques étaient trop "occupées", est donc venu à Londres déminer le terrain.

"Ce sont les meilleurs amis qu'on peut appeler pour demander: mais qu'est-ce que tu fais?" a-t-il affirmé. "Ce n'est pas parce que Dom m'appelle pour me dire telle ou telle chose que la relation est menacée".

"Ce sont avec les amis les plus proches qu'on a les conversations les plus franches", a renchéri Dominic Raab. "L'océan des sujets sur lesquels nous sommes d'accord est bien plus important que les désaccords occasionnels".

Parmi ces points de discorde figure notamment l'accès de Huawei au réseau 5G britannique, accordé mardi par Londres malgré les mises en garde de Washington, qui juge l'équipementier trop proche du gouvernement chinois et pointe du doigt des risques d'espionnage. "Le Parti communiste chinois représente la principale menace de notre époque", a insisté Mike Pompeo.

D'autres sujets ont créé des tensions, comme le projet britannique de taxe sur les géants du numérique, des divergences de vues sur le dossier nucléaire iranien, ou la volonté de Londres de faire extrader une femme de diplomate américain impliquée dans un accident mortel en Angleterre.

A l'approche du Brexit, Boris Johnson s'est livré ces derniers temps à un jeu d'équilibriste pour ménager Américains et Européens sur les grands dossiers internationaux. Le Royaume-Uni a été ainsi l'un des seuls pays à accueillir positivement le plan pour le Proche-Orient annoncé par Donald Trump.

- "Espoir et opportunité" -

La sortie de l'Union européenne mettra fin à 47 ans de mariage tourmenté. "C'est un moment extraordinaire pour notre pays, un moment d'espoir et d'opportunité", a déclaré Boris Johnson, farouche partisan du Brexit, dans une vidéo postée sur Twitter.

Concrètement, pas grand chose ne changera vendredi puisque les règles communautaires continueront de s'appliquer sur le sol britannique jusqu'à la fin de l'année.

Londres assure pouvoir conclure un accord de libre-échange avec l'Union européenne pendant cette période de transition, mais la Commission a déjà prévenu que ce délai serait trop court pour s'accorder sur tous les sujets.

En attendant cette nouvelle phase, les eurodéputés britanniques ont fait mercredi leurs adieux après la ratification du Brexit par le Parlement européen. Des élus ont entonné "Ce n'est qu'un au revoir", certains brandissant des écharpes aux couleurs des drapeaux britannique et européen.

Les pro-Brexit, le populiste Nigel Farage en tête, s'apprêtent, eux, à laisser éclater leur joie vendredi soir devant le parlement à Londres.

Boris Johnson, qui doit d'adresser à la nation vendredi à 22H00 GMT, a affirmé qu'il célébrerait l?événement "d'une manière respectueuse et qui fasse honneur à l'exploit incroyable que le Royaume-Uni a accompli mais aussi en étant attentifs aux sentiments de chacun", dans un pays toujours très divisé sur le sujet.

AFP

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